Le nouveau Mac mini sortira demain, 7 novembre. Après quatre ans sans aucune nouveauté, cette nouvelle version était très attendue et c’est encore peu dire. En attendant notre propre test, Apple a envoyé quelques exemplaires à la presse américaine et à des blogueurs. Voici ce qu’ils ont pensé du plus petit des Mac.
Pour écrire cet article, les avis de TechCrunch, d’AppleInsider, de Tom's guide, de Marco Arment et de Jason Snell ont été compilés.
Pendant toutes ces années où le Mac mini n’a pas été mis à jour, les spéculations les plus folles sont apparues sur les directions qu’Apple pourrait prendre avec cet ordinateur. En restant avec du matériel léger, le constructeur pouvait suivre la voie d’Intel et de ses NUC, réduire la taille de l’ordinateur au minimum, pourquoi pas retirer son ventilateur pour offrir une expérience silencieuse.
Rien de tout cela finalement, Apple a conservé exactement le même design qu’avant. En tout cas, les mêmes dimensions externes, comme le rappelle Brian Westover de Tom’s Guide, en soulignant que ce qui était petit à la sortie du premier Mac mini ne l’est plus autant aujourd'hui. D’autres constructeurs font bien mieux et le journaliste évoque des modèles extrêmement petits, avec des ordinateurs parfois réduits à une clé HDMI.
Même si les dimensions externes n’ont pas changé, cela ne veut pas dire que le Mac mini de 2018 est une simple mise à jour mineure de celui de 2014. Pour commencer, il n’est proposé qu’en gris sidéral, contre l’aluminium couleur naturelle que l’on avait jusque-là. Une couleur plus moderne, juge Tom’s Guide, plus professionnelle dans l’esprit d’Apple et Brian Heater de TechCrunch apprécie aussi le changement, en notant que c’est la même couleur que son Mac portable. Au-delà de la couleur, les deux versions sont identiques, à tel point qu’on les confondrait aisément, glisse Andrew O'Hara d’AppleInsider.
Mais naturellement, glisse Jason Snell, la couleur n’est pas le changement qui compte ici. L’intérieur a été totalement revu pour accommoder les processeurs plus puissants et donc une ventilation nécessairement plus grande. L’alimentation, toujours intégrée au Mac mini, est aussi plus puissante et donc plus grosse, pour la même raison. Comme sur l’iMac Pro, la place supplémentaire a été obtenue en supprimant totalement les disques durs.
Le Mac mini n’est fourni qu’avec des SSD, 128 Go de base et aussi dans le modèle testé par la majorité. En effet, contrairement à l’iPad Pro qui avait été fourni par Apple dans la version la plus chère, c’est le modèle de base, vendu 899 € en France, que les testeurs ont essayé à une exception près. Tous les tests indiquent que c’est nettement plus qu’avant, 350 € de plus en France, mais à ce prix-là, on a beaucoup plus de puissance qu’avant.
Même dans sa configuration de base, avec un Core i3 quad-core à 3,6 GHz, le Mac mini n’est pas lent et il est nettement plus rapide que tous ses prédécesseurs. Dans son test, AppleInsider compare la puissance du processeur mesurée avec GeekBench avec le Mac mini de 2014 le plus puissant et celui de 2012, dernière génération à proposer un processeur quad-core. Dans les deux cas, le modèle de 2018 fait bien mieux, même si cette configuration de base est inférieure aux meilleurs Mac du marché, y compris les MacBook Pro 13 et 15 pouces de dernière génération.
Vous voulez de la puissance ? Le Mac mini en a à revendre si vous mettez le prix et que vous optez pour le Core i5 à six cœurs à 3 GHz (avec Turbo Boost jusqu’à 4,1 GHz), ou surtout le Core i7 également à six cœurs à 3,6 GHz proposé en haut de la gamme (avec Turbo Boost 4,6 GHz et Hyper Threading). Apple a envoyé à Marco Arment cette version haut de gamme, avec 32 Go de mémoire vive et 1 To de stockage SSD. Un modèle qui frôle les 3 000 € en France, mais qui transforme le Mac mini en monstre de puissance, capable de rivaliser avec un iMac Pro.
Le développeur d’Overcast a d’ailleurs utilisé ce Mac mini pour compiler son app et il a obtenu un temps quasiment identique à son iMac Pro équipé d’un processeur Xeon à 10 cœurs. À titre de comparaison, le tout-en-un ainsi configuré commence à 6 459 €, ce qui veut dire que le Mac mini propose le même niveau de performances pour un prix deux fois moins élevé.
Son iMac Pro garde l’avantage dans les tâches les plus exigeantes, comme l’encodage d’une vidéo en H.265. Dans ce cadre, le Mac mini a besoin de 20 minutes de plus que le tout-en-un, mais plus de trente minutes de moins qu’un MacBook Pro 13 pouces de 2018. Presque pour le fun, le développeur a testé la même tâche sur son Mac mini de 2014, et il lui a fallu… 3 h 38 minutes de plus !
En termes de performances, le gros point noir de cette génération est à chercher du côté de la puce graphique. Il n’y a pas de puce dédiée, c’est la puce Intel intégrée au processeur qui fait le travail. Résultat, le Mac mini est largué face à l’iMac Pro et sa carte graphique dédiée. Il se fait aussi dépasser par le MacBook Pro 13 pouces qui n'a pourtant pas non plus de carte dédiée, mais une puce Intel plus puissante dans ce domaine.
