Le nouveau Mac Pro est présenté comme une véritable bête de course. Qu’est-ce que cela veut vraiment dire ? À quel point est-il plus puissant que les machines que vous possédez ? Premiers éléments de réponse avec le Mac Pro huit cœurs à 3 GHz (32 Go de RAM et 512 Go de SSD, 6 799 €) que nous sommes en train de tester.
Un mot sur notre procédure de test
La plupart des applications que nous utilisons dans nos tests ont été radicalement mises à jour ces derniers mois. Quitte à ne plus pouvoir directement comparer des machines, nous avons décidé de revoir notre procédure.
Au-delà de la valeur témoin qu’est le score Geekbench, nos tests « théoriques » doivent donner un bon aperçu des ressources de la machine. Ainsi parce que les cartes graphiques sont polyvalentes, elles sont désormais testées à la fois avec un « profil jeu » et avec un « profil 3D ». Et parce que la puissance brute n’est pas le seul élément à prendre en compte, nous mesurerons plus systématiquement la vitesse du disque et des connexions au réseau, ainsi que le bruit et la consommation énergétique des machines.
Nos tests « pratiques » se concentrent désormais sur un nombre réduit de domaines (audio, photo et vidéo). Nous avons reconduit nos anciens tests pour les applications grand public, mais avons adopté des tests standards pour les applications professionnelles. Nous utilisons ainsi BruceX et le Logic Multicore Benchmark Test pour mettre à l’épreuve les machines avec Final Cut Pro X et Logic Pro X, ou encore LuxMark pour avoir une idée de leur puissance de calcul avec OpenCL. Des tests que vous pouvez effectuer sur votre machine pour la comparer avec celles que nous testons.
Processeur
Le Mac Pro que nous testons est doté d’un Intel Xeon E5-1680 v2 huit cœurs. Un processeur, et pas deux : le Xeon E5-1680 n’est pas adapté aux configurations biprocesseur qu’Apple a de toute manière abandonnées avec le nouveau Mac Pro. Mais grâce à l’Hyper-Threading, ce processeur en vaut deux, et avec une fréquence de 3 GHz pouvant atteindre 3,9 GHz en mode Turbo, il efface sans peine son prédécesseur.
Reste que de ce point de vue, le nouveau Mac Pro n’est pas une révolution : les gains sont appréciables, mais n’ont rien de renversant. Il s’inscrit dans une progression continue et modérée, limitée à la fois par la feuille de route d’un Intel sans concurrence et les choix techniques effectués par Apple.
Graphismes
Et pour cette machine, Apple a décidé de mettre l’accent sur le traitement massivement parallèle à l’aide des cartes graphiques. Le Xeon E5-1680 est donc accompagné par deux cartes graphiques AMD FirePro D700 créées spécialement pour le Mac Pro, mais rappelant furieusement la FirePro W9000 avec leurs 2 048 processeurs de flux et leurs 6 Go de VRAM GDDR5. Les outils de bench n’utilisant qu’une carte, ils ne font rien d’autre que confirmer que la D700 est bien plus puissante que la Radeon HD 5770 des Mac Pro et la Nvidia GTX 660M des iMac fin 2012.
Reste qu’elle n’est pas forcément parfaitement à l’aise avec les jeux : son score Valley Benchmark est excellent à l’échelle des Mac, mais seulement passable une fois rapporté aux « tours PC » équipées de cartes plus généralistes. Vous n’aurez toutefois (et heureusement) pas de mal à faire tourner en full des jeux comme Starcraft II ou WoW à la définition d’un écran Thunderbolt 27 pouces.
Applications
La D700 est d’abord et avant tout une carte conçue pour le GPGPU, mais peu d’applications tirent aujourd’hui parti de sa puissance de calcul de 7 téraflops — citons toutefois Final Cut Pro X (Apple), DaVinci Resolve (BlackMagic), Foundry (Mari) et bientôt Photoshop et Premiere. Les résultats sont toutefois prometteurs : avec 2471, ce Mac Pro de test entre dans le top 10 des meilleurs résultats au test complexe de Luxmark ; c’est aussi le seul de nos Mac à afficher 24 i/s dans presque tous les cas du test Candle sous DaVince Resolve.
Évidemment, rien ne sert d’acheter ce Mac Pro si l’on n’utilise rien d’autre qu’iPhoto, iMovie et GarageBand : il fait à peine mieux qu’un iMac, parfois pire. Mais il est capable de gérer trois fois plus de pistes dans Logic Pro X, de convertir deux fois plus rapidement des clichés RAW en JPEG avec Aperture et d’exporter sept fois plus rapidement une vidéo 5K en HD 1080p avec Final Cut Pro X. Même son prédécesseur le Mac Pro bi-quad de 2012 est laissé sur place, lui qui s’étouffe avec deux fois moins de pistes dans Logic Pro X et qui exporte deux fois moins vite des photos et des vidéos.
Jamais un Mac Pro, même très haut de gamme, n’avait autant creusé l’écart avec un iMac prosumer et son prédécesseur. Mais jamais un Mac Pro n'avait été aussi spécialisé que cette machine pensée pour les professionnels de la vidéo, de l'image et du son, aux applications très spécifiques et aux larges baies de stockage.