Notion, gestionnaire de notes à l’origine, ajoute une corde de plus à son arc avec un client mail, ou plutôt un client Gmail, puisque les boîtes mail de Google sont les seules prises en charge pour le moment. Autre restriction notable, Notion Mail est uniquement proposé sous la forme d’une webapp ou d’un client pour macOS, basé sur Electron pour afficher la version web. Une app iOS est prévue prochainement, c’est tout ce qui est annoncé à ce stade, même si on imagine que des apps pour Android et probablement pour Windows sont aussi prévues.

Ce nouveau service est en grande partie gratuit, même s’il nécessite d’avoir un compte Notion, lui aussi gratuit. Les abonnés payants n’auront aucune limite sur l’utilisation du service et de toutes ses fonctions, tandis que ceux qui ne payent pas devront s’accommoder de limites qui ne sont pas clairement définies. Quoi qu’il en soit, j’ai pu tester l’app sans payer et sans être inquiété par des fonctionnalités absentes ou bridées.
L’occasion de découvrir un client Gmail dopé à l’IA et trop proche du web, même sur le Mac. Il y a bien quelques raccourcis clavier standards de macOS (⌘,
pour ouvrir les réglages, ⌘N
pour écrire un nouveau mail par exemple), d’autres ne fonctionnent pas. Par exemple, ⌘R
ne permet pas de répondre à un message (il faut juste taper R
), puisque c’est le raccourci clavier qui recharge la vue en cours, comme dans un navigateur web. Autre bizarrerie, j’ai rencontré un bug étrange : ⌘Q
ne quitte pas l’app quand on utilise un clavier AZERTY, il sélectionne tous les mails, l’équivalent de ⌘A
, ce qui prouve que les développeurs ne gèrent que les claviers QWERTY. Il n’y a par ailleurs aucune notion de multiple fenêtres, tout se déroule au sein d’une seule fenêtre, y compris pour ouvrir un message. N’essayez même pas de glisser un fichier sur l’icône du Dock, il ne se passera rien.
À défaut d’être une bonne app native, la force de Notion Mail, c’est l’intégration de fonctionnalités liées à l’IA ainsi que sa proximité avec le contenu enregistré dans son compte Notion. Côté intelligences artificielles, outre les outils désormais courants pour suggérer des réponses (on ne peut pas obtenir le résumé d’un mail, bizarrement), on note surtout la possibilité de créer un label en posant une question en langage naturel ou alors en sélectionnant un message et en demandant de repérer automatiquement les mails équivalents. C’est l’équivalent des règles que l’on connaît bien dans tous les clients et services mail, sauf que vous n’avez pas besoin de définir les paramètres. Dites ce que vous voulez, Notion Mail doit analyser la boîte de réception et trouver des points communs pour rassembler les messages en respectant votre demande.

Cette opération permet de trier rapidement sa boîte mail et elle fonctionne assez bien, même si j’ai vite noté de nombreux oublis. Il faut noter que Notion Mail n’est censée comprendre que l’anglais pour le moment, ce qui signifie peut-être que mes résultats auraient été meilleurs si je n’avais que des messages dans cette langue. D’autres langages seront pris en charge dans les prochains mois, on ne sait pas encore si le français sera sur la liste, mais c’est probable.
L’intégration à Notion passe quant à elle par plusieurs voies, notamment la même interface pour rédiger un mail avec le raccourci /
qui sert à changer la forme ou insérer des blocs complexes. On peut référencer un document stocké dans Notion et enregistrer les réponses fréquentes pour ne pas les saisir à chaque fois. Même si tous les utilisateurs de Gmail peuvent tester Notion Mail gratuitement, le service intéressera avant tout les utilisateurs de Notion, qui pourront exploiter les synergies entre les deux. J’ai été néanmoins surpris de ne pas en trouver plus : je m’attendais, par exemple, à pouvoir partir d’un mail pour créer un document dans Notion, ce n’est pas possible.
Sur le Mac, Notion Mail demande macOS 10.15 (Catalina) au minimum, l’interface n’est proposée qu’en anglais.