À moins de deux semaines du NAB, le grand salon des professionnels de la vidéo, l’Alliance for Open Medias publie les spécifications de l’AV1, son codec vidéo qui a le potentiel de devenir le futur standard de l’industrie. L’AV1 est en effet poussé par tous les plus gros acteurs du secteur : Amazon, ARM, Facebook, Google, Intel, Nvidia, Mozilla, Netflix, Microsoft, Adobe, et même Apple qui a rejoint l’alliance sur le tard.
Son adoption sera d’autant plus facilitée qu’il est open source et gratuit. Contrairement au H.264 dominant à l’heure actuelle et à son successeur le H.265/HEVC, l’AV1 n’est pas soumis à des royalties. L’alliance anticipe aussi les éventuels imbroglios juridiques en fixant plusieurs règles, comme le retrait des droits d’utilisation pour toute entreprise qui poursuit AV1 pour violation de brevets, et en instaurant un fonds de défense judiciaire.
Jean-Baptiste Kempf, le président de VideoLAN, responsable du très populaire lecteur vidéo libre VLC, approuve le projet : « l’AV1 est l’une des meilleures chances que nous avons pour enfin mettre le multimédia sur la bonne voie sans avoir à craindre des frais cachés ou des menaces juridiques, ou encore recourir à des codecs de qualité inférieure. »
Car l’AV1 ne serait pas vraiment pertinent s’il n’était pas plus performant que les codecs existants. Une vidéo encodée en AV1 est 30 à 40 % plus légère qu’une vidéo encodée en H.265/HEVC, le codec porté dernièrement par Apple, ou en VP9, celui porté par Google.
Cela permettra donc aux fournisseurs de contenus de faire des économies énormes de bande passante, et aux utilisateurs de profiter plus largement de la 4K et des jeux en streaming. En passant du H.264 au H.265, le service Shadow a baissé la vitesse de connexion minimum de 15 à 5 Mbit/s. L’AV1 permettrait d’abaisser encore d’un cran le minimum requis, ou d’améliorer la qualité de la vidéo à bande passante égale.
Mais la transition ne va pas se faire du jour au lendemain. Les principaux navigateurs vont prendre en charge le nouveau codec cette année ou l’année prochaine, indique Gabe Frost, directeur de l’Alliance for Open Media, à CNET — Firefox a déjà commencé les expérimentations.
Le plus long sera la prise en charge par les processeurs, gage d’une lecture optimale, sans ralentissement ni consommation excessive d’énergie. C’est à partir de 2020 que les terminaux mobiles et ordinateurs devraient gérer au niveau matériel l’AV1. Le H.265 et le VP9 ont encore quelques jours devant eux.