La presse tient pour acquise une annonce d’Apple lors de la WWDC concernant le passage à ARM pour le Macintosh. En effet, c’est au tour du New York Times de s’intéresser à cette relation de quinze ans qui devrait prendre fin prochainement. Le ver était dans le fruit dès le début en quelque sorte. Alors que le premier Mac Intel a été commercialisé en 2006, Apple rachetait PA Semi deux ans plus tard, acquisition qui marquait la volonté d’Apple de concevoir ses propres processeurs pour ses smartphones.
Pour Intel, la perte du Mac ne sera pas une catastrophe financière. Apple écoule près de 20 millions de Mac par an, soit autant de processeurs Intel. Selon l’analyste C.J. Muse, cette activité rapporte environ 3,4 milliards de dollars par an, ce qui représente environ 5 % du chiffre d’affaires d’Intel. Sachant que cette transition devrait s’étaler au moins sur 18 mois, elle ne devrait pas troubler plus que cela les comptes du géant du semi-conducteur. Surtout que les autres activités du groupe sont en croissance.
Reste que la perte d’un client de la trempe d’Apple devrait par contre ternir son image de marque et révéler au grand jour ses faiblesses actuelles. Une telle transition pourrait donner des idées à d’autres constructeurs. À défaut d’une transition radicale, comme Apple en est capable, certains pourraient se tourner vers AMD, qui ne cesse de gagner des parts de marché depuis quelque temps.
Mais une telle décision illustre avant tout les difficultés d’Intel à être compétitif sur le marché des micro-processeurs notamment sur le segment des terminaux mobiles (ordinateurs portables, smartphones, tablettes). Par rapport à la concurrence, Intel peine à miniaturiser ses puces et connaît de nombreux problèmes de production, qui ont pénalisé les ventes de plusieurs fabricants de PC l’année dernière.
Handel Jones, consultant dans le domaine des semi-conducteurs, estime à 12 mois, voire 18, le retard d’Intel en termes de finesse de gravure. Dans ce domaine, des nouveaux processus de production prévus initialement en 2015, n’ont vu le jour qu’en 2019.
Entre temps, Intel s’est fait rattraper puis dépasser par la concurrence asiatique à commencer par Samsung et TSMC. Mais on ne connaîtra l’impact de ce divorce pour Intel que quand on aura une idée précise des progrès tant sur le plan des performances que de l'autonomie des premiers Mac ARM.