Ce n’est pas parce qu’Apple a abandonné l’architecture x86 pour créer ses propres puces qu’elle est mariée à l’architecture ARM utilisée actuellement dans les puces destinées aux iPhone et Apple Watch, comme celles des Mac et iPad. On savait que l’entreprise s’intéressait à RISC-V, une architecture plus récente qui a le gros avantage d’être ouverte et non propriétaire comme ses concurrents historiques. D’après Dylan Patel, analyste spécialisé dans ce domaine, Apple travaillerait désormais activement pour ajouter une touche de RISC-V à ses futures puces maison.
Il n’est pas (encore ?) question de remplacer les cœurs du processeur ou les cœurs graphiques intégrés aux puces Apple, ils vont rester sur l’architecture ARM jusqu’à nouvel ordre. En revanche, l’entreprise chercherait à remplacer ARM dans les dizaines de cœurs ARM spécialisés qui se trouvent aussi dans les systèmes-sur-puce conçus par ses soins. Ces cœurs n’ont pas de rôle visible pour l’utilisateur, mais ils gèrent de nombreuses fonctions essentielles d’un smartphone, de l’appareil photo à la gestion de la batterie, par exemple.
Ce spécialiste a confirmé que le travail de conversion d’ARM à RISC-V est désormais actif chez Apple pour ces cœurs auxiliaires. L’Apple A16 est sorti trop récemment pour que l’on sache si c’est déjà une réalité, mais cela devrait en tout cas venir dans les prochaines années. Pour ces composants, cette transition est une évidence, toute l’industrie suit cette même tendance, car elle permet à la fois de faire des économies, d’améliorer son indépendance et d’offrir de nouvelles opportunités en matière d’optimisation. Autant d’arguments qui ont forcément convaincu à Cupertino.
Puisqu’il n’est pas nécessaire de payer une licence pour utiliser RISC-V, c’est toujours autant de moins à donner à Arm, l’entreprise qui gère l’architecture du même nom. Cette même entreprise garde la main sur le design de ses cœurs, alors que cette nouvelle architecture permet de tout modifier, ce qui peut être très utile pour les optimiser dans le cadre de tâches précises. Dylan Patel souligne que c’est ce que Google a fait pour des puces spécialisées dans ses centres de données et Apple pourrait en faire autant dans ses puces.
En plus de ces avantages, l’architecture ARM peut faire peur à une entreprise qui aime son indépendance autant qu’Apple. Même si l’opération n’a pas abouti, l’acquisition d’Arm par Nvidia a probablement tiré quelques sonnettes d’alarme à Cupertino. Il n’est pas question d’abandonner ARM du jour au lendemain, mais on peut imaginer qu’Apple réduise progressivement sa dépendance à cette architecture en utilisant de plus en plus de cœurs RISC-V dans ses puces.