Intel a dévoilé sa nouvelle génération de puces pour les PC portables au Computex, nom de code Lunar Lake. Et une des nouveautés est qu'Intel suit la voie d'Apple sur un point : la mémoire vive est intégrée directement sur la puce. C'est une nouveauté dans les PC x86 : si certains ultraportables intégraient de la LPDDR qui a longtemps été inamovible, beaucoup restent attachés à la DDR en barrette (SO-DIMM) pour une mise à jour éventuelle.
Avec Lunar Lake, la mémoire vive se trouve directement sur le CPU lui-même comme chez Apple et c'est Intel qui fournit donc la mémoire vive en même temps que le CPU. Mais Intel est plus généreux qu'Apple : la quantité minimale de mémoire vive est de 16 Go, contre seulement 8 Go chez Apple. Par contre, la valeur maximale n'est que de 32 Go, alors qu'il est possible de configurer les MacBook Pro avec 128 Go de RAM. Ce choix permet à Intel d'intégrer de la mémoire plus rapide et de réduire la consommation de ses puces, en optimisant les connexions.
Les pertes de mémoire d'Apple face à la concurrence
Lunar Lake, outre ce changement, amène de nombreuses nouveautés. Tout d'abord, et c'est une sorte de camouflet, la puce ne va pas être gravée par Intel, mais par TSMC. Elle est composée de différents éléments, avec plusieurs technologies en parallèle : du 3 nm pour la partie CPU et du 6 nm pour les parties moins essentielles, comme le contrôleur mémoire.
Une nouvelle architecture CPU
Intel utilise maintenant un cœur Lion Cove, qui est une (grosse) amélioration de la génération précédente. La marque annonce un gain en IPC (instructions par cycle) de 30 %, une valeur très élevée. Comme Arm ou AMD, Intel a amélioré les différents niveaux de mémoire cache, optimisé la structure interne et ajouté des unités pour traiter plus d'instructions en parallèle. Pour la mémoire cache, Intel a en fait ajouté un niveau, mais sans renommer les précédents. Le niveau le plus proche du CPU (le plus petit, 48 ko, mais le plus rapide) devient le niveau 0, et Intel intercale un niveau 1 de 192 ko entre ce niveau 0 et le niveau 2 (qui passe à 3 Mo).
Une autre nouveauté étonnante est l'abandon de l'Hyper-Threading : cette fonction qui a fait les beaux jours des Mac Intel permet au système d'exploitation de voir un second cœur virtuel. L'idée, qui date des Pentium 4, est simple : employer les unités inutilisées pour améliorer l'efficacité et les performances, ce qui n'est visiblement plus nécessaire ici.
AMD annonce les Ryzen 9000 (Zen 5) au Computex
Les cœurs basse consommation, eux, passent à Skymont et Intel annonce des performances très nettement plus élevées (jusqu'à 4x par rapport à la génération précédente) mais aussi une meilleure efficacité. Un cœur peut par exemple consommer un tiers de l'énergie de la génération précédente pour des performances 1,7 x plus élevées.
Un NPU plus rapide, tout comme le GPU
La nouvelle génération va aussi intégrer un NPU plus rapide, qui dépasse très nettement Apple et Qualcomm selon Intel, avec 48 TOPS (45 TOPS chez Qualcomm, 36 chez Apple avec la puce M4).
La partie graphique, elle, passe sur l'architecture Xe2 et Intel annonce encore une fois des gains importants : le GPU serait 1,5 x plus rapide que Meteor Lake. L'ensemble est aussi plus flexible, avec la possibilité d'avoir trois écrans externes couplés à un écran interne en eDP (la version embarquée du DisplayPort). Encore une fois, une certaines firme avec une pourrait s'en inspirer. De même, le GPU prend en charge l'encodage et le décodage en AV1 (un codec open source) mais aussi — une première — le décodage du VVC, alias H.266. Le successeur du HEVC (H.265) doit permettre des gains de 10 % par rapport à l'AV1.
Il faut aussi noter l'intégration directe du Thunderbolt 4 et du Wi-Fi 7, même si les deux technologies reposent encore en partie sur des puces dédiées.
Dans l'ensemble, Lunar Lake semble donc être une évolution très importante et signe peut-être même un renouveau pour Intel. La sortie des PC portables équipés de cette puce est attendue pour le troisième trimestre 2024.