Lorsqu'il a fait la présentation de Windows 10 S la semaine dernière, Microsoft a fait comprendre qu'un navigateur comme Chrome avait toute sa place sur le nouveau système d'exploitation.
Il suffisait que Google repackage son application pour qu'elle soit téléchargeable depuis le Windows Store, seule plateforme de distribution de logiciels autorisée pour le 10 S. Inutile de la récrire de zéro. Même chose, par extension, pour Mozilla avec Firefox qui est également absent.
Dans les faits, ce n'est pas aussi simple et Microsoft s'est inspiré de ce que fait Apple pour iOS avec l'App Store. ZDNet a remarqué une nouvelle clause dans le contrat de présence des apps sur le Windows Store, cette restriction a été ajoutée le 29 mars.
Elle stipule, dans le chapitre relatif à la sécurité, qu'une application qui navigue sur le web doit utiliser les moteurs HTML et JavaScript fournis par la plateforme Windows. En clair, Firefox ou Chrome devront abandonner leurs moteurs respectifs et utiliser ceux qui font fonctionner Edge, le successeur d'Internet Explorer sur Windows 10.
Une obligation confirmée par un porte-parole de Microsoft, qui explique que la seule option pour installer le navigateur de son choix consistera à mettre à jour son Windows 10 S en Windows 10 Pro (sur ce dernier on peut installer des applications d'où l'on veut). Une issue de secours qui sera gratuite jusqu'au 31 décembre et payante ensuite à 49 $.
Un développeur qui avait tenté de soumettre en février son navigateur construit sur Chromium avait essuyé un refus, poursuit ZDNet
Apple procède de même, depuis toujours, mais uniquement sur iOS. Chrome et Firefox se reposent sur les moteurs d'Apple tout en conservant leurs interfaces propres et des services tels que la synchronisation de leurs données. Sur ChromeOS également, rappelle ZDNet, Google verrouille les choses au profit de son navigateur.
La question est de savoir si Google et Mozilla vont consentir cet effort pour une plateforme comme Windows 10 S. Devant l'importance que revêtait une présence sur un iOS devenu incontournable, Google a très vite embrayé, aidé par le fait que son moteur s'appuyait sur WebKit, la même souche que Safari Mobile. Mozilla a longtemps trainé des pieds, trop peut-être, avant de finalement céder et venir aussi.
Car cette condition, même si elle était acceptée par les uns et les autres, ne mettrait pas ces navigateurs sur un pied d'égalité. Microsoft a décidé que les URL cliquées dans Windows 10 S s'ouvriraient obligatoirement dans Edge et nul part ailleurs, quand bien même on utiliserait Chrome. Et comme pour énerver encore un peu plus Google, il faudra se contenter de Bing comme moteur de recherche par défaut dans Edge. Là aussi ce n'est guère différent d'iOS (à l'exception du réglage de moteur de recherche) et tout aussi pénible pour l'utilisateur qui se voit bridé dans ses préférences d'applications.
En marge de cela, il y a le cas d'Opera, qui est sur le Windows Store depuis septembre 2014 mais dont on peut se demander ce qu'il va devenir au vu de cette nouvelle clause.