De tous les portables d'Apple, le MacBook 12" est certainement celui qui se prête le mieux à un remplacement par un iPad. C'est ce qu'a fait Antoine qui raconte son expérience.
Sur le principe, la situation n'a rien d'inédit, un autre de nos lecteurs avait fait de même il y a deux ans, en abandonnant son MacBook Pro 15" pour l'iPad Pro 12,9" — contacté, il nous a dit n'avoir pas regretté son choix deux ans plus tard, il a simplement troqué son iPad Pro 12,9" par deux 10,5".
En 2015, cet iPad, avec son très grand écran combiné à un processeur rapide et un stylet, avançait des arguments sérieux pour formaliser l'idée que la tablette pouvait remplacer l'ordinateur. Aujourd'hui c'est le versant logiciel, avec iOS 11, qui donne une crédibilité supplémentaire à ce scénario.
L'iPad n'est pas un nouvel outil pour Antoine puisqu'il en utilise déjà un dans sa cabine de train, comme conducteur (lire La SNCF a équipé tous ses conducteurs d'un iPad et voir son Twitter : @conducteur_sncf).
Jusqu'à récemment, son baluchon informatique comprenait un iPhone 6, l'iPad de la SNCF (dont le parc évolue en mêlant des iPad Air, Air 2 et maintenant le modèle 2017) et son portable MacBook 12" 2015. Une fidélité au Mac qu'il expliquait par une maturité insuffisante à son goût de la tablette :
J’ai déjà possédé un iPad lors de sa sortie, mais je l’ai rapidement revendu. À l'époque iOS n’offrait pas grand-chose de plus qu'un iPhone. J’avais été très déçu par le peu de tâches que l’on pouvait faire de manière efficace. L’écosystème était trop pauvre, les capacités matérielles réduites. De fait, je continuais de faire beaucoup de chose sur Mac et d’utiliser mon iPhone en mobilité.
Ce MacBook servait à plusieurs tâches mais aucune de foncièrement exigeante en puissance : navigation web, messagerie, forums d'assistance pour le travail ainsi que de la bureautique avec la suite d'Apple. La machine ne stockait pas non plus grand-chose puisque Netflix, Apple Music et Molotov s'occupaient des contenus de divertissement depuis le nuage.
Retour à l'iPad
L'équipement en iPad par la SNCF lui a donné l'occasion de se frotter à nouveau à la tablette, dans une version plus aboutie :
Très rapidement, suite à ce changement, j’ai commencé à beaucoup utiliser l’iPad pour de la lecture de contenus, voire pour le support technique de temps en temps. Le seul frein était l’absence de clavier, j’ai donc fait le choix d’un Magic Keyboard. Il m’a offert sur l’iPad le même confort que sur mon MacBook. J’ai fonctionné environ un an comme ça et j’ai décidé de basculer totalement vers iPad à la sortie de la version 10,5".
La présentation d'iOS 11, qui contient beaucoup de changements spécifiques à l'iPad, a été un élément déclencheur : « j’ai eu l'occasion de vendre mon MacBook et, tout bêtement, comme souvent dans ce genre de situation, j’ai posé mes usages en face des possibilités offertes par ces machines ».
Sans même comparer pied à pied l'iPad et le MacBook, on voit tout de suite que ces deux machines sont les plus proches actuellement dans la gamme. Elles sont compactes, légères (en deçà du kilogramme voire moitié moins pour l'iPad), fines et réactives.
Si le portable peut avoir comme points forts son clavier intégré et la richesse fonctionnelle de macOS (d'aucuns diront la "complexité"), l'iPad le lui rend bien avec son autonomie supérieure, son écran tactile, la simplicité d'iOS et un prix quasiment divisé par deux à capacité de stockage égal.
iOS 11 change la donne
Autrement dit, la frontière entre un MacBook et un iPad Pro est poreuse et iOS 11 n'arrange pas les affaires de macOS avec son nouveau Dock, son glisser-déposer, son multifenêtrage ainsi qu'un gestionnaire de fichiers compatible avec plusieurs services de stockage dans le nuage.
« iOS 11 et ses nouveautés ont pesé dans la balance », déclare Antoine qui utilise la version bêta du système. « J’ai donc opté pour un iPad Pro 10,5" pour ses performances, son format et sa légèreté. La perspective d’avoir mon Magic Keyboard ultra confortable, mais de pouvoir le découpler lorsque je ne fais que de la consultation a été un point important. Enfin, je gagnais en qualité d’affichage (mais pas en taille d’écran brute, j’en conviens) ».
Le MacBook revendu, la sacoche contient maintenant deux iPad, un iPhone 7 (et une Apple TV). Seule anicroche, l'absence de compatibilité AirPrint sur la jet d'encre familiale. Cela oblige à utiliser un vieux PC pour les impressions. Ceci étant, au vu du prix d'une imprimante neuve aujourd'hui, ce n'est pas un obstacle insurmontable à terme.
