Apple a l'air de vouloir amener des jeux « AAA » (c'est-à-dire des jeux vidéo à gros budget) sur les Mac. Mais la société a un problème, car ce qui manque pour les jeux vidéo, ce ne sont pas nécessairement des jeux… mais des Mac adaptés. En effet, la gamme actuelle (la nouvelle puce M2 Ultra comprise) manque de puissance et est finalement mal positionnée pour les jeux vidéo. Et avant de venir nous expliquer que le monde du jeu vidéo ne se résume pas à essayer d'obtenir les meilleurs effets en 4K à 120 Hz avec du ray tracing — et les Mac en sont incapables —, attendez de lire l'article !
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Pour commencer, il faut parler de ce qu'Apple propose. Depuis la sortie des puces M1, Apple offre un GPU qui est considéré comme plutôt bon dans son segment : la puissance de calcul est de l'ordre de 2,5 téraflops (un peu plus si vous avez le GPU avec 8 cœurs, un peu moins pour la variante dotée de 7 cœurs). Pour un GPU intégré dans un système sur puce, c'était une valeur intéressante au lancement (en 2020) et ça reste assez valable en 2023. Les variantes M1 Pro, M1 Max et M1 Ultra multiplient par deux, quatre et huit la puissance de calcul1 pour environ 5, 10 et 20 téraflops.
Les versions M2 possèdent un peu plus d'unités, pour 3,6 téraflops (M2 en version 10 cœurs GPU), 6,8 téraflops (M2 Pro 19 cœurs), 13,7 téraflops (M2 Max 38 cœurs) et 27 téraflops (M2 Ultra 76 cœurs). Apple en a donc profité pour améliorer un peu la puissance tout en se gardant une marge pour une version améliorée : les M2 Pro, Max et Ultra ont une partie des unités qui sont désactivées.
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Maintenant, regardons la concurrence. Si nous prenons la puce M1, le GPU est certes très bon pour une puce intégrée, mais le résultat est assez faible dans l'absolu : le GPU se place entre une GeForce GTX 1050 et une GeForce GTX 1060, deux cartes graphiques milieu de gamme sorties en 2016. La seconde a longtemps été la référence pour jouer en 1080p, mais elle est largement dépassée pour cet usage en 2023.
Si nous regardons le fer de lance de la gamme, la puce M2 Ultra, la comparaison peut faire beaucoup plus mal : la puissance de calcul est du même ordre que la GeForce RTX 4070. Il s'agit d'une carte qui se positionne dans un entre deux dans la gamme Nvidia : vous pouvez la placer dans le haut du panier du milieu de gamme, ou dans le bas du panier du haut de gamme. Dans le (très) haut de gamme, Nvidia peut offrir environ 80 téraflops (sur une RTX 4090) ou un peu plus de 90 téraflops sur la version professionnelle (avec la RTX 6000).
Une autre comparaison intéressante va venir des consoles de la dernière génération : la Xbox Series S est aux alentours de 4 téraflops, la PlayStation 5 dépasse de peu les 10 téraflops et la Xbox Series X monte à environ 12 téraflops. La seule console qui est largement en dessous de la puissance des Mac est la Nintendo Switch : son GPU, daté à son lancement, atteint un peu moins de 0,5 téraflop dans le meilleur des cas, c'est-à-dire une fois dans son dock.
Nous n'attendons pas du 4K@120 avec ray tracing… mais quand même quelque chose de fluide
Il faut aussi expliquer une chose : la course à la puissance n'implique pas de vouloir jouer en 8K à 120 images secondes avec tous les taquets placés sur les valeurs maximales. Mais dans l'autre sens, il faut évidemment prendre en compte que la majorité des joueurs n'accepte pas pour autant de jouer en 720p avec les réglages minimum. En réalité, il y a parfaitement un juste milieu, et il est finalement assez simple : 60 images/s en définition native avec les réglages « haut » pour un bon résultat, du 1080p à 60 images/s et des réglages « moyen » pour un constat passable.
Il ne semble pas utile d'espérer jouer à plus de 60 images/s car les moniteurs et téléviseurs qui permettent de dépasser cette valeur restent minoritaires. De même, les réglages « très élevés » et « ultra » (quels que soient les noms donnés) n'ont pas réellement d'intérêt : les gains visuels demeurent assez faibles en pratique, surtout une fois dans le jeu. Vous pourrez en effet probablement déceler la différence sur une image fixe, mais pas nécessairement quand l'ensemble est en mouvement2.
Mais même sans vouloir jouer en 8K à 240 images/s, un problème se pose : sur les titres modernes, les puces M1 et M2 sont tout simplement trop peu puissantes pour espérer réellement du 1080p à 60 Hz. Dans le meilleur des cas, avec un titre un peu ancien ou en baissant les détails, vous vous approcherez des 60 images/s sans les dépasser. Et comme macOS force une synchronisation de l'image sur le rafraîchissement de l'écran (V-Sync), vous allez vous retrouver en pratique avec 30 images/s.
Ce point nécessite un peu d'explications : sur un moniteur classique calé matériellement sur 60 Hz, une image est affichée de façon régulière, toutes les 16,6 millisecondes. Si jamais votre GPU prend plus de temps pour calculer une image (donc s'il descend sous les 60 images/s), la précédente va rester affichée et la suivante n'apparaîtra qu'au prochain rafraîchissement.
Dans la pratique, le résultat visuel est simple : si vous restez entre 30 et 60 images/s au niveau du GPU, vous verrez un jeu à 30 images/s, ce qui n'est pas très fluide. Si votre GPU est parfois en dessous de 60 fps et parfois au-dessus, c'est encore pire : vous observerez des saccades, étant donné que certaines images seront doublées.