Gigabyte, une marque plus connue pour ses cartes mères que ses SSD, propose un modèle qui a une particularité : outre le fait qu'il porte un logo AI (l'équivalent anglophone d'IA, pour Intelligence Artificielle), il est annoncé avec une endurance exceptionnelle. Alors qu'un SSD de 1 To lambda peut encaisser officiellement 150 To d'écriture avant que la garantie ne soit plus valable, Gigabyte annonce 109 500 TBW pour la version 1 To et 219 000 TBW pour l'AI TOP 100E de 2 To.
Passons rapidement sur le mot à la mode : le SSD n'a aucune capacité liée à l'IA et la marque met juste en avant qu'il peut servir à stocker les modèles employés pour les calculs liés à l'IA… comme n'importe quel SSD. L'endurance élevée peut être vue comme un avantage dans ce contexte, mais c'est tout de même un peu biaisé : l'utilisation du modèle passe surtout par de la lecture.
Sur les performances, les deux variantes sont assez classiques : ce sont des SSD M.2 2280 qui utilisent le protocole NVMe. L'interface est classique, avec du PCI-Express 4.0, et ils intègrent tous les deux de la mémoire vive pour prendre en charge correctement l'allocation des données, avec 1 Go pour le modèle de 1 To et 2 Go pour celui de 2 To. La version de 1 To est annoncée à 7 200 Mo/s en lecture et 6 500 Mo/s en écriture, sans précisions sur les performances sur les accès aléatoires. Celui de 2 To est légèrement plus lent, avec 7 000 Mo/s en lecture et 5 900 Mo/s.
Avant de parler de l'endurance, un mot rapide sur sa mesure. Les fabricants emploient souvent un chiffre en TBW (Tera Byte Written) qui indique la limite de la garantie. C'est une valeur exprimée en To et elle est indicative et calculée dans des conditions pessimistes. Dans la pratique, un SSD peut largement dépasser cette valeur sans erreurs, mais elle est pensée pour un SSD installé dans un endroit confiné et chaud. Elle a tout de même une base technique : la mémoire flash, de par sa conception, s'use avec le temps en fonction des écritures. Si vous dépassez la valeur TBW, vous avez donc plus de risques d'obtenir des erreurs ou de perdre des données.
Comment atteindre cette endurance ?
Gigabyte n'indique pas précisément comment ses SSD peuvent annoncer une endurance largement plus élevée que les modèles classiques, mais il existe une voie possible1 : des SSD configurés en mode pseudo-SLC. Une mémoire flash classique contient 3 ou 4 bits par cellule habituellement (en 2024) mais elles peuvent être configurées en mode pseudo-SLC, pour se contenter d'un seul bit par cellule. Dans ce mode, souvent employé pour améliorer les performances en profitant de l'espace libre, les performances sont élevées… tout comme l'endurance. Il est possible de configurer manuellement un SSD en pseudo-SLC avec une modification du firmware et c'est probablement ce que Gigabyte fait ici.
Diviser par quatre la capacité d'un SSD pour améliorer ses performances
Cette solution a évidemment un défaut majeur : la capacité utilisable est divisée par trois ou quatre. Dans le cas de Gigabyte, compte tenu des quelques données proposées, la mémoire est probablement de la TLC (3 bits par cellules) et les deux SSD contiennent donc a priori 3 ou 6 To de mémoire flash. Une supposition qui se vérifiera probablement une fois les SSD en vente et le prix connu : cette voie a logiquement un impact évident sur le coût du SSD.
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Considérer que la société mente ou exagère n'est évidemment pas une option, Gigabyte n'est pas une marque noname qui vend ses produits sur Wish. ↩︎