Pas de Smart Keyboard pour ce nouvel iPad, Antoine explique qu'il le trouve cher (179 €) et regrette l'absence de protection pour l'arrière de la tablette. Il s'est rabattu sur une coque bon marché. Il a profité ensuite d'une très bonne affaire chez un revendeur Apple toulousain pour s'équiper d'un Magic Keyboard (35 € au lieu de 119 €). Un clavier qui a l'immense avantage de fonctionner indifféremment avec ses deux types d'iPad.
Migration minute
La migration entre le MacBook et l'iPad n'a posé aucun problème particulier, et pour cause : « utilisant des solutions cloud depuis longtemps — Apple Music et des services de streaming en ligne — le changement "opérationnel" entre mes deux machines a duré… 10 min, le temps d’effacer le MacBook. La encore j’avais une utilisation déjà orientée en direction de l’usage tablette. Ce qui a facilité les choses. »
Dans le cas d'Antoine, un autre avantage a joué. Il utilise d'une part des web apps ou services en ligne, d'autre part des logiciels qui existent à la fois sur iOS et macOS (Airmail, Numbers, Pages, Safari, OneDrive, Office 365…). On comprendra qu'il est aisé dès lors de les quitter sur une machine pour les retrouver à l'identique ou presque sur l'autre.
L'adaptation à iOS n'est pas si compliquée non plus puisqu'Apple ne cesse de bâtir des passerelles entre ses deux systèmes : « si, comme moi, des personnes venaient à switcher directement sur iOS 11, elles auraient je pense cette sensation de "retrouver leur petits". Finalement la barrière est parfois plus psychologique que réelle et le Dock d'iOS 11, pour quelqu’un qui ferait la même démarche que moi, est un bon exemple. ».
Lorsqu'on lui demande ce qu'il avait dans macOS et qui lui fait défaut dans iOS 11, il peine à trouver une réponse et cite plutôt le confort procuré par le prochain iOS (voire aussi cela en vidéo dans l'article Sur iPad, iOS 11 libère les fenêtres) :
Le multifenêtrage est juste parfait pour aller chercher un compte utilisateur dans Safari et intervenir rapidement dessus en ayant, à côté, le mail sous les yeux. Je jongle beaucoup avec des fichiers sur iCloud/Dropbox. Un autre avantage d’iOS 11 c’est l’intégration à Fichiers de Dropbox.
En fait, je n’utilise presque plus l’app de Dropbox. Je suis clairement plus productif et je sollicite maintenant beaucoup plus Siri que par le passé (rappels, création de rendez-vous, convocation d’apps). J’arrive à une rapidité d’exécution des tâches assez impressionnante. Assez paradoxalement, je passe moins de temps devant mes écrans, parce qu’en fait je travaille mieux qu’avant.
Il dit en avoir profité pour perdre d'anciennes habitudes et repartir sur de nouvelles bases :
Je me suis servi de cette expérience pour tout reprendre à zéro. Apprendre les gestes qui rendent iOS si efficace, utiliser Siri. C’est une rupture et j’ai joué le jeu à fond pour rendre cette rupture très concrète dans les résultats que j’obtiens au quotidien.
J’en découvre tous les jours avec iOS 11, je suis loin d’avoir tiré encore le maximum de cette mouture. Le dock je l’utilise un peu comme sur mon MacBook, et ayant eu iOS 11 quasiment de suite après la bascule depuis mon MacBook, c’est clairement très naturel.
Le bilan logiciel est positif et celui du matériel l'est tout autant, avec une souplesse dans la manière d'utiliser l'iPad, tantôt avec son clavier, tantôt sans.
La simplicité de la solution est très agréable : moins de câbles et de chargeurs différents, une très bonne autonomie, un transport simple. Commencer une tâche avec le clavier puis embarquer la tablette dans le canapé pour de la consultation, sans pour le coup devoir "subir" le clavier dont on ne se sert plus… on s’y fait vite. Je n’utilise pas encore l'Apple Pencil, cher à mon goût. J’ai un stylet classique qui reste 50 % du temps sur mon bureau.
Au bout du compte, ces premiers mois d'utilisation, portés par les améliorations d'iOS 11, se sont révélés concluants. Antoine se dit encore aujourd'hui surpris par la pêche de son iPad Pro comparé à son MacBook (la première génération était un peu poussive) :
C’est incomparable, l’iPad Pro est surprenant de puissance et de fluidité. Si Apple a toujours poussé la partie logicielle à fond pour coller au matériel, cette fois-ci c’est bluffant et ça me semble aller plus loin que sur Mac (logique car ils ont bien plus la main sur les composants, notamment le processeur Ax). Je n’en reviens pas de la puissance de cette machine : une vidéo dans un coin en HD, mail + multiples onglets ouverts dans Safari avec des requêtes lourdes, l’iPad ne bronche pas…
Pour Apple c'est tout bénéfice, des clients peuvent complètement repenser leur manière de travailler en abandonnant une plateforme pour aller sur une autre… sans quitter le nid.
- Ces questions de la pertinence et de la faisabilité de quitter son Mac pour un iPad sont longuement débattues dans une section de nos forums.