Les ordinateurs finalement, c’est comme la vie : ils naissent et ils meurent, et cela prend plus ou moins de temps. Le vénérable MacBook Pro 13 pouces avec son lecteur SuperDrive est toujours au catalogue, sans aucune mise à jour depuis plus de 4 ans… et pourtant il est toujours vendu par Apple. Le MacBook Air n’est pas encore sur cette voie de garage, même si le lancement l’an dernier du MacBook 12’’ Retina le pousse inexorablement vers la sortie.
Le MacBook Air a encore quelques belles années à vivre. L’ordinateur lancé en 2008 a connu bien des itérations pour devenir ce qu’il est aujourd’hui : une machine polyvalente, raisonnablement puissante (suffisante en tout cas pour la majorité des tâches du quotidien), silencieuse, avec une bonne autonomie et surtout, relativement abordable. On peut même dénicher des modèles reconditionnés récents à partir de 839 €.
C’est la somme de tous ces atouts qui fait du MacBook Air le Mac le plus vendu actuellement, une couronne qu’il conserve trimestre après trimestre (bien aidé, il est vrai, par l’apathie d’Apple pour renouveler ses ordinateurs). Et il ne faudrait pas grand chose pour que l’ultra-portable continue de trôner en tête des ventes pendant encore plusieurs années si la Pomme se donnait un tout petit peu de mal.
Plus beaucoup d’amour pour le MacBook Air
La dernière mise à jour du MacBook Air a été l’occasion de quelques sueurs froides chez les nombreux fans de cet ordinateur : 8 Go de RAM sur le 13 pouces, et… c’est tout. Le 11 pouces devra se contenter d’une mémoire vive de 4 Go pour le même prix (hors option). Difficile dans ces conditions de ne pas parler de déclassement, ce qui était déjà le cas depuis quelques temps, Apple se contentant d’améliorations à la marge.
Alors qu’on s’était presque résolu à accepter la fin inéluctable de cette gamme, une lueur d’espoir est apparue par l’intermédiaire de la plume du toujours bien renseigné Mark Gurman : en plus de tout le reste (nouveaux MacBook Pro à ruban OLED, nouvel écran, iMac rafraîchis, n’en jetez plus), Apple mettrait aussi à jour ses MacBook Air en octobre — et on ne parle pas d’un simple speed bump, mais d’une nouveauté inattendue : l’intégration d’un port USB-C "multi-fonctions".
Cet ajout, s’il s’avère, aurait deux vertus : d’une part, cela indique qu’Apple croit en l’USB-C, ce qui est une bonne nouvelle pour ce connecteur et son écosystème. D’autre part, cela démontre que le constructeur en a encore sous la pédale pour son best-seller.
Apple a besoin d’un ordinateur performant et "bon marché" : les ventes de Mac piquent du nez faute de nouveautés. Et les produits censés sortir en octobre, comme les MacBook Pro et les écrans, ne seront sans doute pas des produits destinés au grand public (comprendre : le compte en banque va en prendre un coup).
Les parts de marché, ce n’est pas la première des préoccupations pour Apple (qui préfère capter un maximum des profits comme on le voit avec l’iPhone). Mais tout de même, il s’agit de ne pas disparaitre complètement des radars. Et quand Apple veut, Apple peut : même si l’iPhone SE est le produit d’un certain pragmatisme, c’est d’abord et avant tout un très bon smartphone qui n’a pas grand chose à envier à l’iPhone 6s, comme nous avons eu l’occasion de le souligner dans notre Timeline consacrée au petit téléphone.
Est-ce qu’Apple a l’envie et la volonté de lancer cette année une sorte de MacBook Air SE ? C’est ce que nous appelons de nos vœux, tout comme bon nombre d’utilisateurs qui recherchent le meilleur rapport qualité/prix/performances. À quoi pourrait ressembler un tel ordinateur ? Rêvons un peu.
Un écran plus moderne ?
La plus grande faiblesse du MacBook Air, c’est son écran. La dalle exploite la technologie TN qui accuse le poids de ses faiblesses : angles de vision médiocres et un rendu qui n’est plus au niveau de ce qu’on est en droit d’attendre d’Apple. La comparaison fait particulièrement mal quand on compare l’écran d’un MacBook Air avec celui d’un MacBook 12" Retina…
Si d’aventure Apple se décidait à faire cet effort, il ne faudra pas s’attendre à du Retina, au risque de faire flamber la petite note. La Pomme a toujours profité de la multiplication des pixels dans les dalles de ses Mac pour en augmenter les prix.
Mais si déjà le constructeur voulait bien passer à une dalle IPS, qui offre un bon rendu des couleurs et des angles de vision très larges, on serait déjà bien heureux. Et puis ce serait finalement logique, puisque tous les ordinateurs d’Apple — à l’exception des MacBook Air, donc — carburent à l’IPS.
