Le modèle économique de l’industrie du logiciel est de plus en plus tourné vers l’abonnement : du côté de l’éditeur, cela permet de « lisser » les résultats sur l’année, et le consommateur a l’illusion de payer moins cher des outils professionnels. Microsoft, avec Office 365, et Adobe avec son Creative Cloud sont les hérauts de ce modèle, et d’autres éditeurs ont emboîté le pas comme Autodesk (lire : Autodesk se rapproche du système de « location » de logiciels d’Adobe).
Mais la transition vers le tout-abonnement, qui devrait être achevée à la fin du deuxième trimestre pour le concepteur de Maya et d’AutoCAD, est bien difficile. Les résultats du groupe pour le premier trimestre 2016 sont mauvais : l’entreprise a perdu 173 millions de dollars sur les trois premiers mois… et 486 millions sur les quatre derniers trimestres. Pendant les quatre trimestres précédents, Autodesk avait accumulé des bénéfices de 202 millions de dollars, un profit réalisé avec l’« ancien » modèle, celui des licences perpétuelles.
Le chiffre d’affaires pour le premier trimestre s’est établi à 646 millions de dollars, en baisse de près de 21%. Et le prochain trimestre sera encore moins bon avec une fourchette estimée entre 500 et 520 millions de dollars, avec là aussi des prévisions de pertes.
Autodesk comptabilise 2,71 millions d’abonnés à ses différentes formules (132 000 de plus qu’au quatrième trimestre 2015). La vente de licences perpétuelles représente un chiffre d’affaires de 186 millions de dollars — en chute de 43% par rapport au même trimestre de l’année précédente, ce qui est logique étant donné la poussée vers l’abonnement. Les différentes Suites logicielles de l’éditeur ne seront d’ailleurs plus proposées sous la forme de licences perpétuelles à partir du 31 juillet.
Malgré ces difficultés, Carl Bass le CEO d’Autodesk se veut optimiste et confiant. « Nous avons eu un premier trimestre solide », explique-t-il sans rire dans le communiqué. « Nos clients et partenaires continuent d’embrasser la transition d’Autodesk vers un modèle basé sur l’abonnement et le nuage ». Il promet d’investir encore dans ce modèle encore loin d’avoir fait la preuve de sa pertinence pour l’entreprise.
Il est vrai toutefois que le modèle d’abonnement nécessite du temps et des ajustements. Mais cela peut payer : après des débuts là aussi difficiles, le Creative Cloud est devenu une machine à faire de l’argent pour Adobe (lire : Adobe : une mue vers le cloud qui paye).