Plus protecteur, plus rapide et plus complet, voici en résumé le nouveau Safari disponible dans macOS High Sierra et iOS 11. Faisons le tour des nouveautés.
Prévention intelligente du traçage (Mac et iOS)
L’une des nouvelles fonctionnalités soulignées pendant le keynote a été la prévention intelligente du traçage. Il s’agit d’une technologie d’apprentissage automatique servant à identifier les éditeurs (en particulier les publicitaires) qui suivent votre navigation et à supprimer les données de traçage d’un site à l’autre.
Le résultat, c’est une navigation plus confidentielle, avec moins de publicités ciblées notamment — il ne s’agit pas d’un bloqueur de publicités à proprement parler pour autant.
Apple détaille l’Intelligent Tracking Prevention sur le blog de WebKit. Le type de traçage contre lequel elle protège est appelé cross-site tracking :
Les sites web peuvent récupérer des ressources telles que des images et des scripts à partir d’autres domaines que le leur. Imaginez un utilisateur qui navigue en premier sur
exemple-produits.com
pour acheter un nouveau gadget et ensuite surexemple-recettes.com
pour une idée de dîner. Si les deux sites chargent des ressources deexemple-traçage.com
et que celui-ci enregistre un cookie dans le navigateur, le propriétaire deexemple-traçage.com
a la possibilité de savoir que l’utilisateur a visité le site de produits et de recettes, ce qu'il a fait sur ces sites, quel navigateur il utilise, etc.
Pour empêcher ce traçage pernicieux, la nouvelle technologie d’Apple commence par collecter des statistiques sur les ressources chargées par l’utilisateur, ainsi que ses interactions, comme les clics et les formulaires remplis. Avec des techniques d’apprentissage automatique exécutées en local, l’Intelligent Tracking Prevention définit ensuite continuellement quels sites peuvent exploiter le cross-site tracking, et quels sites n’ont pas le droit.
Prenons un exemple concret : vous avez visité un jour le site exemple.com
qui exploite le cross-site tracking. Si au bout de 30 jours vous ne vous êtes pas rendu de nouveau sur exemple.com
, tous les cookies et toutes les données de ce site sont supprimés. En revanche, si vous visitez de nouveau exemple.com
, la prévention intelligente du traçage va considérer que vous êtes intéressé par ce site et ajuster son comportement de la manière suivante :
- Jour 0 : les cookies peuvent être utilisés comme des cookies de tierce partie (donc le traçage cross-site est permis)
- J+1 : les cookies ne peuvent pas être utilisés comme des cookies de tierce partie
- J+30 : les cookies sont purgés
Si l’Intelligent Tracking Prevention ne bloque pas l’utilisation des cookies de tierce partie immédiatement, c’est parce qu’ils ne servent pas uniquement de mouchards. Ils sont utiles dans le cas où l’on veut se connecter à un site avec le compte d’un autre site (typiquement un compte Facebook, Twitter ou Google).
Apple prévient les développeurs web que cette technologie est susceptible de poser des problèmes aux stockages de données légitimes, autrement dit ceux qui ne sont pas utilisés pour tracer les internautes. Les développeurs sont invités à suivre quelques consignes et à contacter l’équipe de WebKit en cas de soucis.
Dans Safari 11, les préférences de confidentialité ont été revues en conséquence. Sur iOS 11, deux nouvelles options pas encore traduites en français font leur apparition : « Try to Prevent Cross-Site Tracking » et « Block New Cookies and Data ». Cette deuxième option est présente sur macOS High Sierra, mais pas la première, qui arrivera sûrement dans une prochaine bêta.
Blocage de la lecture automatique des vidéos sonorisées (Mac)
Toujours dans l’optique de rendre la navigation plus plaisante, Safari bloque par défaut la lecture automatique des vidéos sonorisées. Il s’agit souvent de publicités, mais de plus en plus de sites lancent aussi automatiquement leurs vidéos maison pour augmenter significativement leur nombre de vues.
Préférences par site web (Mac)
Si vous aimez que les vidéos sonorisées se lancent automatiquement, ou au contraire que vous voulez aussi empêcher la lecture des vidéos silencieuses, il faut vous rendre dans les préférences de Safari 11. Une nouvelle section « Sites web » permet de configurer les paramètres suivants par site : mode lecteur, bloqueurs de contenu, lecture automatique, zoom de la page, appareil photo, microphone, emplacement et notifications.
