Depuis le 28 décembre, l'USB-C est la connectique de choix — la seule — pour de nombreux appareils. Mais un type de « câble » USB-C est à proscrire, pour de bonnes raisons : les rallonges, c'est-à-dire les câbles avec une prise USB-C mâle d'un côté et une prise USB-C femelle de l'autre. En effet, elles ne font pas partie officiellement de la norme et (surtout) elles peuvent poser des problèmes de sécurité assez importants.
Une vidéo (plus bas) explique le problème des rallonges, mais il y a deux points importants à comprendre. Le premier est simple : une rallonge USB-C peut être dangereuse dans certains cas, surtout si vous comptez l'employer pour charger avec une puissance de 100 ou même 240 W. La norme est assez claire sur un point : un câble standard doit prendre en charge une intensité de 3 ampères au maximum, ce qui permet une puissance maximale de 60 W dans un usage classique. Un câble prévu pour une puissance supérieure (par exemple 100 W ou 240 W) doit explicitement l'indiquer au périphérique avec une puce intégrée dans le câble, qui s'appelle un eMarker. Le problème des rallonges, c'est qu'elles ne contiennent pas d'eMarker et que vous ne pouvez pas vérifier si elles sont capables de prendre en charge une puissance élevée.
Prenons un exemple concret. Vous avez un MacBook Pro capable de charger avec une puissance de 140 W, et le câble MagSafe contient une puce eMarker qui va indiquer au chargeur que cette puissance est utilisable. Si vous placez une rallonge USB-C quelconque entre le chargeur et le câble MagSafe, vous obtiendrez le même résultat, ce qui est dangereux. Même si le fabricant de la rallonge indique qu'une puissance de 240 W est permise, vous n'avez aucun moyen fiable de le vérifier, et comme les rallonges USB-C ne font pas partie de la norme, vous ne pouvez pas partir du principe que le fabricant la respecte. Envoyer 140 W dans un câble qui n'est peut-être prévu que pour 60 W peut amener une surchauffe ou même créer un début d'incendie.
Tous les câbles USB-C permettent une charge à 60 W au minimum
Le problème est le même avec les données. L'USB-C est assez sensible à la longueur des câbles et la norme recommande de ne pas dépasser 1 mètre pour atteindre 10 Gb/s, par exemple. De même, les câbles Thunderbolt passifs sont souvent (très) courts pour cette raison : au-delà de quelques dizaines de centimètres, les risques de dysfonctionnements sont élevés. Placer une rallonge sur un câble Thunderbolt passif ou sur un câble USB-C standards peut donc amener des erreurs, des corruptions de données ou tout simplement empêcher vos appareils de fonctionner.
Il faut noter que même si les rallonges USB-C ne font pas partie de la norme selon l'USB-IF (USB Implementers Forum, l'organisation qui s'occupe de la standardisation), elles restent assez courantes. Vous en trouverez sur Amazon assez facilement, et pas uniquement chez des marques noname dont le nom a été généré par une IA qui a mélangé des lettres. Une marque comme Ugreen en propose par exemple à son catalogue.
Le problème du sens
Vous le savez probablement, l'USB-C est réversible. Mais avec une rallonge USB-C, ce côté réversible n'est pas systématique, c'est le second problème. La partie dédiée à l'USB 3.x (la liaison à débit élevé) ne pose pas de soucis sur ce point, mais celle qui sert pour les communications en USB 2.0, elle, a un sens. Dans un câble USB-C classique, qui a deux prises mâles, les broches qui servent pour l'USB 2.0 sont présentes sur les deux faces de la prise, même s'il n'y a qu'un seul lien. C'est dans la prise USB-C femelle que la détection du sens s'effectue, et la prise femelle n'a des broches que sur une seule de ses faces.
Dans une rallonge USB-C, comme vous avez une prise mâle et une prise femelle, le côté réversible de la partie dédiée à l'USB 2.0 n'est pas envisageable, et donc les câbles ont un sens pour ce cas précis. Si vous utilisez une rallonge USB-C pour un disque dur externe, vous ne remarquerez pas le souci. Mais si vous connectez un périphérique lent (souris, clavier, microphone, etc.), méfiez-vous : il faudra parfois retourner la prise USB-C… alors que c'est précisément un des avantages de l'USB-C.
Terminons par rappeler une chose : lors des débuts de l'USB, dans les années 90, les rallonges en USB-A n'étaient pas permises pour de nombreuses raisons. Et donc les rallonges USB fournies avec les claviers Apple possédaient une encoche pour empêcher de brancher autre chose qu'un clavier Apple dessus. Cette astuce, parfois considérée comme une façon pour Apple de rendre propriétaire les câbles USB, permettait en réalité à Apple de proposer des rallonges USB : techniquement, ce ne sont pas des rallonges USB étant donné que la prise est propriétaire…