Si Adobe a mis l'accent sur l'intelligence artificielle lors de sa conférence MAX, l'éditeur a aussi procédé à un changement majeur dans l'écosystème Lightroom : la version « cloud » de l'application peut maintenant s'utiliser sans le cloud, tout comme sa version Classic. Vous ne comprenez rien ? C'est normal. Comme la gamme de logiciels d'Adobe est labyrinthique, cela mérite bien quelques explications.
Depuis 2017, l'éditeur ne propose plus une version de Lightroom, mais deux. D'un côté, il y a Lightroom Classic, la mouture historique disponible uniquement sur Mac et PC, celle avec l'interface et la gestion des fichiers à l'ancienne. De l'autre, Lightroom, que l'on surnomme par commodité Lightroom « cloud » du fait de sa nature : déclinée sur toutes les plateformes (systèmes de bureau, mobile, web), cette version s'appuie sur le cloud pour stocker les photos et les synchroniser partout.
Jusqu'à présent, pour éditer une photo dans Lightroom « cloud », il était indispensable de l'importer dans la bibliothèque du logiciel, et donc de la transférer sur le cloud. C'est ce qui vient de changer avec la version 9.0 disponible sur PC et Mac (sur mobile, le changement a eu lieu dès la version 8.4 sortie en juin) : on peut maintenant travailler sur des photos stockées en local.
Dans la barre latérale gauche, Lightroom « cloud » comprend une nouvelle section « Local » qui permet de parcourir les dossiers du Finder. On peut renommer ceux-ci, en ajouter de nouveaux, les afficher dans le Finder ainsi que les marquer comme favoris pour les retrouver plus rapidement. Les modifications apportées sur les images en local sont enregistrées automatiquement sous la forme de fichiers .XMP
stockés dans le même dossier.
Si on le souhaite, on peut facilement importer une photo ou un dossier complet dans le cloud. Les modifications apportées en local sont alors enregistrées en tant que versions (instantanées) des photos. Si l'on procède à une retouche locale d'un fichier qui se trouve aussi dans le cloud, il faudra prendre soin de mettre à jour manuellement les modifications dans le cloud en cliquant sur le bouton dédié.
Cette nouvelle gestion des photos en local enlève des contraintes importantes qui pesaient sur les épaules des clients. D'une part, on peut transférer sur le cloud uniquement les images qui ont vraiment besoin d'être synchronisées partout. Ça n'est pas anodin vu que le stockage dans le cloud est payant : la formule Lightroom + Photoshop à 11,99 €/mois ne comprend que 20 Go et la formule Lightroom « cloud » seul avec 1 To est à 11,99 €/mois (chaque To supplémentaire coûte 11,99 €/mois). D'autre part, si on préfère l'interface simplifiée de Lightroom « cloud » et que l'on tient à la gestion locale des fichiers pour diverses raisons (comme une certaine méfiance dans le cloud), on a enfin un moyen de l'utiliser sans devoir faire un détour par le cloud.
Aussi bienvenue soit-elle, cette amélioration de Lightroom « cloud » pose forcément la question de l'avenir de Lightroom Classic. Alors que celle-ci s'est posée une première fois en 2017 au moment du dédoublement, il faut reconnaitre qu'Adobe a tenu sa promesse en continuant de mettre à jour régulièrement la version Classic.
Mais en sera-t-il de même au cours des prochaines années ? Il faut l'espérer, car même si elle est maintenant en retrait sur les fonctions « intelligentes », la version Classic a toujours des avantages pour les utilisateurs avancés : prise en charge des modules externes, prise de vue en mode connecté, gestion des fichiers locaux plus poussée, interface qui tire mieux parti des grands écrans… À moins que Lightroom « cloud » ne se mette au niveau sur ces points prochainement ?