Le Mac mini 2018 fait mieux que l’ancien modèle, et surtout, il est compatible avec les cartes graphiques externes, reliées en Thunderbolt 3. Voilà qui ouvre de nombreuses options nouvelles, notamment pour tous ceux qui ont de gros besoins sur le plan graphique. C’est le point qui ressort d’ailleurs de tous les tests : ce Mac mini est une machine extrêmement polyvalente, plus encore que les versions précédentes.
Vous voulez l’utiliser comme serveur ? Apple propose une nouvelle option pour passer la prise Ethernet à 10 Gbit/s. Vous voulez l’utiliser pour des usages graphiques exigeants ? La carte graphique d’Intel ne fera pas l’affaire, mais vous trouverez quatre ports Thunderbolt 3 au dos. Comme le soulignent tous les testeurs, Apple a conservé la connectique quasiment à l’identique, comme elle l’avait fait sur l’iMac Pro.
On retrouve ainsi quatre ports Thunderbolt 3 et USB-C, deux ports USB 3.0 au format historique, une prise HDMI 2.0 et même une prise jack. Il manque un lecteur de carte SD, une entrée audio et la possibilité de brancher un câble audio optique, en entrée comme en sortie. Ces options manqueront à certains utilisateurs, mais comme le soulignent les premiers tests, il reste suffisamment de choix au dos du Mac mini pour compenser.
Même si le prix de base a augmenté, Apple a opté pour les meilleurs composants du moment pour ce Mac mini, en particulier sa puce T2 qui se charge d’assurer la sécurité du système et qui offre aussi des performances spectaculaires pour le SSD. Tom’s Guide a mesuré des transfert à plus de 2,5 GB/s, soit la même vitesse qu’un iMac Pro et bien plus que les petits PC qui concurrencent l’ordinateur d’Apple par la taille. En revanche, le SSD est soudé à la carte-mère et il doit être sélectionné à la configuration. On peut installer jusqu’à 2 To, pour près de 2 000 €.
De base, le Mac mini propose 8 Go de mémoire vive, avec la possibilité de l’augmenter, jusqu’à 64 Go de RAM. Une option facturée 1 680 € par Apple, mais la bonne nouvelle, c’est qu’il s’agit de barrettes standard. Ce qui veut dire qu’il sera possible d’en ajouter après coup, même si ce n’est pas évident à faire soi-même. Jason Snell précise que ce n’est pas aussi simple qu’avant, pas parce qu’il faut des outils spécifiques pour ouvrir le capot en dessous (tourner la base en plastique ne suffit plus), mais plutôt parce que la ventilation occupe l’espace directement accessible.
Pour changer la RAM, il faut démonter plusieurs éléments et Apple suggère de le faire dans ses boutiques ou chez un réparateur agréé. Vous pouvez toutefois le faire vous-même, sans effet sur la garantie… sauf si vous cassez quelque chose. Et pour ne rien simplifier, vous devrez garder les barrettes originales pour les réparations. Bref, c’est possible, mais mieux vaut équiper correctement son Mac mini dès la commande.
Ce système de ventilation gonflé reste très silencieux. En usage courant, le Mac mini devrait rester aussi discret, voire inaudible, que les anciens modèles. Quand il est poussé au maximum de ses capacités, son unique ventilateur se fait entendre, mais il reste plus discret qu’un MacBook Pro 13 pouces dans les mêmes conditions, ce qui est très encourageant. Tom’s Guide a testé la configuration de base avec un Core i3 et noté qu’elle était très silencieuse et jamais chaude. La surface de l’ordinateur n’a jamais dépassé les 30° C pendant leurs tests, un excellent signe sur la durée.
À l’heure des bilans, l’enthousiasme est sensible partout. Non seulement parce que l’on pouvait s’attendre à un abandon complet de cette gamme, après quatre ans sans mise à jour, mais aussi parce qu’Apple aurait pu proposer un Mac mini pire qu’avant, souligne Marco Arment. C’est tout le contraire, le constructeur a conservé tous les attraits de la machine, mais dans une relecture moderne.
Le Mac mini est un produit de niche, probablement le Mac qui se vend le moins, suggère Jason Snell, mais c’est un produit polyvalent qui répond à des besoins variés, le « couteau suisse des Mac ». En conservant la même taille qu’avant et quasiment les mêmes connecteurs, Apple capitalise sur le succès des modèles précédents, explique TechCrunch, qui rappelle que l’ordinateur peut notamment faire office de serveurs en data center. En évitant de changer le design général, Apple permet à ceux qui ont fait ce pari de mettre à jour leur offre sans rien changer.
Certes, le Mac mini n’a jamais été aussi cher, mais il n’a jamais été aussi puissant non plus. Marco Arment compare souvent ce nouveau modèle à l’iMac Pro, et il est vrai que c’est une mise à jour très similaire. À tel point que l’on peut presque parler d’iMac Pro sans écran, même si ce nouveau venu n’est pas à la hauteur pour les graphismes. Ce n’est plus le Mac dédié aux switchers des débuts, c’est un ordinateur puissant que bon nombre de professionnels peuvent utiliser.