Apple aurait comme objectif, initial, de vendre 500 000 exemplaires par an de son futur véhicule, raconte Autocar. Ce dernier fait un point sur le projet “Titan”, où les questions et les interrogations sont pour le moment plus nombreuses que les indiscrétions et fuites.
Ce volume de ventes aurait été donné par Tim Cook lui-même à de hauts responsables automobiles, interrogés ensuite par Autocar. Apple travaille dans le plus grand secret sur ce projet, mais entre ses multiples débauchages dans le milieu automobile et les partenariats qu’elle a signés ou tenté de nouer avec de grands groupes, ses efforts ne peuvent rester éternellement confidentiels.
500 000 ventes, serait très exactement dix fois ce qu’a réalisé Tesla en 2015. Pour 2016, Elon Musk s’est fixé un volume de 80 000 à 90 000 exemplaires. En 2015 encore, BMW a écoulé 29 500 unités de sa petite i3 urbaine et de son i8 plus sportive.
Dans un cas comme dans l’autre, les très onéreuses voitures électriques de Tesla et de BMW ne visent pas un marché de masse, mais celui de particuliers fortunés, sinon aisés. C’est ce qui rend le chiffre d’Apple entendu par Autocar plutôt intéressant. On n’est pas dans le registre de la voiture pour monsieur tout-le-monde, mais pas celui de l’exceptionnel non plus.
La Pomme n’a peut-être pas inscrit dans ses prévisions les ventes effectués auprès des particuliers uniquement. Elle escompte peut-être participer à la constitution de véritables flottes de voitures (semi)-autonomes comme en voudront des entreprises telles que Didi Chuxing en Chine (lire Apple et Didi Chuxing : 22 jours seulement pour signer un chèque d’un milliard & L’investissement d’Apple dans Didi a précipité l’acquisition d’Uber en Chine).
Réinventer l’automobile après le téléphone
Ainsi qu’elle l’a fait avec l’iPod puis avec l’iPhone, Apple espère réinventer la voiture avec une somme de nouvelles technologies. Il existait des smartphones sophistiqués (bien) avant l’iPhone. Mais ce dernier a su remettre les compteurs à zéro dans cette catégorie de produits (lire aussi Comment sera la voiture du XXIe siècle ?).
Afin d’assurer un large engouement pour la voiture d’Apple, Cook table sur ce que des chefs d’entreprise du secteur automobile interrogés par Autocar décrivent comme des « technologies de rupture » - un terme donné à des caractéristiques qui devraient changer de façon significative le visage de l’automobile, de la même façon que l’écran tactile a modifié notre utilisation du téléphone mobile : une propulsion électrique très efficace, une charge rapide, des capacités de conduite autonome, des commandes gestuelles, un affichage tête haute holographique, des fonctions liées à internet, l’intelligence artificielle… la liste est longue.
Et de faire de cette voiture un compagnon mobile au sens propre du terme : « Comme l’iPhone, elle a été conçue pour être aussi un assistant personnel avec un degré de connectivité qui dépasse largement tout ce que proposent les voitures aujourd’hui »
Tout cela n’est que bruits de couloirs pourrait-on souligner, mais Tim Cook n’a rien dit de différent, et publiquement encore ! Lors d’une interview en novembre 2015 à un quotidien irlandais, on lui demandait si Apple avait des projets pour un véhicule électrique :
Je n’ai rien à annoncer quant à nos projets. Mais je pense qu’il va se produire dans les toutes prochaines années des changements significatifs dans l’industrie automobile, avec l’électrification et la conduite autonome. Et il est nécessaire de porter un intérêt tout particulier à l’interface utilisateur. Je pense donc que beaucoup de changements vont arriver dans ce domaine.
Interrogé à nouveau récemment, par des actionnaires cette fois, Cook avait botté en touche, promettant un « long réveillon de Noël » à ceux qui s’interrogent sur ce qu’Apple mijote. S’il avait voulu balayer d’un revers de la main toutes ces questions autour de l’implication d’Apple dans le domaine automobile, il a eu maintes fois l’occasion de le faire.
A la recherche d’un nouveau Foxconn
Les sources d’Autocar parlent également d’une ambition de remettre à plat les méthodes de production, afin que ce véhicule puisse être fabriqué d’une manière « économique, très efficace et sur plusieurs sites ». Pour cela, Apple cherche son nouveau Foxconn. Ni BMW, ni Mercedes-Benz n’auraient été intéressés par ce rôle peu glorieux de simple assembleur. « Nous ne souhaitons pas devenir le Foxconn d’Apple » assénait Dieter Zetsche, le patron de Mercedes-Benz, en septembre dernier. BMW aurait décliné aussi et le rapprochement entre le groupe Fiat/Chrysler et Google aurait mis un terme à des discussions avec Apple (lire aussi Apple n’a pas su convaincre Daimler et BMW pour sa voiture). Reste cette rumeur de discussions avec l’entreprise autricho-canadienne Magna qui développe des véhicules et des processus de fabrication pour de grandes marques.
Apple a toutefois mis un pied en Allemagne avec l’ouverture d’un bureau à Berlin. Initialement, il était décrit comme un incubateur d’idées, ou pour tester des moteurs électriques en compagnie peut-être de Bosch et de ZF.
D’après des sources d’Autocar à Cupertino, cette équipe berlinoise travaillerait officiellement sur Plans. 25 personnes environ bûcheraient sur l’intégration de ce service de cartographie au système de conduite autonome. Apple utiliserait aussi ce bureau pour attirer des ingénieurs de HERE, installés dans la même ville (lire Nokia vend officiellement ses cartes HERE à trois constructeurs automobiles allemands).
Tout comme les déclarations de Cook, ces confidences sont encore très loin de compléter le puzzle qu’est cette nouvelle aventure d’Apple. Elle se trame dans le secret de bâtiments à Sunnyvale et à Santa Clara en Californie, avec un nouveau chef d’orchestre pour la mener à son terme (lire Apple aurait donné le volant de sa voiture à Bob Mansfield).
Source : Image de une, crédit : afp.com/INGO WAGNER