Outre une nouvelle interface plus légère, Firefox 89 introduit sur Mac un petit changement qui n'a l'air de rien, mais qui s'est fait attendre pendant très longtemps : l'utilisation d'un menu contextuel natif. C'est une tâche ouverte il n'y a pas moins de 21 ans qui a été close avec la sortie de la mise à jour cette semaine, une tâche d'ailleurs si ancienne que le navigateur ne s'appelait pas encore Firefox à l'époque, mais Mozilla.
« Mozilla utilise sur Mac OS des menus principaux natifs […] Pourquoi ne pas faire de même avec les menus contextuels ? N'utiliser que des menus natifs améliorerait la cohérence entre les menus principaux et les menus contextuels de Mozilla (et entre Mozilla et les autres apps Mac), et réglerait aussi quelques bugs », suggérait un développeur le 5 avril 2000. Une idée pleine de bon sens, alors pourquoi a-t-il fallu attendre tant de temps pour que Firefox la prenne en compte ?
« Ce n'était pas un problème de main-d'œuvre en ingénierie, explique aujourd'hui Josh Aas, un ancien ingénieur de Mozilla, sur Hacker News. Nous avons toujours voulu des menus contextuels natifs, mais ils n'étaient pas assez personnalisables pour répondre aux besoins perçus du web, de XUL [l'ancien moteur d'interface de Firefox, ndr] et des développeurs d'extension à l'époque. »
Les développeurs comme les utilisateurs voulaient par exemple pouvoir changer la couleur ou la forme du menu contextuel, ce qui n'était pas possible avec le composant natif de macOS, et ce qui ne l'est d'ailleurs toujours pas. « Il semble que les besoins perçus aient changé, et peut-être que les API natives sont un petit peu plus flexibles maintenant », analyse Josh Aas.
Cette adoption du menu contextuel natif symbolise en fait la transformation profonde de Firefox, qui au cours de ces dernières années a remplacé plusieurs de ses technologies historiques (dont XUL et XPCOM) au profit d'autres plus modernes et plus en phase avec les plateformes sur lesquelles il opère. Cette transformation n'est pas du goût de quelques irréductibles qui y voient un reniement des principes originaux du navigateur libre — le fork Waterfox intéressera ceux-ci —, mais elle est sans conteste payante pour rester dans la course face à Chrome et Safari.
L'époque où Firefox avait l'air d'un intrus sur Mac est révolue. Sans même parler des performances qui ont été grandement optimisées, de très nombreuses petites choses qui tenaient Firefox à distance du look & feel d'une application native ont été gommées dernièrement. La version 89 n'apporte pas seulement un menu contextuel natif, elle introduit aussi l'effet de rebond en fin de liste et le double tap pour réaliser un zoom intelligent. Toutes les disparités ne sont pas encore réglées (on attend notamment la compatibilité avec Touch ID), mais Firefox s'installe enfin confortablement dans macOS.