C’est très pratique alors que les options liées aux sites se multiplient et que l’on ne veut pas toujours traiter ces derniers sur un pied d’égalité. On peut également définir les options durant la navigation en faisant un clic secondaire sur la barre d’adresse puis en cliquant sur « Réglages pour ce site web ».
Mode lecteur automatique (Mac et iOS)
Le mode lecteur, qui permet de lire plus confortablement les pages web en masquant tous les éléments superflus, peut s’activer automatiquement sur certains sites ou sur tous les sites.
Sur Mac, l’option s’active soit en faisant un clic secondaire sur le bouton de la fonction dans la barre d’adresse, soit dans la section « Sites web » des préférences du navigateur. Sur iOS, il faut appuyer longuement sur l’icône du mode lecteur dans la barre d’adresse.
Appels audio et vidéo (Mac et iOS)
Cela n’a été ni mentionné durant le keynote, ni mis en avant sur le site d’Apple, mais Safari prend enfin en charge WebRTC, le standard pour les communications en temps réel de pair à pair. Cela signifie qu’il devient finalement possible de réaliser des appels audio et vidéo dans le navigateur d’Apple sans plug-in, sur Mac comme sur iOS.
De nombreuses messageries exploitent cette technologie, dont talky.io, qui est gratuit et ne nécessite pas d’inscription. En quelques clics, vous pouvez démarrer une conversation vidéo avec une autre personne sans rien installer et sans changer de navigateur, WebRTC étant maintenant supporté par tous. Il faudra juste autoriser l’accès à votre caméra et votre micro au préalable.
Néanmoins, certains services — notamment Skype Web et Hangouts — demandent toujours d’installer un plug-in en dehors de Google Chrome en raison d’une implémentation spécifique. Mais les bases sont là pour se passer totalement de plug-ins.
Meilleures performances (Mac et iOS)
Craig Federighi a assuré pendant la conférence que Safari 10 était le navigateur de bureau le plus rapide et qu’il allait accentuer son avance avec sa mise à jour. Safari 11 gère entièrement la norme ECMAScript 6 (informations techniques sur le blog de WebKit), ce qui se traduit pour l’utilisateur par des performances JavaScript optimisées. Ainsi, Safari 11 est 80 % plus rapide que Chrome dans ce domaine, selon le responsable de l’ingénierie logicielle.
La nouvelle version de Safari prend aussi en charge Brotli, un nouvel algorithme de compression open source créé par Google qui réduit le volume de données transférées par un site web vers le navigateur. À la clef, une plus grande réactivité, donc.
Web apps plus modernes (iOS)
Les sites web que vous ajoutez à l’écran d’accueil de votre iPhone et de votre iPad bénéficient des derniers raffinements de WebKit : tapotements plus réactifs, scroll snapping, comportement de la fenêtre revu, etc.
Avant iOS 11, il y avait en effet un décalage entre le site vu dans Safari et le même site encapsulé dans une web app sur l’écran d’accueil. S’il y a donc du mieux, on reste sur des web apps isolées du reste du système, alors que Google les intègre profondément dans Android.
Retrait du lecteur de flux RSS (Mac)
Le lecteur de flux RSS intégré à Safari a été retiré. Si vous ne saviez pas qu'il en avait un, c'est parce qu'il était bien caché dans la barre latérale. Certainement peu utilisé, Apple a donc fait le choix de l'enlever. Si vous vous en serviez, il faudra vous tourner vers un service web, comme Feedly, ou un client dédié, comme le génial Reeder ou le plus abordable Daily.
Nouveautés développeurs (Mac et iOS)
Pour finir, les développeurs disposent également de nombreuses nouveautés. Dans les plus notables, les créateurs d’applications iOS peuvent personnaliser plus largement la vue web intégrée à leur app. Ils peuvent remplacer le mot « OK », qui sert à fermer la vue web, par un autre mot, exclure certains éléments du panneau de partage, et désactiver la réduction de la barre d’adresse.
Les développeurs web gagnent quant à eux de nouveaux outils pour tester leur site et la possibilité d’exploiter le format WebAssembly pour proposer des web apps plus sûres et plus performantes.