Comme promis depuis plusieurs mois par Elon Musk, Tesla a enfin activé le bouton qui permet à tout conducteur américain de demander un accès à la bêta de la conduite entièrement autonome, ou FSD pour « Full Self Driving ». Pour rappel, l’entreprise travaille depuis près d’un an sur la toute nouvelle version de son Autopilot, capable de conduire ses voitures sans intervention humaine — mais sous la supervision constante du conducteur — partout, y compris en ville.
Les premiers essais publics de cette bêta remontent à l’automne 2020 et Elon Musk ne cesse d’annoncer son élargissement au fil des mois depuis. Encore réservée à une poignée de testeurs aux États-Unis, la bêta du FSD peut désormais être demandée par n’importe quel conducteur d’une voiture compatible, c’est-à-dire un véhicule sorti à partir de 2016 à quelques exceptions près. Demander, c’est une chose, mais l’obtenir en est une autre. D’une part, seuls ceux qui ont payé l’option FSD1, vendue actuellement 10 000 $ ou à l’abonnement à 200 $ par mois, peuvent espérer bêta-tester cette nouvelle version de la conduite autonome.
D’autre part, seuls les conducteurs responsables pourront accéder à la bêta. Tous ceux qui choisissent de cliquer sur le bouton affiché sur l’écran de leur Tesla acceptent de se faire noter sur 100, selon le Safety Score mis en place par l’entreprise. Lui aussi qualifié de bêta, ce score évalue le comportement du conducteur selon cinq critères pour obtenir une note, entre 0 pour les pires comportements et 100 pour les conducteurs les plus sûrs.
Les cinq critères listés par Tesla sont :
- le nombre d’alertes de collision frontale sur 1 500 km ;
- le nombre de freinages brutaux, définis comme un freinage de plus de 0,3g, c’est-à-dire l’équivalent de 11 km/h de baisse de vitesse par seconde ;
- le nombre de virages rapides, définis comme une force latérale d’au moins 0,4g ;
- le respect de la distance de sécurité, mesurée en temps nécessaire pour s’arrêter sans emboutir la voiture devant vous ;
- la désactivation de l’autopilote si le conducteur ne garde pas ses mains sur le volant.
Une formule mathématique est appliquée à chaque critère pour les pondérer selon leur importance et offrir un score total. Les conducteurs qui obtiennent un score de 100 n’ont jamais eu d’alerte de collision frontale, n’ont jamais freiné brutalement ni pris un virage trop rapidement, ils ont toujours respecté les distances de sécurité et n’ont jamais conduit l’autopilot à se désactiver de force. Ce score est mesuré pour chaque journée avec au minimum un trajet, mais la valeur signalée par l’app est une moyenne sur trente jours qui tient compte de la distance parcourue.
Ce nouveau score sert à déterminer qui pourra accéder à la bêta du FSD, mais si son calcul est expliqué de façon transparente, les règles d’accès sont quant à elles obscures. Elon Musk a indiqué que le score sur sept jours doit être suffisamment bon pour pouvoir prétendre à la bêta, sans donner le chiffre à atteindre. Est-ce 80/100, le seuil indiqué sur la page d’explications comme étant celui de la majorité des conducteurs ? En ne s’engageant sur aucune valeur, l’entreprise garde la main et peut sélectionner qui elle veut sans avoir de comptes à rendre.
D’ailleurs, ce bouton pour participer à la bêta va lui permettre de collecter une quantité impressionnante d’informations sur ses clients. Les voitures Tesla sont toujours connectées et de multiples données remontent vers les serveurs du constructeur, mais elles ne sont pas exploitées… sauf pour tous ceux qui voudront accéder à la bêta. Et puisque les critères d’admission ne sont pas connus, Tesla pourra collecter ces données sans rien offrir en retour.
Pour le moment, ces fonctions ne concernent que les États-Unis. En Europe, l’autopilot Tesla est limité par la réglementation actuelle et nettement plus rudimentaire, si bien que le FSD bêta ne pourrait pas y être proposé, même si cela n’empêche pas le constructeur de mener des essais sur le continent. De la même manière, ce score de conduite n’est calculé que pour les conducteurs américains, il n’est pas utilisé en Europe.
Mise à jour le 28/09/2021 09:20 : Elon Musk a précisé les modalités sur Twitter, en indiquant que les premiers jours, seuls les conducteurs avec un score parfait de 100 points auront accès à la bêta. Le déploiement commencera si tout va bien avec la bêta 10.2 prévue en fin de semaine prochaine. À partir de là, l’entreprise prévoit d’ajouter environ un millier de bêta-testeurs par jour, avec le score de conduite comme ordre de priorité.
Autre point qui a été précisé par le patron de Tesla récemment : ce score de conduite devrait servir dans le cadre des assurances que l’entreprise devrait proposer à partir du mois prochain au Texas. C’est une autre vieille promesse d’Elon Musk, constamment retardée, qui pourrait enfin être concrétisée, sachant que les prix des assurances sont très élevés aux États-Unis pour les propriétaires de véhicules de la marque.
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Le FSD existe déjà dans les voitures Tesla, mais la version « stable » est limitée aux autoroutes et routes hors des villes. La bêta se concentre sur la conduite autonome en ville, même si elle doit l’améliorer partout et aussi sur les autoroutes. ↩︎