La stratégie de Brave est finalement en train de prendre forme. Le navigateur, basé sur Chromium, s’est fait connaître pour son respect de la vie privée : il bloque par défaut les publicités et les trackers. L’éditeur vient de lancer une nouvelle fonction qui permet de… voir des publicités.
Cette nouveauté en apparence contradictoire est en fait prévue depuis le départ. Brave veut remplacer les publicités traditionnelles par des publicités « respectueuses de la vie privée », c’est-à-dire sans aspirer les informations des internautes.
Mais quel intérêt y a-t-il pour l’utilisateur à s’infliger des pubs, même si elles sont moins intrusives ? Gagner de l’argent ! Brave partage en effet une partie des recettes publicitaires avec les utilisateurs. Ce n’est pas tout. L’autre facette, c’est la possibilité pour l’internaute de partager lui-même une partie des revenus publicitaires avec les sites qu’il visite.
Ce système, qui est optionnel, en est à ses débuts. Pour l’heure, Brave affiche uniquement des publicités en dehors de sa fenêtre principale, sous la forme de notifications. 70 % des recettes de ces pubs sont versés aux utilisateurs. Dans les options, on peut définir la fréquence d’affichage des annonces, d’une jusqu’à cinq par heure.
Brendan Eich, l’ancien CEO de Mozilla qui dirige maintenant Brave, estime que les internautes peuvent ainsi gagner 5 $ par mois, voire 10 $ ou plus. Cliquer sur les pubs rapporte plus d’argent que simplement les regarder du coin de l’œil, explique-t-il à CNET.
Le mieux — dans l’optique où l’on veut gagner de l’argent en utilisant le navigateur — est encore d’aller jusqu’au bout de l’expérience et d’acheter le produit ou de s’inscrire au service mis en avant par la pub. Brendan Eich avance que l’on peut gagner plus de 50 $ par mois comme ceci.
Sauf que les dollars dont il parle ne sont pas encore tout à fait réels. L’internaute reçoit en effet des Basic Attention Tokens (BAT), une monnaie mise au point par Brave qui ne peut pas encore être convertie en argent « réel ». Brendan Eich assure que cela sera possible à terme.
L’ambitieux puzzle de Brave, qui compte 5,9 millions d’utilisateurs, n’est pas encore complet. Si vous voulez partager votre petite cagnotte de BAT avec vos sites favoris, il faut que ceux-ci prennent en charge ce système, or ils sont très rares à le faire.
La prochaine étape prévue dans quelques mois est le remplacement des pubs traditionnelles sur les sites par les pubs de Brave. Les éditeurs qui choisiront cette solution toucheront 70 % des recettes et les 30 % restants iront au créateur de Brave et aux internautes.