Tous les composants du nouveau Mac Pro doivent trouver place dans un volume inférieur à celui d’un pack de six briques de lait. Supprimer toute possibilité d’extension interne facilite les choses, mais il reste encore à dissiper la chaleur émise par ces composants — même avec un « cœur thermique unifié » et un « ventilateur unique », il faut faire quelques compromis.
Des processeurs qui ne mettent pas le Turbo
Les nouveaux Mac Pro disposent de quelques-unes des puces les plus puissantes de la gamme Xeon E5 v2 lancée ce trimestre, à l’exception notable du Xeon E5-2687W v2. Ce processeur octocœur capable d’atteindre 4 GHz en mode Turbo affiche en effet un TDP de 150 W : c’est trop pour une machine de 16,7 cm de diamètre et 25,1 cm de hauteur. Tous les processeurs sélectionnés par Apple ont un TDP limité à 130 W, au détriment de leur capacité à monter en fréquence en mode Turbo.
La plupart des nouveaux Mac Pro utilisent des processeurs Xeon E5-16xx v2 comme le Xeon E5-1620 v2 quadricœur cadencé à 3,7 GHz, le Xeon E5-1650 v2 hexacœur cadencé à 3,5 GHz et le Xeon E5-1680 v2 octocœur cadencé à 3 GHz. Ces trois processeurs peuvent atteindre 3,9 GHz en mode Turbo, mais seulement sur un seul cœur et sans étape intermédiaire sur trois ou deux cœurs.
Le dernier processeur optionnel, de la famille Xeon E5-26xx v2, ouvre la porte à une configuration bi-processeur — qui ne trouve évidemment pas sa place dans les nouveaux Mac Pro. Le Xeon E5-2697 v2 case toutefois douze cœurs sur une seule puce, pour un total de 24 threads, un rêve pour les utilisateurs d’applications optimisées pour le traitement parallélisé. Sa fréquence de base de 2,7 GHz peut passer à 3,5 GHz en mode Turbo.
Même contrainte, Apple aurait pu remonter d’un cran toutes les configurations : au lieu d’une gamme à quatre, six, huit et douze cœurs, elle aurait pu proposer une gamme à six, huit, dix et douze cœurs. Le Xeon E5-1620 v2 de base est en effet un processeur assez commun qui vaut à peine plus de 200 €, alors que le Xeon E5-2690 v2 dix cœurs à 3 GHz ne vaut que 240 € de plus que le Xeon E5-1680 v2.
La firme de Cupertino a sans doute tenu à préserver sa sacro-sainte marge, d’autant qu’elle ne pourra pas obtenir de grosses réductions sur le prix de ces processeurs, faute de volume de production suffisant. Le Xeon E5-2697 v2 dodécacœur valant près de 1 900 € à l’unité, attendez-vous à ce qu’Apple le facture au moins 2 000 €, si ce n’est 2 500 €.
Des cartes graphiques clairement pas conçues pour les jeux
Vous ne trouverez pas les références des cartes graphiques du Mac Pro dans le catalogue d’AMD : il s’agit de composants créés sur mesure pour Apple. Il ne faut toutefois pas longtemps pour s’apercevoir que les FirePro D300, D500 et D700 sont tout de même dérivées de cartes existantes.
Avec ses 1 280 processeurs de flux et son bus 256 bits, la FirePro D300 du Mac Pro d’entrée de gamme semble être une version sous-cadencée de la FirePro W7000 — à ceci près qu’elle ne possède que 2 Go de VRAM GDDR5 au lieu de quatre. Basée sur la technologie Pitcairn, la W700 prend la même place dans la gamme professionnelle d’AMD que la Quadro K4000 dans la gamme professionnelle de Nvidia tout en étant légèrement moins puissante qu’elle.
La FirePro D500 est plus difficilement comparable à la gamme standard d’AMD : aucune autre carte FirePro ne possède exactement 1 525 processeurs de flux, un bus 384 bits et 3 Go de VRAM GDDR5. La D500 est légèrement plus puissante que la W7000, mais ne peut en être dérivée : peut-être s’agit-il d’une version sous-cadencée de la FirePro W8000 ? Il n’y a par contre aucun doute au sujet de la FirePro D700 : avec 2 048 processeurs de flux et 6 Go de VRAM GDDR5, ce n’est rien d’autre qu’une W9000, la plus puissante des cartes FirePro. Là encore, la version d’Apple semble être sous-cadencée.
Ces deux dernières cartes sont basées sur la technologie Tahiti, particulièrement optimisées pour les applications GPGPU intensément promues par Apple (utilisation de la carte graphique comme co-processeur pour du traitement massivement parallèle). Au tarif de leurs équivalents « standard », les FirePro DXXX contribuent à hauteur de 40 à 45 % du prix du Mac Pro — c’est le composant le plus cher.
Et une petite mesquinerie
Le Mac Pro d’entrée de gamme s’impose comme un produit d’appel sans génie particulier. Il ne brille ni par son processeur, pas surpuissant, ni par sa carte graphique, qui ne sera pas la plus à l’aise dans le registre du GPGPU. Mesquinerie suprême d’Apple, il ne dispose pas de 16 Go de RAM mais de 12 seulement, en trois barrettes de 4 Go — et tant pis pour le quadruple canal.
Le jour où les barrettes de 64 Go arriveront sur le marché, et à condition qu’Apple mette à jour le firmware de ses machines, les Mac Pro pourront adresser jusqu’à 256 Go de RAM. Le Xeon E5-2697 v2 peut même être associé à 768 Go de RAM, mais les quatre emplacements « limiteront » la dotation maximale à 512 Go. Bref, on a le temps de voir venir.
La configuration standard la plus équilibrée, du moins en théorie, semble être celle à 3 999 €. Mais il faudra confirmer la théorie par la pratique, et c’est sans doute par le jeu des options que les clients du Mac Pro trouveront leur bonheur. Une chose est sûre : même avec un portefeuille sans fond, ils ne pourront pas profiter et des tous meilleurs processeurs d’Intel et des toutes meilleures cartes de l’industrie et de téraoctets de stockage.
Bref, il faudra faire un choix, comme Apple en a fait. Mais est-ce vraiment une surprise ?