C'est tout un symbole. Le jour où Microsoft officialise sa nouvelle version d'Edge basée sur Chromium, Mozilla se sépare d'une partie de ses employés. Dans une note interne publiée par TechCrunch, Mitchell Baker, la CEO par intérim, annonce 70 licenciements au sein de Mozilla Corporation, qui compte environ 1 100 personnes. Des postes supplémentaires pourraient être supprimés également au Royaume-Uni et en France.
La figure emblématique de l'organisation justifie cette charrette par une diversification des revenus qui peine à décoller. Mozilla escomptait des recettes supplémentaires venant d'abonnements à de nouveaux produits et à des sources autres que les partenariats avec les moteurs de recherche, mais « ça ne s'est pas produit », indique Mitchell Baker.
« Notre plan de 2019 a sous-estimé le temps qu'il fallait pour créer et lancer de nouveaux produits rémunérateurs », déclare-t-elle. Mozilla a bien lancé l'année dernière son gestionnaire de mots de passe Firefox Lockwise, mais celui-ci est pour l'heure encore entièrement gratuit. Quant à son VPN Firefox Private Network, facturé 4,99 $/mois dans sa version complète, il est toujours uniquement en bêta fermée aux États-Unis.
Après une expérimentation autour de 2015 qui a tourné court, l'éditeur a remis sur la table en 2018 l'idée d'introduire de la publicité dans Firefox. Elle prend la forme de contenus sponsorisés (qu'il est possible de masquer) présentés sur la page de nouvel onglet, mais cette initiative ne semble pas déployée largement à l'heure actuelle.
En 2018, les recettes de Mozilla liées aux partenariats avec les moteurs de recherche, qui ont représenté 95 % de son chiffre d'affaires, ont chuté de 100 millions de dollars — une chute liée à un contrat avec Yahoo qui a pris fin plus vite que prévu. Cette année-là, pour la première fois les dépenses (451 millions de dollars) ont été supérieures aux recettes (450 millions). « Nous pouvons et devons travailler dans les limites de nos ressources financières principales », déclare Mitchell Baker dans un billet de blog publié hier.
La diversification des sources de revenus après laquelle Mozilla court depuis des années devient de plus en plus vitale ; les recettes issues des partenariats avec les moteurs de recherche risquent de continuer de chuter à mesure que l'affluence (et l'influence) de Firefox se réduit sur le web.
Mozilla est par ailleurs toujours à la recherche d'un nouveau CEO capable de redresser la barre. L'objectif était de trouver quelqu'un avant 2020. « Ça ne s'est pas produit », pourrait également déclarer Mitchell Baker à ce sujet.