Pour la sixième année consécutive, Setapp publie son Mac Developer Survey. Cette enquête sur les pratiques des développeurs montre que plus du quart d’entre eux ignorent le Mac App Store, et préfèrent se concentrer sur leurs propres canaux de distribution… ou des services comme celui de Setapp, qui offre un catalogue d’applications macOS et iOS pour une douzaine d’euros par mois.
À travers ses 230 applications, Setapp dresse le portrait d’un développeur masculin (90 %), jeune (72 % ont moins de 45 ans), qui travaille seul (50 %) sur une application de productivité (61 %). Le service appartient à l’éditeur ukrainien MacPaw, qui a sondé les développeurs sur leur perception de l’invasion russe, et assure que plus de la moitié d’entre eux soutiennent l’abandon des frameworks et des logiciels développés en Russie.
Ces biais de sélection évacués, les conclusions de l’enquête n’en demeurent pas moins intéressantes, comme lorsqu’elles montrent que les développeurs qui misent tout sur le Mac App Store sont aussi nombreux (29 %) que ceux qui ne veulent pas s’en approcher. La plupart distribuent leurs applications dans la boutique d’Apple, dans des boutiques tierces comme celle de Steam ou de Setapp (33 %), et par leurs propres moyens (51 %).
Pourtant, le Mac App Store représente 53 % des revenus des développeurs interrogés. Voilà qui fait écho à leur préoccupation principale, la découverte de leurs applications (57 %), argument en faveur des boutiques intégrées. Setapp sera peut-être chagriné de constater que la recherche d’une source de revenus récurrents n’est que le quatrième souci des développeurs (27 %), loin derrière l’acquisition de nouveaux utilisateurs (52 %) et la promotion (51 %).
Un bon quart des développeurs utilise un système d’abonnement, et près d’un tiers y pense. L’abonnement récurrent et les mécanismes freemium sont les modèles les plus populaires, facturés moins de 10 € par mois dans 69 % des cas, et même moins de 4 € par mois dans 41 % des applications. Près d’un quart des développeurs assurent qu’ils n’adopteront jamais ce genre de modèles.
La commission prise par Apple, 30 % la première année et 15 % les suivantes1, vaut-elle son cout ? Deux tiers des développeurs le pensent, un chiffre plus haut que les prises de bec les plus médiatiques pourraient le faire penser. Setapp se rengorge que sa propre commission, appliquée sur une fraction de l’abonnement facturé à l’utilisateur, recueille l’assentiment de 85 % des concepteurs d’applications.
Les développeurs sont en pointe : 71 % ont déjà publié une mise à jour de compatibilité avec les puces Apple Silicon, et 63 % ont déjà acheté une nouvelle machine. À peine 11 % des applications distribuées sur Setapp exigent la dernière version du système en date, mais 27 % demandent macOS Big Sur et 20 % requièrent macOS Catalina.
La moitié des applications sont mises à jour dans le mois suivant la sortie d’une nouvelle version, et 18 % des développeurs tirent même avant Apple ! Résultat, seuls 17 % des applications prennent en charge les systèmes antérieurs à macOS Yosemite. Les utilisateurs doivent suivre la cadence imposée par les développeurs, qui se calent sur le rythme effréné d’Apple.
Étrangement, près d’un développeur sur dix ne compte pas adapter ses applications aux puces Apple Silicon, ni même abandonner sa machine à processeur Intel. Iront-ils voir ailleurs ? Si 55 % des applications Mac sont adaptées à d’autres systèmes, c’est généralement pour iOS (81 %) ou iPadOS (66 %). Un peu plus d’un tiers des développeurs proposent une version Windows, et 20 % une version Android, preuve que le développement multiplateforme reste difficile.
Readdle, MacPaw, Skylum… Les éditeurs au cœur de la guerre en Ukraine
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Et même 15 % tout court pour les développeurs réalisant un chiffre d’affaires de moins d’un million de dollars. ↩︎