Les MacBook Pro lancés au début de l’été répondent finalement aux besoins de la majorité des utilisateurs professionnels. Certes, l’autonomie peut décevoir un peu, mais question puissance, ces machines font le job (lire nos tests du 13 pouces et des 15 pouces).
Apple doit maintenant s’attaquer à la gamme grand public de ses portables. Et là, c’est un petit peu la foire à la saucisse entre le MacBook Air, le MacBook tout court et le MacBook Pro sans Touch Bar1. La dernière révision de ces trois familles d’ordinateurs remonte à juin dernier et il est temps désormais de les renouveler.
Mais Apple n’aurait-elle pas en tête de chambouler cette gamme devenue très compliquée, quitte à laisser certaines machines sur le bord de la route ? L’ordinateur le plus en danger semble clairement être le MacBook Air.
Fin de parcours pour le MacBook Air ?
Le vaillant MacBook Air, dont on a fêté les 10 ans il n’y a pas si longtemps, pourrait bien être sacrifié cette année. Cela fait un bail que l’ordinateur n’a pas été mis à jour un peu sérieusement, et même s’il ne démérite pas, force est de constater que ses composants ne sont plus du tout à jour.
À commencer bien sûr par l’écran : le MacBook Air partage avec l’iMac 21,5’’ d’entrée de gamme le triste privilège de n’avoir toujours pas embarqué dans le train du Retina. Son processeur de cinquième génération (Broadwell), qui peut toujours s’acquitter honorablement de la plupart des tâches qu’on lui confie, tire néanmoins la langue.
Il existe aujourd’hui un faisceau d’indices qui laisse penser qu’Apple va renouveler en profondeur son idée d’un Mac portable à pas cher. D’une part, il y a les prédictions récentes de Ming-Chi Kuo, dont les intuitions sont rarement prises en défaut.
L’analyste pronostique ainsi le lancement d’un nouveau portable « pas cher », ce qui pourrait signifier moins de 1 000 $ (le MacBook Air actuel étant facturé 999 $, ou 1 099 € par chez nous). En janvier, Digitimes annonçait également un portable d’entrée de gamme de 13 pouces au design profondément revu.
La fiche technique semble se préciser avec cette nouvelle indiscrétion d’Economic Daily News qui indique que le moteur de cette nouvelle machine serait un processeur Kaby Lake Refresh, dite de huitième génération.
Et c’est là que les choses deviennent intéressantes, car une des caractéristiques de cette architecture « rafraîchie » est la présence de deux cœurs supplémentaires. Il faut donc s’attendre à des performances sérieusement revues à la hausse pour l’ordinateur qui en serait équipé, surtout avec un modèle actuel qui se contente d’un processeur datant de 2014.
On a vu la différence de performances avec le MacBook Pro 13’’ avec Touch Bar qui est lui aussi passé de deux cœurs (7e génération, Kaby Lake) à quatre cœurs (8e génération, Coffee Lake) : sur les tâches nécessitant plusieurs cœurs, la version 2018 double quasiment de puissance par rapport à son équivalent de l’an dernier.
Ajoutons à cette machine « budget » un écran 13 pouces Retina et un port USB-C, et on obtiendrait une machine polyvalente et puissante, l’outil de prédilection des étudiants et de l’utilisateur ayant ponctuellement besoin d’un peu de patate.
Si Apple veut proposer un nouveau portable digne de succéder au MacBook Air, avec quelques unes des caractéristiques modernes que l’on est en droit d’attendre, le constructeur devra faire des compromis, par exemple sur le design (des bordures épaisses autour de l’écran), la connectique (pas de Thunderbolt 3), le stockage…
Le portrait robot d’un ordinateur portable Retina puissant et aux talents variés ressemble beaucoup à une machine déjà présente dans la gamme Pro : on parle bien sûr du MacBook Pro 13’’ sans Touch Bar… Et ce n’est sans doute pas un hasard si Apple ne l’a pas mis à jour en même temps que les autres Pro.
Un MacBook Pro sans Touch Bar est-il encore un pro ?
Drôle de zèbre que ce modèle. C’est le seul de la gamme Pro à ne pas intégrer la Touch Bar et Touch ID, c’est aussi le dernier de cette famille à se contenter d’un processeur à deux cœurs Kaby Lake et de deux ports Thunderbolt 3 (au lieu de 4 sur toutes les autres machines).
On a pu présenter ce MacBook Pro comme le successeur du MacBook Air ; en tout cas, il porte en lui quelques unes des spécifications attendues par ceux qui ne peuvent se contenter du MacBook : un écran Retina, plusieurs ports, de la polyvalence et de la puissance (plus que le MacBook Air, en tout cas).
