Parce qu’il a bien failli remplacer le Mac Pro, parce qu’aucun autre Mac n’est aussi puissant, parce qu’il ne vaut pas moins de 5 499 €, l’iMac Pro mérite un traitement particulier. Avant de vous livrer notre avis général, nous vous proposons d’étudier certains aspects de l’iMac Pro, pour mieux comprendre cette machine très spéciale et mieux informer votre éventuelle acquisition. Premier article de cette série, que vous pouvez suivre avec le mot-clef « Test iMac Pro 2017 », consacré aux processeurs Intel Xeon W.
L’iMac Pro a la primeur des nouveaux processeurs Intel Xeon W, ces processeurs gravés en 14 nm utilisant l’architecture Skylake, qui font le pont entre les processeurs Core pour le grand public et les processeurs Xeon Scalable pour les serveurs. Dell prend les commandes de stations de travail pareillement équipées, contrairement à HP ou Lenovo, mais ne compte pas les livrer avant la fin du mois prochain. Les fabricants de PC utilisent pourtant des processeurs off the shelf, alors qu’Apple s’est fait faire des puces sur mesure.
L’iMac Pro est disponible avec des processeurs octa-, déca-, tétradéca- et octadécacœur. Le catalogue d’Intel comprend quatre processeurs qui répondent à cette description :
- le Xeon W-2145 octacœur à 3,7 GHz (Turbo Boost à 4,5 GHz) ;
- le Xeon W-2155 décacœur à 3,3 GHz (Turbo Boost à 4,5 GHz) ;
- le Xeon W-2175 tétradécacœur à 2,5 GHz (Turbo Boost à 4,3 GHz) ;
- et le Xeon W-2195 octadécacœur à 2,3 GHz (Turbo Boost à 4,3 GHz).
Apple utilise bien ces deux dernières puces, mais snobe les deux premières. En lieu et place, l’iMac Pro utilise :
- un Xeon W-2140B octacœur à 3,2 GHz (Turbo Boost à 4,2 GHz) ;
- et un Xeon W-2150B décacœur à 3 GHz (Turbo Boost à 4,5 GHz).
Le « B » final désigne une puce « hors série », tirée d’un lot fabriqué spécialement (et précocement) pour l’iMac Pro, comme Intel avait pu produire des puces spécifiques au MacBook Air. Toutefois, une étude détaillée de leur fiche technique ne montre pas de différence majeure entre le Xeon W-2140B et le W-2145 d’une part, et entre le Xeon W-2150B et le W-2155 d’autre part.
On peut donc parler de versions légèrement sous-cadencées des processeurs de série, dont les caractéristiques thermiques ont probablement été baissées pour faciliter la tâche du système de refroidissement (Intel autorise normalement les processeurs à huit et 10 cœurs à monter à une température de deux à quatre degrés supérieure à la température maximale des processeurs à 14 et 18 cœurs). Ainsi, alors qu’Intel annonce un TDP de 140 W, nous n’avons jamais mesuré le W-2140B au-delà de 120 W, même en saturant ses huit cœurs pendant douze heures.
Au-delà du nombre de cœurs et de la fréquence maximale, Apple insiste lourdement sur des aspects moins souvent cités, mais pas moins importants. La mémoire cache, d’abord, une mémoire extrêmement rapide qui évite au processeur d’aller chercher des informations dans la mémoire centrale. Les processeurs Intel Xeon W de l’iMac possèdent 1 Mo de mémoire L2 par cœur, ainsi que 11 à 24,75 Mo de mémoire L3 partagée.
La prise en charge des instructions vectorielles AVX-512, ensuite, c’est-à-dire du jeu d’instructions AVX avec 32 registres SIMD de 512 bits. AVX, pour advanced vector extensions, est un jeu d’instructions qui permet d’augmenter le parallélisme et d’accélérer les opérations en virgule flottante. Entre autres choses, la compilation avec Clang/LLVM dans Xcode peut tirer parti d’AVX-512.
Les processeurs Intel Xeon W possèdent d’ailleurs deux unités FMA (fused multiply-add) spécialisées dans le calcul « multiplie puis accumule » en virgule flottante. Vous n’avez rien compris ? Disons simplement que les processeurs Intel Xeon W sont particulièrement adaptés à la gestion de flux de données massifs et complexes, et peuvent répondre à toutes les exigences des applications graphiques, scientifiques, ou encore financières.
D’autant que dans l’iMac Pro, ces processeurs ne font rien d’autre (ou presque) que leur travail de processeur. La puce T2 les décharge de certaines tâches annexes, comme le chiffrement AES nécessaire au fonctionnement de FileVault, ou l’orchestration des divers composants. Au total, l’iMac Pro est très puissant, même dans sa configuration « de base » à huit cœurs. Ou plutôt, il est très puissant si vos applications sont capables de mettre ses huit à dix-huit cœurs à l’ouvrage.
Si les applications avec lesquelles vous gagnez votre vie ne sont pas optimisées pour le traitement parallélisé, ou ne peuvent pas l’être par nature, ou sont surtout sensibles à la fréquence, choisissez l’iMac « pas pro » plutôt que l’iMac Pro. La machine la plus rapide en pointe reste l’iMac 5K 2017 doté du processeur Intel Core i7-7700K quadricœur à 4,2 GHz (Turbo Boost à 4,5 GHz) en option, une configuration à 4 279 € avec 32 Go de RAM et 1 To de SSD.
Mais si vous utilisez des applications optimisées pour le parallélisme, alors aucune autre machine de la gamme d’Apple ne pourra rivaliser avec l’iMac Pro. C’est particulièrement vrai si vous utilisez Final Cut Pro ou Logic, qui calaient autour de six à huit cœurs, mais sont maintenant capables d’utiliser jusqu’à dix-huit cœurs. Nous évaluons actuellement une sélection d’applications professionnelles pour vous livrer des données plus précises sur les gains potentiels.
Les performances brutes ne font pas tout, ou sinon Apple aurait pu se tourner vers les processeurs Core i9. Si elle a choisi les processeurs Xeon W, c’est aussi parce qu’ils prennent en charge la mémoire ECC et possèdent plus de lignes PCIe, un élément qui fait la différence dans la conception d’une machine devant posséder quatre ports Thunderbolt 3.0 et deux SSD ultrarapides.
Le prochain « épisode » de cette série sera consacré au système de refroidissement de l'iMac Pro, et à sa capacité à maintenir le même niveau de performances pendant plusieurs heures.