C'est aujourd'hui que commence l'examen du projet de loi « pour une République numérique » porté par Axelle Lemaire. Un projet de loi composé de trois volets (ouverture des données publiques, protection des données personnelles et accès de tous au numérique) qui est l'occasion pour les parlementaires de déterrer certains vieux projets par le biais des amendements.
Next INpact a dressé une liste des amendements les plus notables, parmi lesquels la tarte à la crème du « système d'exploitation souverain. » Dans l'amendement CL129, Delphine Batho s'inquiète du non respect des valeurs républicaines « dans le cyberespace ».
Au vu de la situation exceptionnelle (guerre contre le terrorisme et exploitation irrégulière des données personnelles des Européens par les entreprises américaines), « il faut prendre des décisions désormais rapides pour construire notre souveraineté numérique », déclare la députée socialiste et ancienne ministre de l'Écologie.
Et de demander « un rapport au gouvernement sur la possibilité de créer un Commissariat à la souveraineté numérique chargé de la création d’un système d’exploitation souverain et de protocoles de chiffrement des données. »
L'idée n'est pas nouvelle. Déjà en 2014, Arnaud Montebourg, alors ministre du Redressement productif, voulait un système d'exploitation « made in France » capable de rivaliser avec les Windows, iOS et autres Android. Un vœu qui n'a jamais dépassé le stade des paroles. Quatre ans plus tôt, Stéphane Richard, patron d'Orange, rêvait quant à lui d'un OS européen. Un projet là aussi rapidement tombé aux oubliettes.
Rappelons-le une nouvelle fois, un système d'exploitation français a déjà existé ! En 1998, la première version de Mandrake Linux (devenu plus tard Mandriva) a été créée par une équipe française. La société Mandriva a malheureusement fermé l'année dernière, mais le logiciel vit toujours sous d'autres formes (les forks OpenMandriva et Mageia).
Comme l'indique Next INpact, l'amendement de Delphine Batho fait partie de ceux « qui n'ont (quasiment) aucune chance de passer ». Parmi les écueils, pourquoi créer un nouveau « Commissariat à la souveraineté numérique », chargé donc de la création d'un OS français, alors que plusieurs instances existantes (Conseil national du numérique, Commission numérique de l'Assemblée nationale, Hadopi...) pourraient déjà se saisir du sujet ?