L'arrivée en fanfare d'Apple sur le marché des puces pour les ordinateurs de bureau et portables fait sensation. Sur les nouveaux Mac, la puce M1 a créé un véritable gouffre par rapport aux processeurs Intel de leurs prédécesseurs, et la Pomme ne fait que s'échauffer : les systèmes-sur-puce des futures machines pro s'annoncent encore plus impressionnants.
Le contraste avec ce qui se passe en face est saisissant : pendant qu'Apple a plutôt réussi le lancement de sa transition, les puces ARM qui équipent les PC sont à la traîne. Depuis 2017, Microsoft travaille avec Qualcomm sur des puces spécifiquement optimisées pour ses Surface ARM. Malheureusement, le résultat est loin d'être à la hauteur des espérances des deux entreprises… et des utilisateurs (lire : Surface Pro X : des performances pas top pour la rutilante tablette Arm de Microsoft).
Qu'à cela ne tienne, chez Qualcomm on voit dans le lancement des Mac M1 une « validation » du pari fait par l'entreprise avec Windows pour Snapdragon. Chez PCMag, Cristiano Amon, le président du fondeur, se réjouit d'avoir investi très tôt dans cette technologie avec Microsoft. Pour Alex Katouzian, vice-président en charge de la mobilité chez Qualcomm, la puce d'Apple entérine « ce que nous avons fait ces dernières années. La gamme de produits de Qualcomm va devenir de plus en plus forte au fur et à mesure que nous élargissons notre champ d'action ».
« Les gens disent que l'imitation est la plus belle forme de flatterie. Regardez ce qui est arrivé avec l'Apple M1 », ajoute-t-il dans une autre interview pour AnandTech. « Le discours produit [à Apple] est pratiquement le même que ce que nous disons depuis deux ou trois ans ». Concernant les perfs' modestes de sa propre puce de bureau, le dirigeant de Qualcomm assure que les feuilles de route des constructeurs sont pleines de machines de plus en plus puissantes. Il promet aussi des SoC Snapdragon plus performants à l'avenir, sans s'avancer sur une date.
La plateforme Snapdragon 8cx, la plus récente à ce jour, a été présentée en décembre 2018, et depuis c'est le calme plat. « Je peux vous dire, [la prochaine génération] arrive », indique-t-il, en ajoutant : « Nous sommes à 100% impliqués sur ce marché. Je pense que Microsoft l'est aussi ».
Nous ne sommes [qu'une entreprise à] 170 milliards de dollars, mais vous savez, cela aide quand une entreprise à 2 000 milliards de dollars vient dire : « Oui, c'est ça qu'il faut faire ». Et devinez quoi, nous avons été submergés d'appels pour nous demander si cela allait arriver [les puces ARM dans les PC]. On est à 100% derrière tout ça.
Pendant que les utilisateurs de Mac se frottent les mains, Qualcomm cherche à relativiser : il manque encore aux nouveaux ordinateurs d'Apple des fonctions qui font partie du quotidien des PC sous Snapdragon. « [Sur nos ordinateurs], vous avez une expérience d'appels vidéo qui donne la sensation d'être présent avec le correspondant », vante Katouzian auprès de PCMag. Une manière de souligner la qualité médiocre de la webcam des MacBook Air et Pro (même si la puce M1 améliore quelque peu l'ordinaire).
Le dirigeant de Qualcomm remarque aussi que les PC Snapdragon ont commencé à intégrer le support de la 5G : « Vous n'avez pas besoin d'acheter une caméra séparée, un micro ou un modem », détaille-t-il. Tout cela est vrai, bien que le partage de connexion se soit amélioré entre iPhone 12 et Mac et qu'il existe des solutions logicielles qui transforment un iPhone en webcam. Mais évidemment, ce serait mieux si tout ça faisait partie du Mac, ce qui sera peut-être le cas sur les prochains portables.
Alex Katouzian pointe aussi un autre atout, celui du prix : Qualcomm commercialisant ses puces à qui veut, on peut trouver des PC ARM pour toutes les bourses. Un avantage qui pourrait se réduire si Apple lance un MacBook Air plus abordable en 2022, comme l'a prédit Ming-Chi Kuo récemment.
Qualcomm, qui vient de lancer sa nouvelle puce mobile haut de gamme Snapdragon 888, est aussi un fournisseur d'Apple avec ses modems 5G. Mieux vaut donc éviter trop de déclarations à l'emporte-pièce, comme cela avait été le cas en 2013 quand un des responsables de l'entreprise avait qualifié les 64 bits de la puce A7 de « gadget marketing ». Avant de se lancer à son tour…