L’avenir dira si Apple a l’intention de conserver cet ordinateur dans sa gamme Pro. Notre intuition, qui vaut ce qu’elle vaut, c’est que le constructeur pourrait décider de ne plus proposer aux utilisateurs professionnels que des machines portables équipées d’une Touch Bar.
Au-delà du débat sur son utilité, cet équipement est surtout l’occasion pour Apple d’intégrer Touch ID, une enclave sécurisée, ainsi qu’une batterie de mesures de sécurité auxquelles les utilisateurs professionnels sont sensibles. Tout cela est onéreux, la Touch Bar nécessite une puce Arm et mine de rien, elle pèse aussi sur la batterie.
Le MacBook Pro sans Touch Bar aurait donc, dans la future configuration de la famille de portables Apple, vocation à disparaître ou du moins à devenir le « haut de gamme » de la future « entrée de gamme » représentée par le MacBook Kaby Lake Refresh décrit ci-dessus. Ce MacBook sans Touch Bar perdrait l’étiquette « Pro » mais conserverait ses deux ports Thunderbolt 3. Ce qui lui ouvrirait au passage la route vers la prise en charge des eGPU pour les plus joueurs ou les prosumers.
Pour appuyer la différence, peut-être qu’Apple y joindrait le True Tone des modèles Touch Bar, une fonction qui a de toutes façons vocation à s’intégrer dans tous les Mac équipés d’écran. Sans oublier le stockage, la mémoire vive et (on peut rêver) un effort sur la carte graphique…
Reste à savoir quel processeur Apple pourrait lui adjoindre : on voit mal cette machine garder sous le capot une puce limitée à deux cœurs avec à côté une entrée de gamme équipée d’un processeur plus puissant.
Ces plans sur la comète sont bien sympathiques, mais le puzzle n’est pas tout à fait complet. Il reste encore à déterminer le sort des MacBook « tout court », et ce n’est pas le plus facile.
Apple pourrait tout simplement décider de mettre fin à cette famille de portables. Mais le MacBook tient une place particulière dans le catalogue du constructeur : cet ordinateur démontre à quel point la légèreté et la finesse sont importantes aux yeux d’Apple. Quitte à sacrifier la connectique et la puissance, pourvu que le design soit là…
Soyons juste, le MacBook est un ordinateur tout à fait compétent sur des tâches de base et ce, sans faire un seul bruit puisqu’il n’intègre pas de ventilateur ; pas besoin d’une machine de guerre pour aller sur internet, se servir de Pages ou éditer une photo (en particulier avec le superbe écran Retina de la bestiole). Mais dès qu’on lui en demande un peu plus, ça coince irrémédiablement.
C’est que le MacBook est limité par son processeur : les Core m3 et i5 actuels sont certes de la 7e génération Kaby Lake, mais ils sont bien moins puissants que leur homologue équipant le MacBook Pro 13’’ sans Touch Bar : les premiers sont de la série Y, le second émarge dans la série U. On aime bien faire compliqué chez Intel…
Les Y sont bien adaptés aux ultra-portables sans ventilateur comme le MacBook, ils sont également bien plus économes en énergie, mais au rayon performances il ne faut pas en attendre de miracles (lire notre test du Core i5 de 2017).
Dans cette future famille de portables, le MacBook pourrait conserver sa place : un ordinateur léger, design, silencieux, pas forcément le plus puissant ni le plus polyvalent, mais un produit qu’on aime mettre en avant et qui représente en quelque sorte l’essence de ce vers quoi Apple veut tendre.
À quoi ressemblerait cette nouvelle gamme de Mac ?
Mais ne nous arrêtons pas là. Si Apple doit revoir en profondeur sa gamme « grand public » d’ordinateurs portables, alors on peut imaginer que le constructeur a mis au point un châssis unique aménageant suffisamment de place pour un processeur puissant et un petit ventilateur. Un châssis comprenant un minimum de deux ports, et qui peut accueillir un écran Retina de 13 pouces.
La Pomme en profiterait pour fusionner le MacBook Air et le MacBook Pro sans Touch Bar. Dans cette optique, voici à quoi pourrait ressembler la gamme :
- Autour de 1 000 $ : un MacBook 13’’ Retina avec deux ports USB-C, un processeur Kaby Lake Refresh à quatre cœurs, 128 Go de SSD, 8 Go de RAM.
- Autour de 1 400 $ : un MacBook 13’’ Retina (True Tone) avec deux ports Thunderbolt 3, un processeur Coffee Lake quatre cœurs, 256 Go de SSD, 8 Go de RAM.
- Autour de 1 200 $ : un MacBook 12’’ Retina « rafraîchi » pour les fashionistas et ceux qui ne peuvent se résoudre à acheter un iPad.
-
On vous fera grâce de ne pas inclure dans le mix l’iPad Pro, bien que le lancement probable des nouvelles tablettes à la rentrée va encore complexifier l’équation. ↩︎