Quant à la définition, elle aussi pourrait s’améliorer : on se sent vite à l’étroit, en particulier sur l’écran 11" du MacBook Air d’entrée de gamme (1 366 x 768). Même en plein écran, certains logiciels demandent beaucoup de manipulations à la souris (au hasard, iTunes et la nouvelle interface Apple Music de macOS). Certes, cette définition est devenue un standard, mais on trouve des portables de même taille en 1 920 x 1 080 comme Aspire Switch 11 V d’Acer ou le ThinkPad Helix de Lenovo.
Un trackpad Force Touch et un clavier retouché ?
Sur le versant logiciel, Apple n’a pas forcé son talent pour imposer définitivement Force Touch, et macOS Sierra n’apporte rien de neuf dans ce domaine malheureusement. Malgré tout, la technologie de reconnaissance de la pression est présente sur tous les MacBook et MacBook Pro (à l’exception du modèle SuperDrive), et bien sûr dans le Magic Trackpad.
Le MacBook Air sera-t-il le prochain ordinateur à bénéficier de Force Touch ? Ce n’est peut-être pas la fonction la plus attendue, mais son intégration dans le trackpad du MacBook Air témoignerait clairement de l’intérêt renouvelé d’Apple dans son ultra-portable (et cela rassurerait les clients).
Si on peut éventuellement parier sur l’intégration de Force Touch dans le MacBook Air, on ne mettrait pas une pièce sur un changement de clavier. Apple a beaucoup expérimenté ces derniers temps (clavier "papillon" du MacBook 12’’ Retina, Magic Keyboard, Smart Keyboard de l’iPad Pro), mais on imagine mal un nouveau clavier pour l’ultra-portable.
Les exemples récents montrent que le constructeur ne modifie ses claviers que pour de nouveaux produits. Et puis celui du MacBook Air offre toujours une très bonne ergonomie, pourquoi vouloir en changer ?
Un effort sur le processeur et le stockage ?
Les MacBook Air carburent à un processeur Core i5 de génération Broadwell, lancée par Intel en 2014. Les gains de performance relativement minimes obtenus depuis par le fondeur ne pénalisent pas réellement l’ordinateur, mais avec Kaby Lake à l’horizon, les différences de génération vont commencer à se voir.
La gamme “U” de Kaby Lake, celle qui pourrait être employée dans les MacBook Air, promet un gain de 12% dans les applications de productivité, et de 19% pour le web par rapport à Skylake, la génération qui a suivi Broadwell. Cette hausse des performances est surtout obtenue grâce à la hausse des fréquences (de 2,4 à 2,7 GHz).
Apple est passée à Skylake avec l’iMac 5K, puis sur le MacBook 12" Retina sorti au printemps. On verra ce qu’Apple fera avec Kaby Lake, dont la production a débuté au deuxième semestre. Mais on sent instinctivement que si les MacBook Air devaient passer à cette casserole, ils seraient les derniers servis.
Apple pourrait néanmoins profiter de Skylake, qui intègre une meilleure répartition des rôles entre le CPU et OS X pour optimiser la batterie, un domaine dans lequel la Pomme est experte et qui profite déjà aux MacBook Air actuels. On est toujours preneur d’une heure ou deux supplémentaires.
Quant au stockage, et à l’heure où l’iPad (et bientôt l’iPhone ?) propose 256 Go de stockage, la dotation du MacBook Air (128 Go en entrée de gamme) parait bien chiche. Surtout en face du MacBook 12" Retina qui, lui, offre 256 Go par défaut… Pour le MacBook Air, Apple propose une option pour passer à 512 Go facturée au prix fort (360 €) et qui ne concerne de toutes les façons que les modèles de 256 Go de base.
On voit mal Apple faire un effort dans ce domaine (par exemple passer tous les modèles de MacBook Air à 256 Go), alors que le MacBook Pro 13" à 1 499 € n’emporte que 128 Go…
Pour conclure
Il ne manque pas grand chose au MacBook Air pour revenir faire le beau dans la cour des ultra-portables. Rien qu’un écran IPS ferait une grande différence, même sans en changer la définition. Ensuite, on peut toujours rêver à de meilleurs processeurs, au Force Touch, à 8 Go de RAM dans toutes les configurations de base, … Si on ajoute à cela le port USB-C annoncé par la rumeur, le MacBook Air retrouverait beaucoup de sa superbe.
Mais Apple le souhaite-t-elle réellement ? Rien n’est moins sûr en effet, alors que le constructeur privilégie clairement son petit MacBook Retina. Mais comme on l’a vu avec l’iPhone SE, peut-être que la Pomme voudra offrir à son best-seller un mémorable baroud d’honneur…
Image une : Matthew Yohe, CC