Nikon fait partie, avec Canon, des deux principaux fabricants japonais d’appareils-photo haut de gamme (reflex et hybrides). L'entreprise possède un savoir-faire hors pair et de brillants ingénieurs, mais les résultats du groupe sont en déclin depuis quelques années. Si le fabricant japonais a eu des années de croissance continue de 2007 à 2013, au moment où les ventes de reflex connaissaient un véritable boom, depuis trois ans, elles sont au contraire en repli constant.
Les raisons sont variées, mais les plus souvent mises en avant sont la guerre des prix menée par des concurrents agressifs coréens (Samsung, LG…) ou japonais (Canon, Panasonic, Sony, FujiFilm) ; un manque de discernement de la direction qui n’a pas vu venir le développement de la vidéo de qualité dans les reflex et l’effondrement du marché des appareils d’entrée ou de milieu de gamme accéléré par la popularité des smartphones. Enfin, la qualité des appareils-photo Nikon semble avoir baissé au fur et à mesure que l’entreprise cherchait à faire des économies, comme différents problèmes l’ont rappelé : souci sur la mise au point des D800, poussière sur les capteurs des D600, dysfonctionnement avec le contrôle de la mise au point automatique des D3200/D4/D800E ; problèmes du viseur électronique des Nikon 1v3…
Nikon a présenté les résultats de son année fiscale [pdf], qui traditionnellement au Japon se termine en mars. La marque n’a pas réussi à réaliser le chiffre d’affaires et à atteindre les résultats prévus pourtant en mars dernier. En effet, le dernier trimestre (janvier-mars 2014) a vu une baisse importante (-25%) des ventes d’appareils-photo et d’objectifs par rapport à la même période de l’année précédente.
Cependant, tout n’est pas complètement noir, car le groupe a tout de même (légèrement) amélioré ses bénéfices. Mais parallèlement, ses dettes se sont également accrues… D’après les résultats annoncés, les appareils-photo Nikon représentent 29% des ventes totales, tout type d’appareils photo confondus. Les deux gammes principales de produits (appareils photo et semi-conducteurs) ont vu leurs ventes diminuer en 2013-2014. Le marché nippon des appareils photo se porte mieux que celui des autres pays, et la baisse des parts de marché de Nikon est la plus importante sur les marchés chinois et européens.
Le cours de l’action est désormais au plus bas, le même qu’en mars 2011, au moment où le séisme avait ravagé des sites de production de la marque dans le Tohoku. Par rapport à la même période l’année dernière, il a dévissé de plus de 42%.
Nikon a annoncé une série de mesures pour tenter de sortir de l’ornière : de nouveaux cadres exécutifs et membres du conseil administratif ont été nommés alors que d’autres étaient relégués à d’autres tâches. De plus, Nikon a annoncé une réorganisation interne dans l’espoir de retrouver les faveurs du public.
Certes, Nikon n’est pas seul dans la tourmente et les temps sont durs pour tous les autres constructeurs d’appareils photo dont Canon, le concurrent de toujours. Et l’arrivée chez Apple de l’ex-spécialiste de la photo numérique de Nokia, Ari Partinen, à qui l’on doit les qualités photographiques des Lumia, ne va sans doute pas calmer les inquiétudes des cadres de Nikon.