La perspective d'un Mac fonctionnant avec un processeur ARM (de type Ax comme sur l'iPhone ou l'iPad) n'est plus aussi farfelue qu'il y a quelques années. Les performances du processeur A7 64 bits ne sont-elles pas « dignes d'un ordinateur de bureau », comme le souligne Apple ? Cet argumentaire a d'ailleurs été validé fin mars par Anandtech, pour qui l'A7 est « quelque chose de bien plus proche des gros cœurs d’Intel » (lire : L’Apple A7, un processeur ambitieux).
Des rumeurs récurrentes rapportent régulièrement qu'Apple a dans ses murs des Mac dotés de processeurs ARM. Ce qui n'est pas sans rappeler le projet « Marklar » dont l'objet était l'adaptation et l'optimisation, dans le plus grand secret, d'OS X sur des puces Intel alors que les Mac roulaient sous PowerPC.
Jean-Louis Gassée, ancien patron de la division France d'Apple et célèbre « historique » de la Pomme, est revenu dans sa dernière « monday note » sur son sentiment selon lequel le constructeur de Cupertino ne se lancerait jamais dans un Mac sous ARM. Gassée change complètement son fusil d'épaule, avec l'aide de trois arguments qu'il estime massue.
Le premier est le coût des processeurs Intel. Le fondeur de Santa Clara facture 378 $ pour un processeur Core i7, le même qui propulse le nouveau MacBook Pro haut de gamme. Il ne fait pas de doute, selon lui, que des processeurs Ax d'Apple seraient moins coûteux car plus simples à développer. Surtout, la production de puces ARM est plus concurrentielle (même si Apple fait appel à Samsung et à ses lignes de production pour fabriquer ses SoC ARM) que celle des processeurs x86 dans les seules mains d'Intel.
Les processeurs ARM ont aussi pour avantage de se montrer bien moins gourmands en énergie que les processeurs x86. Or, on sait à quel point l'autonomie des terminaux mobiles est devenue un point essentiel pour les consommateurs (les fréquentes récriminations sur la batterie faiblarde de l'iPhone sont là pour le rappeler, avec raison).
Enfin, Apple n'aime rien tant que contrôler de bout en bout la chaîne de développement et de production de ses produits. Or, si la Pomme est libre de ses mouvements pour ses terminaux iOS, elle est tributaire d'un partenaire tiers pour les Mac — et Intel prend du retard, comme l'architecture Broadwell le démontre encore actuellement (lire : 2015 pour une gamme complète de Mac sur Broadwell). Et pour contrôler sa destinée, Apple est capable des plus grands écarts, comme le constructeur l'a démontré en 2006 au moment de la transition des PowerPC vers les processeurs x86.
Si une version d'OS X sous ARM peut exister dans le labo secret d'Apple, c'est sans aucun doute aussi le cas d'une « moulinette » capable d'émuler les applications Intel sur ARM, à l'image de Rosetta qui, à partir de 2006, a permis de faire fonctionner des logiciels PowerPC avec les MacIntel. Ce « traducteur » a tellement bien rempli son office qu'il a pris sa retraite avec OS X 10.7.
Expérience aidant, Apple maîtrise parfaitement les transitions logicielles les plus lourdes. De plus, les avantages d'un passage au tout ARM commencent à contrebalancer sérieusement les atouts des processeurs Intel : coût maîtrisé et moins élevé, meilleure gestion énergétique, une intégration plus naturelle avec le reste de la gamme iOS — Continuity au sein d'OS X Yosemite est à cet égard une brique très intéressante et l'indication qu'Apple veut sans doute aller encore plus loin dans l'association de ses deux OS. Reste à savoir si et quand le grand saut aura lieu…