Le groupe Volkswagen, numéro un ou deux mondial selon les années, se prépare à basculer dans une nouvelle ère, électrifiée et informatisée. Le Dieselgate a agi comme un électrochoc sur l’entreprise allemande, qui a mis en place une stratégie ambitieuse pour produire des véhicules électriques et modernes. Son directeur général, Herbert Diess, a été très clair : il faut évoluer, sous peine de disparaître.
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On pourrait croire que le plus important dans cette stratégie est le passage à l’électrique, mais c’est en fait le logiciel. Volkswagen a bien compris que c’était l’élément clé pour se distinguer, produire une voiture électrique étant bien plus simple qu’une thermique comme le prouve bien la multiplication des acteurs dans ce domaine. C’est le logiciel, qui contrôle les batteries et moteurs électriques, qui offre des capacités de conduite automatisée et qui sert d’interface entre la machine et l’humain, ce qui est le point le plus important… et sans doute aussi le plus difficile.
L’entreprise a pu en faire l’expérience avec des débuts compliqués pour le logiciel de l’ID.3, sa première voiture entièrement électrique. Conçu comme un ordinateur sur roues à l’image de ce que propose Tesla, ce modèle a nécessité une installation manuelle en sortie d’usine, puisque le logiciel n’a pas été terminé à temps. Une opération lourde, qui n’était que temporaire, fort heureusement, mais les premiers clients se sont aussi plaints de multiples bugs, tandis qu’il manquait une partie des fonctions promises.
Pour ne rien arranger, les mises à jour distantes promises initialement par Volkswagen n’étaient pas encore disponibles, mais c’est un problème qui est désormais en passe d’être réglé. La firme de Wolfsburg a publié un communiqué de presse pour annoncer la sortie de la première mise à jour « over-the-air » (OTA), c’est-à-dire qui sera téléchargée via la connexion cellulaire intégrée et installée directement par la voiture. Elle devrait sortir d’ici la fin du mois, d’abord pour ses clients « First Movers Club », les premiers à avoir commandé une ID.3.
À terme, c’est toute la gamme « ID » qui recevra des mises à jour régulières, Volkswagen promet même une nouvelle version par trimestre. Sur le principe, cela ressemble à ce que Tesla a toujours proposé : l’écran intégré affichera une notification quand une mise à jour sera disponible et prête à l’installation. Pendant la procédure qui peut durer plus de dix minutes, la voiture ne pourra pas être utilisée. Et comme chez son concurrent californien, toutes les fonctions du véhicule peuvent être mises à jour par ce biais, dont celles qui impliquent la conduite.
À défaut d’une liste de nouveautés précises, Volkswagen évoque pour cette première mise à jour « de nombreux perfectionnements fonctionnels, parmi lesquels l’enrichissement des fonctionnalités ID. Light, l’optimisation de la reconnaissance de l’environnement et de la commande dynamique des feux de route, une amélioration de l’opérabilité, une modification de la conception du système d’infodivertissement, ainsi qu’une progression des performances et de la stabilité ». Le plus important est de voir que tous les composants peuvent évoluer, et pas seulement l’interface de l’écran principal ou les données de cartographie, comme d’autres constructeurs se contentent de le faire.
C’est une première pour un acteur aussi grand que l’est Volkswagen et il faudra vérifier si les mises à jour OTA se déroulent aussi bien que chez Tesla. Le groupe allemand a en tout cas encore du travail à faire en dehors de la gamme ID qui reste limitée en volume, comme le prouve le contre-exemple de Porsche. La Taycan peut elle aussi être mise à jour et en théorie, elle devrait pouvoir le faire à distance. Mais jusque-là, toutes les mises à jour ont nécessité un passage en concession et c’est encore le cas aujourd’hui.
Porsche a en effet initié un rappel massif pour environ 43 000 Taycan suite à un bug logiciel. Dans certains cas, l’ordinateur de bord peut dégrader les performances du ou des moteurs par erreur, un bug qu’une simple mise à jour suffira à corriger. Mais comme l’entreprise n’est toujours pas capable de diffuser cette version par internet, elle doit organiser un rappel complexe et coûteux.
L’enjeu des mises à jour distantes est plus important qu’on pourrait le croire. Il ne s’agit pas seulement de corriger des bugs à distance pour éviter un rappel massif, comme dans le cas de Porsche. Volkswagen a bien compris qu’elle pouvait exploiter cette nouvelle configuration en guise de source de revenus supplémentaires, suivant à nouveau ce que fait Tesla. De plus en plus, ses voitures seront toutes construites avec les mêmes composants, mais des fonctions pourront être activées à la demande par la suite.
On sait notamment que l’entreprise prévoit un abonnement pour la conduite autonome, mais il pourrait aussi s’agir de fonctions matérielles inactives par défaut. D’autres fonctions pourraient aussi être activées pour tout le monde, grâce à une mise à jour gratuite. Les voitures resteront ainsi toujours à jour, ce qui leur évitera de perdre leur valeur aussi vite que dans l’ancien monde, où le véhicule ne bougeait plus une fois sorti de l’usine.
De belles promesses, reste maintenant à les concrétiser avec des mises à jour diffusées sans encombre…
