Mitchell Baker abandonne le poste de CEO de Mozilla Corporation pour retrouver le poste de présidente exécutive qu’elle occupait depuis la création de Firefox. La cofondatrice du projet Mozilla veut laisser la place à une nouvelle direction pour « relever les défis à venir ». Alors que Firefox ne représente plus que 2 % des visites sur le web, Mozilla compte prendre sa part dans « la bataille pour le futur de l’intelligence artificielle ».
« Nous sommes à la croisée des chemins », explique Baker, « un moment critique où la confiance du public dans les institutions, les gouvernements et la fabrique de l’internet n’a jamais été aussi basse. » « Mozilla peut et doit forger un avenir meilleur », ajoute-t-elle pour justifier sa mise en retrait au profit d’une direction « à plein temps ». Laura Chambers, membre du conseil d’administration passée par Airbnb et PayPal, est nommée CEO par intérim « pour assurer une transition en douceur ».
L’ancienne CEO de Willow Innovations, un fabricant de tire-laits connectés, ne compte pas rester à la tête de Mozilla pendant bien longtemps, puisqu’elle veut regagner son Australie natale pour des raisons familiales. « Mozilla montre l’exemple en matière de gestion de la succession », assure celle qui sera chargée de mettre sur pied « une vision et une stratégie pour le futur » en se concentrant sur les capacités d’exécution de l’entreprise.
En retrouvant sa place de présidente exécutive, Baker redeviendra le visage de Mozilla, qui se présentera comme une entité unifiée plutôt que la somme d’une fondation possédant deux entreprises, l’une (Mozilla Corporation) développant Firefox et l’autre (MZLA Technologies Corporation) développant Thunderbird. Mozilla assure vouloir « redoubler d’efforts » sur Firefox, mais il ne fait aucun doute que ce jeu de chaises musicales doit accompagner le virage de l’entreprise vers la vente de services.
Mozilla vient tout juste de lancer Monitor Plus, un service de gestion des données personnelles à 8,99 $ par mois, qui vient rejoindre un VPN et un service de relai d’e-mail. La fondation a créé la start-up Mozilla.ai pour « investir dans les intelligences artificielles de confiance ». L’objectif est clair : faute d’avoir réussi à changer durablement le web avec un produit gratuit et optimiste, le navigateur Firefox, Mozilla veut surfer sur le pessimisme ambiant pour faire payer « une meilleure qualité de vie en ligne ».