Quand Apple a présenté son nouveau MacBook, j’ai eu la même réaction que beaucoup d’amateurs des productions Apple : j’ai été soufflé par la beauté des photos du produit. Sept ans après la sortie du premier MacBook Air, le constructeur reproduisait ce tour de magie dont il a le secret en affinant encore de manière spectaculaire l’épaisseur d’un ordinateur. Et on se demandait alors comment une telle finesse était possible, la machine semblait presque impensable.
Comme le premier MacBook Air, le MacBook était possible, mais au prix d’un bon nombre de concessions. Deux connecteurs uniquement, dont un seul port USB d’un nouveau genre pour l’alimenter et connecter des accessoires, clavier réduit au maximum en épaisseur, pomme éteinte au dos… on a déjà eu l’occasion de les évoquer longuement. Mon collègue Stéphane s’est déjà chargé du test de l’ordinateur, mais je viens ajouter une brique après trois jours d’utilisation de la machine.
Je dois dire que je faisais partie des sceptiques. L’appareil était splendide à regarder, mais les concessions me paraissaient trop nombreuses. Ce n’était pas l’écran Retina de 12 pouces qui n’allait pas, bien au contraire : depuis la sortie du premier Mac Retina, je ne jure que par ça et depuis près de trois ans, j’utilise toujours un MacBook Pro Retina 15 pouces de première génération. En revanche, ce connecteur unique me semblait un peu trop radical : on ne peut même pas brancher un écran externe et le charger en même temps sans un accessoire plus épais que l’ordinateur lui-même. Le processeur semblait bien limité, en revanche le trackpad Force Touch, m’avait déjà séduit.
Le plus gros point noir à mes yeux de journaliste payé pour taper des mots à longueur de journée, c’était toutefois le clavier. Apple pouvait bien vanter le mécanisme papillon mis au point pour cette machine, je ne voyais pas comment on pouvait combiner sa course minimale avec le confort de la génération précédente. Un essai rapide au cours du test avait confirmé mes craintes : les touches élargies ainsi que l’espace réduit entre chaque touche m’ont fait perdre tous mes repères, et la frappe minimale m’a vite gêné, elle m’a semblé inconfortable quasiment immédiatement.
Pourtant, Stéphane en disait le plus grand bien et j’ai voulu prolonger l’expérience pour en avoir le cœur net. Trois jours et quelques 6000 mots plus tard, force est de le reconnaître : il avait raison. Je me suis totalement habitué au clavier du nouveau MacBook, si bien que je n’éprouve plus aucune gêne avec. J’ai aussi pris de nouveaux repères et je tape à la même vitesse qu’avec mon MacBook Pro. Le clavier de ce dernier me semble d’ailleurs grossier maintenant, avec ses espacements énormes et ses touches qui s’enfoncent inutilement et j’ai hâte qu’Apple sorte un clavier externe avec les mêmes caractéristiques.
Au-delà du clavier, je suis tombé sous le charme de ce Macbook. Je ne l’adopterais pas en tant que machine principale, car cette première génération manque de puissance pour certains usages. Le montage vidéo est probablement ce qui coincerait le plus dans mon utilisation. Le connecteur USB C unique serait aussi un problème pour travailler, car un écran externe est indispensable au quotidien et on ne peut même pas brancher le moniteur d’Apple. En revanche, en tant que machine secondaire dédiée principalement à l’écriture, et utilisée non pas à un bureau, mais au fond d’un canapé, elle est parfaite.
C’est le premier Mac qui semble avoir été vraiment conçu pour cet usage. Sa finesse et sa légèreté sont des atouts incomparables. On ne compare pas ce MacBook à un iPad gratuitement, on a vraiment l’impression de tenir une tablette entre les mains et l’ordinateur est aussi beau en vrai, que sur les photos. Au-delà de l’esthétisme, ses mensurations réduites autorisent des positions que l’on n’oserait pas avec un ordinateur 15 pouces, et c’est très utile et plaisant quand on est affalé dans son canapé.
