Tesla comptait sur l’usine en construction actuellement dans la grande banlieue de Berlin pour produire le Model Y destiné à l’Europe. Mais cette nouvelle « Gigafactory » qui devait ouvrir fin 2021 a pris du retard, notamment à cause de ralentissements administratifs et elle n’a toujours pas obtenu les permis indispensables au démarrage de son activité. Peut-être que le constructeur automobile spécialisé dans l’électrique pourra commencer à y produire des Model Y avant 2022, mais il a changé son fusil d’épaule pour livrer son SUV.
Les variantes européennes du site de Tesla ont été mises à jour pour annoncer la disponibilité des premières Model Y grande autonomie pour le mois de septembre. L’entreprise compte même livrer les premiers clients qui avaient précommandé un modèle dès le mois d’août. Une avance de plusieurs mois qui s’explique par un changement d’origine : ces voitures viendront de Chine, où l’usine Tesla de Shanghai assemble des Model 3 et des Model Y depuis plusieurs mois.
Ce n’est pas la première fois que Tesla livre l’Europe avec des voitures assemblées en Chine. C’est aussi le cas de la Model 3 d’entrée de gamme, avec des premières livraisons à l’automne 2020 et de façon systématique depuis le deuxième trimestre 2021. Ces voitures intègrent une batterie LFP, une technologie qui a le plus de succès en Chine et que Tesla a choisie pour tous ses véhicules d’entrée de gamme.
Ce n’est pas le cas de la Model Y grande autonomie, qui est le milieu de gamme juste en dessous de la version performance. Sur ce SUV qui dépasse les 500 km théoriques d’autonomie, la technologie LFP ne conviendrait pas en raison de sa faible densité et c’est une batterie similaire aux versions américaines qui sera fournie. Malgré tout, s’il n’y a strictement aucune différence esthétique entre une Tesla fabriquée à Fremont en Californie et une qui vient de Shanghai, il y a des différences sous le capot qui peuvent être significatives.
Dans le cas de la Model Y, on sait que l’usine de Berlin devait inaugurer plusieurs innovations, que ce soit sur la conception générale de la Model Y avec une structure monobloc, la batterie avec une nouvelle génération de cellules, ou encore la peinture, point qui n’a jamais été le fort de Tesla jusque-là. Autant d’innovations dont les Model Y chinoises ne bénéficieront pas, sans que ce soit mis en avant, le constructeur n’entrant jamais dans ce genre de détails techniques.
C’est peut-être pour cette raison toutefois que le prix demandé a légèrement baissé, la Model Y sans option étant affichée en France à 59 990 €, soit 57 990 € bonus écologique déduit. C’est 3 000 € de moins que le tarif initial annoncé en France et cela place ce SUV à 7 000 € de plus que la berline dont il est dérivé, la Model 3 grande autonomie. À propos de Model 3, on peut noter que le choix d’avancer la sortie des Model Y s’est fait au détriment de ce modèle, qui ne devrait plus être livré du tout en France avant le mois de novembre.
Alors que Tesla a explosé tous les records ces derniers mois, vendant par exemple plus de 13 000 véhicules — dont l’écrasante majorité de Model 3 — sur le premier semestre en France, le constructeur semble prêt à faire nettement moins de ventes sur tout un trimestre. Comme souvent avec l’entreprise, le changement s’est fait à l’insu des clients qui ont commandé des voitures et appris du jour au lendemain que la date de livraison allait être décalée de l’été à l’automne 2021. Tesla n’est décidément pas un constructeur automobile comme les autres…
Notons pour finir que le changement de calendrier ne concerne que la Model Y grande autonomie, le modèle performance est toujours prévu pour début 2022, ce qui veut dire que Tesla compte encore sur son usine berlinoise. Quant à la version de base « Standard Range » promise par le constructeur lors de la présentation de la voiture, il a été plus ou moins annulé pour cause d’autonomie jugée trop faible. Pour l’heure, le ticket d’entrée est donc bloqué juste sous la barre des 60 000 € en France.