Intel, avec les puces Lunar Lake sorties cet automne, a fait un mouvement intéressant d'un point de vue technique : la mémoire vive, au lieu d'être sur des barrettes ou sur la carte mère, est placée directement sur la puce… comme chez Apple. Et visiblement, l'expérience n'est pas concluante : Pat Gelsinger, patron d'Intel, a annoncé que les prochaines générations reviendront à une solution plus classique.
Pourquoi en parler ici ? Parce que les raisons d'Intel expliquent en partie pourquoi Apple vend sa mémoire vive trop cher. Commençons par les avantages : l'intégration de la mémoire permet de travailler avec un bus plus large — ce n'est pas le cas chez Intel, mais bien chez Apple dans certains cas —, de réduire la taille de la carte mère et (dans une certaine mesure) de réduire la latence et la consommation de la mémoire. Dans le cas d'Intel, ce choix a permis d'installer 16 ou 32 Go de mémoire LPDDR5X-8533 (une fréquence élevée) sur un bus 128 bits. Pour le consommateur, c'est aussi l'assurance d'avoir de la mémoire rapide et de ne pas dépendre d'un fabricant qui déciderait de mettre de la mémoire moins rapide ou d'employer un bus moins large pour réduire les coûts.
Les deux problèmes d'Intel sont simples : le coût élevé et la flexibilité chez les fabricants (qui peut se résumer en « le coût élevé »). Pour le coût élevé, c'est assez simple : c'est Intel qui doit acheter la RAM pour l'intégrer, avec une marge de négociation assez faible et donc un prix plus élevé que certains fabricants. Lunar Lake reste une plateforme de niche dans l'absolu, et Intel ne peut donc pas jouer sur les volumes. De façon très concrète, le prix de la mémoire fluctue plus que celui des processeurs, et donc Intel a dû réduire ses marges, ce qui n'est pas une bonne nouvelle pour une société dans la tourmente. La seconde raison est liée : outre le fait que les fabricants peuvent probablement acheter la RAM moins cher que ce qu'Intel facture dans certains cas (pour les grands fabricants comme Dell, Lenovo, etc.), les deux choix d'Intel — 16 et 32 Go — ont un coût élevé. Encore une fois, concrètement, les fabricants préfèrent mettre de la RAM moins rapide ou sur un bus moins large pour réduire les coûts.
Intel abandonne les barrettes de RAM avec Lunar Lake (mais installe 16 Go au minimum)
Enfin, il faut rappeler une chose : l'abandon de la mémoire intégrée sur le CPU n'implique pas le retour des barrettes de mémoire. Dans les PC portables, spécialement dans le cas des ultraportables, les avantages de la mémoire LPDDR restent importants, et ce type de mémoire est essentiellement soudé directement sur la carte mère pour des raisons techniques. Il existe bien une version amovible, mais le standard — récent — demeure plutôt rare.
Dans tous les cas, Intel va donc abandonner la mémoire soudée sur le CPU avec les prochaines générations de puces portables, alors qu'Apple va probablement continuer à facturer 460 € pour passer de 16 Go à 32 Go de RAM.