Dans le petit monde des SSD, la densité de la mémoire a toujours été le nerf de la guerre : une puce qui permet de stocker plus de données à nombre de transistors identiques permet de créer des SSD de plus grande capacité ou — selon le point de vue — des SSD moins onéreux à capacité identique.
Dans cette optique, Western Digital vient d'annoncer la gamme SN5000S à base de mémoire QLC, destinée aux fabricants de PC (les fameux OEM). Elle comprend des modèles M.2 2280 (la taille standard) et 2230 (plus compacts, ils visent des produits comme les consoles modernes) et nous pouvons supposer que nous les retrouverons aussi dans les SSD externes dans le futur. La nouveauté intéressante de cette gamme vient des performances : 6 Go/s en lecture et 5,6 Go/s en écriture pour la variante de 2 To, avec une endurance annoncée de 600 TBW1. Ce sont des valeurs plus élevées que pour le SN740, son prédécesseur à base de mémoire TLC : ce dernier est annoncé à 5,1 Go/s en lecture, 4,8 Go/s en écriture, avec une endurance de 500 TBW.
De la mémoire QLC enfin efficace
Si les premières générations (à la fin des années 2000) ne stockaient qu'un seul bit par cellule, les fabricants sont vite passés à deux bits (MLC) ou trois (TLC). Le passage à quatre bits par cellules (QLC), lui, a été plus lent, pour deux raisons. La première, c'est que ce type de mémoire a une endurance plus faible. Une puce SLC est donnée pour environ 100 000 écritures, une puce MLC aux alentours de 10 000 (selon les fabricants) et une puce TLC souvent vers 3 000. En QLC, la limite descend encore, avec parfois moins de 1 000 écritures. Mais avec le temps et la capacité qui augmente, l'endurance globale monte mécaniquement. Dans les faits, l'usure reste un problème plutôt rare grâce à des algorithmes améliorés au fil du temps et des capacités élevées. Dans la pratique, un SSD de 64 Go en mémoire MLC, vite rempli, souffre beaucoup plus de l'usure qu'un SSD à base de mémoire TLC ou même QLC de 2 To, par exemple. La valeur annoncée par Western Digital (600 TBW, soit 600 To sur la durée de vie du SSD) semble conservatrice mais reste hors de portée d'un utilisateur lambda.
Le second problème, visiblement réglé par Western Digital, vient des performances. Les premiers SSD à base de mémoire QLC offraient en effet des performances désastreuses en dehors du cache — parfois moins de 100 Mo/s — et un cache plus petit que les autres SSD. C'est lié au fonctionnement du cache pseudo SLC, qui consiste à écrire un seul bit dans une cellule — c'est plus rapide — avant de répartir les données sur les cellules dans la configuration native. Ce cache utilise souvent l'espace libre sur le SSD et — de façon logique — il y a moins de cellules libres sur un SSD à base de mémoire QLC que sur un SSD équipé de puces de TLC. Dans un cas idéal, vous pourrez écrire l'équivalent d'un tiers de l'espace libre avec le cache en TLC, et seulement un quart en QLC. Si les performances dans le cache SLC semblent bonnes — les 5,6 Go/s annoncés sont dans le cache de façon implicite —, la marque (comme tous ses concurrents) ne communique pas sur les débits en dehors de ce dernier.
Terminons enfin par un point : le SSD va être décliné dans des variantes de 1 To et 512 Go et si la première est assez proche de celle de 2 To en écriture (5,4 Go/s), la seconde est significativement plus lente (4,2 Go/s).
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Pour Terabytes Written, il s'agit du nombre de téraoctets qu'il est possible d'écrire au minimum. Au-delà, la garantie du SSD n'est plus valable, mais il peut continuer à fonctionner avec un risque de pertes de données. ↩︎