Depuis la fin novembre, Amazon est devenu un revendeur Apple (et Beats) tout ce qu'il y a de plus officiel, ce qui s'est traduit par un vaste ménage au sein des vendeurs tiers, raconte The Verge en prenant l'exemple de deux d'entre eux qui officient dans le reconditionné.
John Bumstead, seul à la tête de sa petite activité RDKL, s'est spécialisé dans la remise en état de portables Apple qu'il écoulait ensuite sur Amazon, comme des milliers d'autres vendeurs en tout genre de la plateforme Marketplace. Le mois dernier, dans sa traditionnelle lettre aux actionnaires, Jeff Bezos écrivait que le Marketplace d'Amazon « bottait les fesses » de son activité de vente en direct, en représentant 58% du total de ce qui est vendu sur le site.
L'accord surprise signé entre Apple et Amazon a porté un coup à toutes ces petites échoppes virtuelles qui vendaient du matériel Apple, neuf ou d'occasion. Du jour au lendemain elles ont dû déménager. Bumstead dit avoir vu son listing produit s'évaporer d'un coup, l'obligeant à chercher refuge sur eBay, Etsy et sur son propre site.
Ce partenariat n'interdit pas à des vendeurs de produits Apple d'exercer sur Amazon mais les conditions sont hors d'atteinte pour beaucoup. Il faut acheter, tous les 90 jours, l'équivalent d'au moins 2,5 millions de dollars d'inventaire de produits reconditionnés. Un achat qui peut être fait auprès d'Apple ou d'un fournisseur dont le chiffre d'affaires annuel de ventes s'établit à un minimum de 5 milliards de dollars (opérateur téléphonique, grande distribution…).
Ensuite, il faut obtenir un agrément d'Apple. Les critères ne sont pas connus à part qu'il faut disposer d'une boutique en dur en plus de celle en ligne.
Ces départs forcés du Marketplace d'Amazon ont rendu l'offre en reconditionné — à des prix attractifs — bien moins visible, regrette John Bumstead. Il a toutefois réussi à revenir à son niveau de chiffre d'affaires en développant ses ventes depuis son site et ses dépendances.
Un autre petit acteur du reconditionnement, Jim Ilardi de PiratePT Electronics est cité dans l'article. Lui est un spécialiste de la remise à neuf d'iPod Classic, avec des SSD à la place du disque dur. La nouvelle donne d'Amazon a plombé ses ventes, alors même que son intérêt se porte uniquement sur du matériel qui n'existe plus chez Apple depuis des années.
Sur la décennie écoulée, Jim Ilardi estime avoir vendu pour 1,2 millions de dollars d'iPod retapés, dont 95% via Amazon. Une plate-forme dont le fonctionnement reste supérieur à celui d'eBay ou d'Etsy, dans l'organisation des produits ou la navigation.
Pour Apple, cette présence négociée sur Amazon est intéressante puisqu'elle peut mieux contrôler ce canal de vente. Pour Amazon, l'avantage est d'accueillir une grande marque qui lui faisait défaut et d'attirer une clientèle supplémentaire.
Le rapprochement avec Apple procède d'une stratégie bien huilée d'Amazon, explique un analyste. La plateforme de Jeff Bezos ouvre toutes grandes ses portes à des vendeurs tiers et, au bout d'un moment, le fabricant de ces produits se voit obligé de venir lui-même les vendre pour reprendre la main sur ce canal.
Amazon profiterait en outre d'un point de vue privilégié sur l'activité commerciale de ces vendeurs, sur ses marges, ses volumes, sur les retours… ce qui est d'autant plus intéressant s'il s'agit d'un concurrent. C'est ce qui expliquerait que le HomePod soit toujours invisible sur le site d'Amazon, par ailleurs fabricant des enceintes Echo.