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Windows 10 S, un troisième système pour tout simplifier

Florian Innocente

jeudi 04 mai 2017 à 17:01 • 137

Logiciels

Entre Windows 10 Famille et Windows 10 Pro, Microsoft a intercalé cette semaine une troisième mouture de son système : Windows 10 S. Une déclinaison qui sera peut-être le Windows de monsieur Tout-le-monde à moyen terme et qui emprunte à iOS par certains aspects restrictifs.

Il y avait eu des traces d'un possible "Windows 10 Cloud" quelques jours avant l'annonce du 10 S. En définitive, c'est un petit frère aux deux systèmes existants qui est arrivé. Il n'a pas de liens plus resserrés avec les services dans le nuage de Microsoft que ces prédécesseurs (OneDrive est là aussi pour la sauvegarde automatique des fichiers). En revanche, 10 S est plus fourni dans ses fonctions que Windows 10 Famille mais plus bridé que ses deux aînés.

Sa destination première est le Surface Laptop, ce portable milieu/haut de gamme annoncé pour l'Éducation mais vendu en fait pour tout le monde (lire Pour le prix d'un Surface Laptop, qu'est-ce qu'on a chez Apple ?).

Microsoft présente Windows 10 S comme une déclinaison du 10 Pro « rationnalisée pour mettre en avant la sécurité et les performances ». Pour le coup, c'est davantage la version Famille qui apparaît allégée alors qu'on s'attendait à un nouveau Windows plus court sur pattes pour concurrencer Chrome OS.

De fait, la comparaison de ses fonctionnalités montre qu'il s'agit d'un système bien plus complet que la version Famille, il ne lui manque pas grand chose pour être identique à la version Pro. Ces différences sont malgré tout très importantes.

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Principale originalité de ce 10 S, l'obligation de s'approvisionner en applications validées par Microsoft sur le Windows Store. Comme ce fut le cas par le passé avec feu Windows RT.

C'est sur cet aspect que l'éditeur joue sa carte de la sécurité. En assurant qu'on n'installera plus d'applications venues d'on ne sait où et potentiellement porteuses de germes infectieux. C'est peut-être là que réside une partie de l'explication des 14,5 heures d'autonomie annoncées pour le Laptop ? Par la diminution du nombre de logiciels discrets qui s'installent et tournent en cachette.

Le revers de la médaille est l'absence de certaines grandes applications sur la boutique de Microsoft. Pas d'iTunes, de Chrome, de Firefox, de Photoshop. Mais il y a Evernote, Dropbox, OneNote et bientôt arriveront la suite Office ainsi que Spotify. De manière générale, il y a fort à faire pour remplir les rayons et Microsoft doit convaincre les éditeurs de publier leurs applications en parallèle sur cette plate-forme, en utilisant son outil de portage. À noter que tout comme chez Apple, Microsoft prélève une part (30 %) du prix de vente d'un logiciel depuis son Store.

L'éditeur ne s'en cache pas, il y a des trous et des lacunes dans l'offre de son Store. Il explique dans sa FAQ qu'il faudra revenir en juin (date de disponibilité du Surface Laptop) pour avoir un compte-rendu plus à jour des nouvelles applications disponibles et de l'état de compatibilité des périphériques « Bon nombre de périphériques matériels (les imprimantes, par exemple) qui sont aujourd’hui compatibles avec Windows 10 fonctionneront avec Windows 10 S. Cependant, leurs fonctionnalités pourront être limitées. Windows 10 S étant tout juste annoncé, nous travaillons avec nos partenaires pour fournir des informations plus détaillées ».

Pour les développeurs de navigateurs comme Google et Firefox, Windows 10 S recèle un piège. Quand bien même ils viendraient sur le Windows Store, Microsoft a choisi de forcer l'ouverture d'un lien (cliqué dans un mail par exemple) dans son navigateur Edge. Pas moyen de changer de navigateur par défaut. Impossible aussi de choisir un autre moteur de recherche que Bing dans Edge. Opera est déjà disponible sur la boutique mais il souffre des mêmes contraintes.

Dans ce sens, Windows 10 S rappelle iOS où l'on connaît des limitations depuis toujours. Sur iOS, Apple interdit de définir un autre navigateur par défaut (ou un autre logiciel de mail). Cela réduit fortement l'intérêt de les utiliser.

Pire, Apple impose à ces éditeurs d'utiliser ses moteurs de rendu HTML et JavaScript. Microsoft sur ce point ne va pas aussi loin. En revanche, on peut sur iOS modifier le moteur de recherche dans Safari Mobile et en sélectionner un autre parmi les quatre principaux du marché. Normal, Apple n'a pas de moteur de recherche à pousser en avant… Contrairement à Microsoft qui s'escrime avec Bing face à Google (Apple utilise Bing pour Siri et lui seul).

Un goût d'iOS

Windows 10 S emprunte ainsi à iOS dans les limites qu'il impose à ses utilisateurs. Est-ce qu'Apple, Adobe, Mozilla et Google joueront tous le même le jeu pour ne pas se couper d'une partie de leurs utilisateurs ? Si d'aventure ce Windows 10 S devenait dans les toutes prochaines années l'offre standard de Microsoft pour le grand public, ils n'auront peut-être pas le choix. Tout est question de rapport de forces, de qui a le plus besoin de l'autre.

Il y a quelques années les autorités de régulation auraient peut-être bondi au vu de cette décision de contraindre l'usage de navigateurs tiers sur Windows. Aujourd'hui, alors que la bataille s'est déplacée sur les mobiles où l'éditeur est absent et que Chrome a pris l'ascendant sur les PC, Microsoft n'est plus tenu à la même prudence.

Conscient probablement que ces choix ne conviendraient pas à tout le monde et que la route vers un Windows Store riche et abondant peut être longue, Microsoft a prévu une sortie de secours. Les clients des Surface Laptop pourront mettre Windows 10 Pro à la place du 10 S préinstallé. Ce sera gratuit jusqu'au 31 décembre et facturé 49 $ ensuite. C'est un voyage avec un billet aller uniquement, prévient néanmoins l'éditeur. Pas de retour possible sur le 10 S.

Pour l'utilisateur lambda, ce Windows 10 S risque d'être source de confusion s'il commence à chercher des applications qui existent pour Windows… mais pas ce Windows . C'est encore une variation autour d'un même thème, un énième Windows. Il faut espérer pour Microsoft que les éditeurs absents du Store ne tarderont pas trop pour y prendre leurs quartiers.

Est-ce qu'Apple pourrait à terme forcer aussi l'emploi du Mac App Store ? Il faudrait que l'utilitaire commence par s'améliorer pour palier ses lacunes et ses lenteurs toutes artificielles (lire mas : utiliser le Mac App Store via le terminal). Phil Schiller en a repris la supervision depuis 2015, sans que les choses s'améliorent de quelque manière. Il faudrait aussi un gros travail de séduction auprès des développeurs, chez ceux qui n'ont jamais voulu y aller sur le MAS et de ceux qui en partent de temps en temps (lire La fuite des logiciels continue sur le Mac App Store : au revoir Sip).

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