Tesla a commencé à tester l’ouverture de ses Superchargeurs, les stations de charge du constructeur, à tous les véhicules électriques. C’était une promesse de longue date d’Elon Musk et on en avait vu les prémices en juin dernier avec l’annonce de l’ouverture de quelques stations norvégiennes, mais c’est finalement aux Pays-Bas que les dix premiers Superchargeurs se sont ouverts aux marques concurrentes.
L’ouverture a été annoncée par Tesla hier, sous la forme d’une expérimentation uniquement à ce stade. C’est pourquoi cela ne concerne qu’une petite partie des stations de charge installées par l’entreprise aux Pays-Bas, et uniquement pour les résidents. Le réseau de Superchargeurs est particulièrement dense dans cette région européenne et en choisissant de n’ouvrir que dix stations, Tesla joue la carte de la prudence. C’est suffisant toutefois pour comprendre la logique de cette ouverture.
Comme on l’imaginait, les bornes ne vont pas être modifiées pour installer des terminaux de paiement ou d’écran de contrôle. Tout se fait via l’app mobile du constructeur, la même qui sert aux propriétaires de Tesla à contrôler leur véhicule à distance. Les conducteurs intéressés devront créer un compte et renseigner un moyen de paiement directement dans l’app. Quand ils voudront charger, ils devront ouvrir l’app qui les géolocalisera au Superchargeur, puis sélectionner manuellement le numéro de la borne et lancer la charge depuis l’app.
Le processus est différent de ce que les réseaux publics de charge, à l’image d’Ionity, ont mis en place. Le plus souvent, la charge doit être activée directement sur la borne, en s’identifiant avec une carte RFID obtenue au préalable. La charge est contrôlée et supervisée depuis un écran installé sur la borne. Ces solutions ont été inspirées par les pompes à essence et elles permettent à n’importe qui de charger sa voiture à condition d’avoir l’une des cartes compatibles, sans smartphone ni compte spécifique à créer. Mais la solution de Tesla est nettement plus simple à l’usage et même si ce ne sera pas autant le cas pour les autres véhicules, elle devrait rester simplifiée par rapport aux réseaux concurrents.
Tesla ne s’est pas contenté d’apporter sa simplicité, le constructeur prévoit manifestement de casser les prix. C’était l’un des avantages historiques des Superchargeurs, d’abord gratuits, puis proposés à un prix réduit, même s’il a augmenté récemment. Face à Ionity et ses 0,79 € par kWh1, le constructeur américain facture entre 0,57 et 0,62 € par kWh selon la station, mais propose surtout un abonnement supplémentaire pour payer le « prix Tesla ». Pour 13 € par mois sans engagement, les conducteurs paieront moins de trente centimes le kWh aux Pays-Bas, un tarif hyper compétitif.
Reste une dernière question à régler, plus épineuse que les autres : les Superchargeurs sont optimisés pour les voitures de Tesla, qui disposent toutes de leur port de charge à l’arrière et à gauche. Le câble associé à chaque borne est très court puisqu’il a été pensé pour ce cas unique, mais les autres constructeurs automobiles ont fait des choix souvent différents. Selon les cas, le câble peut être derrière, mais à droite ou même devant la voiture, au centre de la calandre. Autant de situations où le câble ne sera pas assez long.
Pour le moment, Tesla se contente d’un message signalant aux automobilistes qu’il est interdit d’occuper plus d’une place à la fois si la longueur ne suffit pas. Une bonne note d’intention, mais qui va être difficile à mettre en œuvre en pratique. Une station de huit bornes pourrait être saturée par deux fois moins de voitures, sans que l’information ne soit visible pour les autres conducteurs puisque quatre bornes seulement seraient actives. Sans même parler de longueur de câbles, d’autres problèmes peuvent se poser, comme ce premier conducteur hollandais a pu le vérifier avec sa voiture.
C’est aussi pour cette raison que Tesla commence par une expérimentation à petite échelle. Mais ne vous y trompez pas, ce n’est pas une expérience qui va rapidement disparaître sous un coin de tapis. On pourrait être difficilement plus clair que ce message écrit sur la page du site du constructeur dédiée à l’ouverture :
Notre ambition a toujours été d’ouvrir le réseau de Superchargeurs à des véhicules électriques non-Tesla et ainsi encourager plus de conducteurs à passer à l’électrique. Ce changement va dans le sens de notre mission qui est d’accélérer la transition du monde à l’énergie durable.
Au-delà du message environnemental, cette ouverture est aussi logique d’un point de vue financier. Pour Tesla, c’est une source de revenus supplémentaires, d’autant que le marché des voitures électriques d’autres marques est immense et que le réseau de Superchargeurs est d’ores et déjà le plus grand en Europe. Cette nouvelle offre pourrait ainsi s’avérer vite populaire, surtout si elle est étendue à toutes les stations européennes comme c’est certainement le plan.
Pour éviter les saturations trop fréquentes, le constructeur devra sans doute agrandir encore son réseau de Superchargeurs. C’est une inquiétude fréquente des conducteurs de Tesla face à cette ouverture, mais il faut rappeler que ce réseau de charge n’est pas seulement le plus grand en Europe, c’est aussi celui qui grandit le plus rapidement. Rien qu’en France, douze stations supplémentaires ont été créées depuis le début de l’année et pas moins de 24 emplacements supplémentaires sont prévus sur le territoire jusqu’en 2023.
À partir du moment où Tesla peut augmenter ses revenus en ajoutant des bornes de charge et en ouvrant de nouvelles stations de Superchargeurs, vous pouvez compter sur l’entreprise pour le faire…
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Aux Pays-Bas, en France c’est 0,79 € par minute, comme chez tous les réseaux de charge sauf celui de Tesla pour une obscure raison légale. On verra d’ailleurs si l’ouverture des Superchargeurs se fera selon les mêmes modalités dans le pays. ↩︎