Faire un bon produit ne suffit pas à assurer son succès. C'est la moralité de l'aventure de Beam, un navigateur soigné et innovant, qui n'aura jamais droit à un lancement officiel. Ce projet démarré il y a plus de deux ans par une équipe de Français est désormais abandonné.
Alors qu'un lancement sur Mac avait été envisagé en septembre, l'équipe s'est finalement résignée à mettre un terme au développement de son navigateur peu de temps après cette échéance. En cause, des statistiques d'utilisation de la bêta qui ne décollaient pas, nous indique son cofondateur Dom Leca.
Or, le modèle économique privilégié — des partenariats avec les moteurs de recherche, comme le fait Firefox — nécessitait une masse critique d'utilisateurs. L'entrepreneur, également à l'origine de l'illustre client mail Sparrow, comptait sur les facettes de prise et de publication de notes de Beam pour favoriser le bouche-à-oreille, mais ça n'a pas suffi pour que la mayonnaise prenne. « L'application répondait à des besoins inexistants », analyse Dom Leca avec le recul.
Beam, un navigateur web qui prend bonne note
La décision a été prise d'abandonner Beam avant que la start-up, qui a levé plus de 10 millions d'euros, soit vraiment dans l'impasse. L'équipe, qui a été réduite de moitié à une dizaine de personnes, travaille sur un nouveau projet encore confidentiel.
Ce ne sera pas un nouveau navigateur web en tout cas. Dur dur de pénétrer un marché dominé par une poignée de mastodontes qui contrôlent également les principaux systèmes d'exploitation et qui n'hésitent pas à mettre des bâtons dans les roues des navigateurs tiers. Dans ce contexte défavorable, les alternatives comme Orion et Arc ne sont-elles pas condamnées à l'échec ?
L'entrepreneur français croit néanmoins toujours que les navigateurs web devraient être plus personnels et plus ingénieux, et il espère qu'un nouveau venu parviendra à imposer ces idées. Il est toujours possible de télécharger la bêta de Beam sur le site officiel, mais l'application n'évoluera donc plus. Si Dom Leca ne ferme pas la porte à une publication du code source du logiciel, cela ne fait pas partie des priorités de l'équipe resserrée.