Depuis quelque temps maintenant, le fondeur taïwanais TSMC se développe dans d'autres pays, comme les États-Unis. Mais le patron de TSMC, CC Wei, a déclaré récemment quelque chose qui pourrait freiner les ardeurs de certains concepteurs de puces : « Si un client demande à être dans une certaine zone géographique, il doit partager le coût supplémentaire. Dans l'environnement de mondialisation fragmentée d'aujourd'hui, les coûts seront plus élevés pour tout le monde, y compris TSMC, nos clients et nos concurrents. ».
De façon plus claire, une société qui voudrait proposer des puces fabriquées au Japon (où TSMC a déjà des usines), aux États-Unis — une usine est en construction en Arizona — ou en Allemagne risque de les payer plus cher que celles fabriquées actuellement à Taiwan, comme l'explique Engadget.
Dans la pratique, les grands clients actuels de TSMC sont Apple, Nvidia, AMD et Qualcomm. Une augmentation du coût des puces ne devrait pas avoir le même impact dans tous les cas. Chez Nvidia, la société vend ses cartes dédiées à l'IA plus ou moins en direct et une absorption du coût supplémentaire peut être envisagée. Mais pour les cartes graphiques, ce n'est pas nécessairement le cas : Nvidia commercialise parfois ses propres cartes mais le gros du marché dépend de fabricants qui achètent les puces à Nvidia avant de les intégrer. Ces derniers choisiront plus probablement de répercuter la hausse sur les clients. AMD est dans une situation proche : les processeurs sont fabriqués en interne (AMD les vend directement) mais les cartes graphiques passent par des intermédiaires. Dans les deux cas, placer un petit Made in USA (par exemple) pourrait tout de même être un argument de vente.
TSMC, Intel et Samsung décrochent des milliards pour des puces "Made in USA"
Qualcomm, par contre, ne vend pas en direct aux consommateurs et une hausse sur le prix des modems 5G ou sur les systèmes sur puce Snapdragon — déjà onéreux — devrait probablement se répercuter sur les acheteurs des smartphones. Par contre, les fabricants de smartphones, majoritairement asiatiques, n'ont pas nécessairement besoin ou envie de mettre en avant une production dans des pays occidentaux.
Reste le cas d'Apple, qui pourrait tout à fait absorber le surcoût dans le prix de ses appareils (le coût exact d'un système sur puce est de toute façon déjà caché) et ne pas nécessairement faire produire toutes les puces aux États-Unis. C'est déjà le cas sur certains appareils : les Mac Pro vendus aux États-Unis sont fabriqués dans le pays, alors que ceux commercialisés en Europe viennent de Chine, par exemple.
TSMC : retour sur l'histoire du fondeur taïwanais qui a conquis Apple