Apple a surpris tout le monde1 avec la puce M1, un système sur puce aussi performant que frugal. Le résultat a été une sorte de séisme, et c’est peu de le dire, mais la période était surtout très propice pour Apple, avec une concurrence finalement assez faible. Mais depuis, il faut bien avouer que les évolutions ne suivent pas nécessairement : nous avons dû attendre un peu plus de 20 mois pour l’Apple M2, qui n’est pas une amélioration renversante et ensuite 16 mois pour l’Apple M3. Et même si les rumeurs indiquent que l’Apple M4 est prévu assez rapidement, les autres constructeurs ne se sont pas reposés sur leurs lauriers.
Le marché en 2020
Il faut commencer par la situation il y a un peu moins de quatre ans : Intel était dans la tourmente, AMD reprenait du poil de la bête et les puces ARM étaient très nettement derrière ce qu’Apple proposait. C’est Intel qui avait probablement le plus de soucis, et c’est ce qui explique d’ailleurs surement l’arrivée des puces ARM chez Apple et les gains très impressionnants sur certains appareils, comme le MacBook Air. À la fin de l’année 2020, Intel se débattait encore avec ses Core de 10e génération (Comet Lake) qui n’étaient que des Core de 6e génération (Skylake, 2015) poussés dans leurs derniers retranchements.
Ce n’est pas une exagération de notre part : Intel employait la même architecture depuis cinq ans en élevant la fréquence et en multipliant le nombre de cœurs au détriment de la consommation. Le Core i7 6700K, haut de gamme de la 6e génération, intégrait quatre cœurs à une fréquence maximale de 4,2 GHz avec une consommation moyenne de l’ordre de 65 W. Son pendant de 2020, le Core i9 10900K, contenait 10 cœurs, montait à 5,3 GHz et pouvait demander plus de 250 W en charge. Cette consommation élevée bridait largement les variantes mobiles, qui représentaient déjà le gros des ventes, et les propriétaires de MacBook Pro cuvée 2020 comprennent bien le problème. En pratique, l’autonomie était faible, les nuisances sonores importantes et les performances en demi-teinte dans un environnement contraint par la consommation.
Le second larron dans le monde x862 était dans une situation différente, mais pas nécessairement plus envieuse. AMD avait réussi à revenir dans la course en 2017 avec les premiers Ryzen (Zen) mais devait confirmer sa position. Au moment du lancement des puces Apple M1, AMD annonçait les Ryzen 5000 (Zen 3), qui offraient d’excellentes performances mais — à l’époque — se limitaient aux ordinateurs de bureau. Il a fallu attendre quelques mois pour voir débarquer les variantes mobiles qui allaient permettre à AMD de reprendre du poil de la bête dans un marché dominé par Intel, celui des PC portables.
Enfin, ARM restait à la traine à l’époque. Les meilleurs systèmes sur puce, comme le Snapdragon 865, intégraient généralement des cœurs Cortex A77 très largement en retrait par rapport aux cœurs d’Apple et personne n’imaginaient vraiment introduire ce type de cœurs dans des PC, à part quelques constructeurs qui s’en sont mordu les doigts, avec des PC portables ARM compliqués à vendre et aux performances bien trop faibles, même pour un usage léger. Voilà pourquoi Apple a réussi un coup de maitre : la marque est arrivée avec une puce plus performante et qui consommait moins que tout ce que la concurrence proposait, dans un contexte ou une réponse rapide était compliquée, sauf peut-être pour le challenger du x86, AMD.
Une question de processeur
Commençons par la partie processeur. Dans les puces M actuelles, la structure n’a pas bougé depuis le M1 chez Apple, avec du 4+4, c’est-à-dire quatre cœurs performants et quatre cœurs basse consommation. Par contre, les résultats, eux, bougent : Apple a augmenté la fréquence et (un peu) les prestations brutes sur les cœurs performants. Sur les cœurs basse consommation, le gain est par ailleurs très net. Mais la concurrence, qui était à la rue à la sortie des premiers Mac M1, a réagi.
Chez Intel, pour commencer, tout a évolué. Après avoir trainé la même architecture pendant cinq ans, Intel a lancé plusieurs nouvelles générations depuis, jusqu’à la 15e qui abandonne la dénomination « Core i ». Sur les performances sur un seul cœur, utiles dans les tâches qui ne sont pas facilement parallélisées, les puces M restent compétitives : une puce M3 offre des résultats équivalents aux meilleurs Core i9 de 14e génération dans ce cas de figure.