Ce n’est pas son seul argument toutefois : son processeur, médiocre côté bench, devient un avantage sur les genoux. L’absence de ventilateur permet de poser le Mac n’importe où, même sur une couette en hiver, sans se soucier de ne pas obstruer les ouvertures. Et puis il ne devient jamais très chaud, jamais très longtemps. J’utilise toujours mon MacBook Pro avec une protection entre l’ordinateur et mes cuisses. La tiédeur générale du MacBook ne m’a pas inquiété plus que cela et je l’ai utilisé tel quel, une simplicité appréciable.
Son autonomie lui permettrait difficilement de tenir une journée au travail, mais pour une utilisation en pointillé comme on le fait le week-end, elle est parfaite. Je ne m’en suis jamais vraiment soucié à vrai dire, me contentant de brancher l’ordinateur le soir venu, dans le bureau. Certes, j’aurais préféré éviter la disparition du connecteur MagSafe pour des raisons de sécurité, mais comme je ne l’ai jamais utilisé relié à sa prise, cela n’a pas été un vrai problème.
Par ailleurs, son processeur n’est clairement pas un foudre de guerre, mais il ne s’est jamais mis en travers de mon chemin pendant ce week-end. J’ai utilisé essentiellement MarsEdit pour rédiger des articles de blogs, iA Writer Pro pour un ou deux articles pour le boulot (dont celui-ci), Safari, Twitter, Slack et deux trois autres logiciels. J’ai bien noté que son Core M à 1,1 GHz avait du mal à gérer mes quelques dizaines d’onglets ouverts en même temps quand je cherche des images pour illustrer mes articles. Ou bien encore que JPEGMini l’exploitait complètement pour optimiser ces images.
Mais au fond, je m’inquiétais inutilement avec iStat Menus (qui affiche l'utilisation du processeur, entre autres) en permanence sous les yeux, dans la barre des menus. Cette vieille habitude était essentielle quand j’utilisais mon Mac en cours et que je devais calmer au plus vite le ventilateur devenu fou de mon MacBook noir. Mais avec le nouveau MacBook, il n’y a pas de ventilateur, l’ordinateur deviendra légèrement plus chaud pendant quelques minutes et voilà tout. Après avoir retiré cette information, j’ai bien plus apprécié l’ordinateur, d’autant que ce n’est pas parce qu’il utilise tout le CPU qu’il devient lent pour autant. Pour une utilisation « classique » (internet, bureautique…), ses performances ne seront probablement jamais un problème.
En bref, c’est la « machine à écrire » idéale à mes yeux. Jusque-là, c’est le MacBook Air 11 pouces qui avait mes faveurs et j’en avais utilisé un avec plaisir pendant des vacances, il y a un an ou deux de cela. Mais ce modèle est pénalisé par un écran d’un autre temps, un point rédhibitoire pour moi. Avec son écran Retina, le MacBook est en revanche irréprochable sur ce point, et puis l’astuce qui consiste à augmenter encore la définition logique (lire : Astuce : débloquez la définition 1680 x 1050 px sur le MacBook) me permet de bloguer très confortablement.
Au passage, j’ai également été bluffé par le son qui sort du MacBook. Là encore, c’était un point faible des MacBook Air, handicapés par un haut-parleur rachitique et coincé sous le clavier. Sur ce modèle, les ingénieurs d’Apple ont réussi à en placer deux plus gros et sous la grille au-dessus du clavier. Et le son est étonnant pour un produit aussi fin et petit : il est ample, bien détaillé et j’imagine très bien mettre de la musique en fond, ou même regarder une série sans enceinte externe.
Le seul problème, on s’en doute, c’est qu’à 1450 €, cette machine à écrire, toute idéale soit-elle, est vraiment chère. Je n’ai pas cette somme à dépenser uniquement pour bloguer le soir et les week-ends et je ne veux pas non plus troquer le MacBook Pro du boulot contre ce MacBook encore un petit peu juste pour assurer seul mon travail au quotidien. Mais j’imagine bien, en laissant une ou deux générations passer, que ce Mac pourra devenir le modèle de base, comme l’est aujourd’hui le MacBook Air. Et avec un USB C généralisé, un petit peu plus de puissance et une autonomie encore meilleure, ce sera vraiment un excellent ordinateur portable.