Plusieurs autorités américaines ont lancé des enquêtes sur le fabricant chinois TP-Link dont les millions de routeurs courent le risque d'être bannis du pays.
Les départements de la Justice, de la Défense et du Commerce ont chacun ouvert une enquête sur les activités du fabricant chinois de routeurs TP-Link. Il s'agit de vérifier si ces appareils, qui sont partout présents aux États-Unis, ont pu servir de passerelle pour des piratages informatiques imputés à des officines chinoises.
La réponse à cette question pourrait avoir de sérieuses implications, souligne le Wall Street Journal, car les routeurs de cette marque dominent les ventes aux États-Unis, avec une part de marché largement majoritaire. En 2019, TP-link pesait pour 20% environ du marché. Le Covid, les confinements avec les besoins en équipement internet ont fait contribué à faire passer cette part à 65% aujourd'hui.
Ces routeurs sont installés partout, dans les foyers américains grâce à des contrats avec quelques 300 fournisseurs internet, dans les entreprises et au sein de nombreuses et très sensibles entités gouvernementales comme des ministères, l'armée ou la NASA. Une autre enquête a été lancée en parallèle sur une possible vente à perte au vu des tarifs pratiqués face à la concurrence.
Aucune accusation d'une quelconque participation à des attaques informatique n'a été formulée. Cependant, de récentes intrusions dans les réseaux d'opérateurs téléphoniques américains — attribuées à des pirates chinois — ont poussé les autorités à se pencher sur le cas de TP-Link. Des chercheurs se plaindraient du faible écho rencontré chez le fabricant par leurs avertissements sur des failles de sécurité qui restent sans correctifs dans ses produits.
TP-Link a contesté ces allégations et s'est dit prêt à coopérer avec le gouvernement. Le précédent avec Huawei, poussé hors du marché américain par la première administration Trump, montre la nature des risques encourus. Plus récemment, en juin dernier, l'administration Biden a interdit au développeur d'anti-virus Kaspersky de vendre ses solutions aux États-Unis, le suspectant de collusion avec le gouvernement russe. TP-Link, pour sa part, s'efforce de s'américaniser, en octobre le groupe a dit son intention de déménager son siège social en Californie.