Alors que tous les constructeurs automobiles multiplient les équipements connectés dans leurs véhicules et les modèles électriques, un goulot d'étranglement menace la hausse de la production. Les voitures aujourd'hui sont moins des automobiles que des ordinateurs sur roue — et encore plus avec l'électrification —, et qui dit ordinateurs implique forcément des semi-conducteurs. Or, on assiste depuis quelque temps à une pénurie de composants qui affecte l'industrie automobile. Makoto Uchida, le patron de Nissan, déplore l'impact de cette disette sur la production globale du constructeur.
À CNBC, le dirigeant explique travailler avec ses fournisseurs pour réduire les conséquences de la pénurie et ajuster une production en flux tendus. Et la situation ne va pas s'arranger, tous les constructeurs ont entamé leur grande marche vers l'électrification de leurs gammes (le groupe Volkswagen a annoncé un investissement de 35 milliards d'euros dans les batteries et prévoit 70 modèles 100% électrique dès 2030 !).
Nissan n'est pas le seul à subir les contrecoups d'une forte demande. En décembre dernier, Ford a dû suspendre la production dans une usine du Kentucky, puis le mois suivant en Allemagne. Stellantis, la fusion entre PSA et Fiat Chrysler, a réduit le rendement de plusieurs sites en Amérique du Nord. Audi, Subaru, Toyota, Mazda, GM… C'est la chaîne d'assemblage de tout un secteur qui grince.
La crise sanitaire explique les problèmes d'approvisionnement. Au plus fort des mesures de confinement, les constructeurs ont fortement réduit leur production pour mieux s'accorder à une demande atone. Les fournisseurs, eux aussi touchés par l'épidémie, se sont donc adaptés en conséquence et plutôt que limiter leur production de composants informatiques, ont commencé à répondre aux commandes d'autres entreprises.
Sur le marché des semi-conducteurs, les constructeurs automobiles sont en concurrence avec l'ensemble de l'industrie informatique : le lancement des dernières consoles de salon Xbox et PlayStation, les fabricants de cartes graphiques, et bien sûr les mastodontes comme Apple et Samsung assèchent les stocks des sous-traitants. Le secteur automobile consomme un dixième du total de la production mondiale de semi-conducteurs, un chiffre qui va aller en augmentant dans les prochains mois.
Les constructeurs de voitures ne sont pas les seuls affectés : cette semaine, à l'occasion de ses résultats trimestriels, Qualcomm a également fait part de difficultés d'approvisionnement.