Piqué au vif par les performances remarquables de la première puce Apple Silicon, Intel se défend finalement de manière frontale. La firme de Santa Clara a transmis à des sites orientés PC, PCWorld et Tom's Hardware, des benchmarks qui sont en sa faveur. Le procédé est connu et utilisé par tous les fabricants : il s'agit de choisir soigneusement les tests en ne retenant que ceux qui sont favorables…
Intel oppose la puce M1 (dans le MacBook Pro équipé de 16 Go de RAM) au processeur Core i7-1185G7, une puce de 11e génération gravée en 10 nm (avec là aussi 16 Go de RAM). Cette puce a un TDP de 28 W (configurable jusqu'à 12 W), 4 cœurs / 8 threads, une fréquence de base de 3 GHz (configurable à 1,2 GHz) et une fréquence Turbo jusqu'à 4,8 GHz.
Sur le test WebXPRT, qui s'intéresse aux performances web, réalisé avec Chrome 87, Intel assure que sa puce est globalement 32 % plus rapide que la M1. Sur Office 365 (version x86 d'un côté contre version Apple Silicon de l'autre), Intel met par exemple en avant un export de PDF 2,3 fois plus rapide sur PowerPoint.
Concernant les logiciels créatifs, Intel note une petite avance en sa faveur sur Handbrake, lors de la conversion d'une vidéo 4K AVC en HEVC. L'écart est bien plus important sur les logiciels de Topaz Labs, où les opérations sur les photos sont environ 6 fois plus rapides avec le Core i7.
Sans nier le résultat, il faut néanmoins préciser que les applications de Topaz Labs font partie des rares à tirer parti de l'accélération matérielle des puces Intel, et qu'à l'inverse elles ne sont pas encore optimisées pour l'architecture Apple Silicon. Intel a bien évidemment choisi les applications et même les tâches les plus avantageuses. Apple pourrait tout aussi bien répliquer en sortant des graphiques où Pixelmator Pro apparait comme 15 fois plus rapide sur M1 que sur Core i7, pour ne citer qu'un exemple.
Dans la série de diagrammes qui concerne les jeux, Intel concède que l'Apple M1 peut parfois faire mieux que son processeur (les jeux sur lesquels la M1 est en retrait sont ceux qui tournent via Rosetta). Mais ce graphique sert en fait de prétexte pour montrer que de nombreux jeux ne sont pas compatibles avec macOS, ce qui est indéniable, mais ne date pas de l'architecture Apple Silicon.
Intel ne s'arrête pas là. Une autre diapositive montre que l'autonomie « réelle » n'est pas si différente que ça entre un Mac et un PC. Sauf que ce n'est plus le MacBook Pro M1, le champion en la matière, qui est pris en guise de comparaison, ni même le Core i7-1185G7. La firme de Santa Clara préfère mesurer le MacBook Air M1 à l'Acer Swift 5 équipé d'un Core i7-1165G7 moins puissant. Selon son test de navigation web et de Netflix, le MacBook Air tient uniquement 6 min de plus que l'Acer.
« Plus qu'une question de performances, c'est une question de choix », indique une autre diapositive donnant à voir des ordinateurs aux formats différents. Intel joue aussi la carte des fiches techniques qui montrent un MacBook Pro pas aussi attractif que les PC concurrents, mais les caractéristiques présentées omettent notamment le processeur et l'autonomie. D'autres diapositives pointent l'absence de prise en charge des eGPU sur les Mac M1, la gestion d'un seul écran externe par le MacBook Air/Pro ou encore l'absence d'écran tactile.
Bref, tous les inconvénients que l'on peut trouver aux Mac M1, Intel prend grand soin de les souligner. Si certains arguments et benchmarks sont valables, d'autres sont discutables. L'exercice est de toute façon biaisé dès le départ, puisqu'il s'agit de montrer la supériorité des puces Intel coûte que coûte, c'est-à-dire en triant sur le volet les tests et éléments de comparaison.
C'est de bonne guerre, Apple fait après tout la même chose quand elle vante les progrès extraordinaires de la puce M1, à la différence près que le nom d'Intel reste discret dans sa communication. Finalement, si la firme de Santa Clara se sent obligée de publier toutes ces comparaisons en sa faveur — alors même qu'elle fournit toujours des puces pour une partie des Mac —, n'est-ce pas parce qu'elle se sent menacée par le mouvement impulsé par une « société lifestyle de Cupertino » ?