Upthere est lancé en bêta et nous avons pu l’utiliser pendant quelques heures. Ce nouveau service de Cloud a été cofondé par Bertrand Serlet, l’ancien responsable d’OS X et il est disponible sur iOS, Android et OS X. Nous l’avons essayé sur un Mac et sur un iPhone, en utilisant au maximum ses fonctions.
Le grand principe d’Upthere est de rassembler dans le cloud tous vos documents, photos et musiques. Il s’approche à cet égard de l’offre d’Apple, mais ajoute à iCloud Photos et iCloud Drive l’équivalent d’iTunes Match. On doit ainsi retrouver en permanence tout ce qui est important, dans une seule application, que ce soit sur l’ordinateur ou sur un smartphone. C’est une approche originale, mais qui pose aussi quelques problèmes, on y reviendra.
L’indexation se poursuit encore, mais Upthere est capable de synchroniser automatiquement votre photothèque et votre musique. Sur iOS, on peut mettre toutes les images en ligne, mais c’est tout. Sur OS X, on peut indexer les morceaux à partir d’iTunes et c’est ce que nous avons choisi de faire. Il n’y a pas de limite sur l’espace de stockage pendant la bêta et nous avons ainsi ajouté environ 100 Go de photos et 200 Go de musique. À cela, nous avons ajouté une partie seulement de notre Dropbox, environ 150 000 fichiers de toute sorte.
Un silo fermé, pas pratique sur Mac…
Contrairement à Dropbox ou même iCloud Drive, Upthere ne s’intègre pas du tout au Finder. Pour synchroniser un dossier, on le glisse dans la fenêtre, mais on génère alors une copie sur les serveurs d’Upthere. C’est à la fois une bonne et une mauvaise chose : d’un côté, on peut faire de la place sur le disque dur du Mac et garder un accès complet à tous les documents ; en même temps, on ne peut pas facilement travailler sur des fichiers synchronisés. Et on ne peut pas ajouter des éléments en passant par le Finder : on aimerait au moins que le logiciel surveille un dossier et intègre systématiquement son contenu.
Peut-être que la situation évoluera d’ici la finalisation du service, mais pour le moment, Upthere fonctionne en silo fermé. Le logiciel est le seul point d’accès aux données et il sert aussi bien à afficher les images et les documents que de lecteur pour la musique. La version actuelle est très limitée et ne propose pas beaucoup de fonctions pour chacune de ses sections. Pour les images, vidéos et documents, on doit se contenter d’une sorte de Coup d’œil, avec quelques fonctions supplémentaires, comme les données EXIF.
Là aussi, le silo pose problème sur Mac. Les documents indexés par le service ne peuvent pas être ouverts dans un logiciel tiers pour être modifié sur place. Il faut exporter une copie (le logiciel la place dans le dossier ~/Téléchargements
), la modifier dans le logiciel que l’on veut et importer à nouveau le résultat dans Upthere. Vous aurez alors un doublon et ce sera à vous de le gérer, c’est contraignant…
Côté musique, on n’a qu’une seule organisation (par artiste, puis par album) et qu’une seule présentation. Un clic lance un morceau, un autre clic arrête la lecture. On a bien des contrôles en bas à gauche de la fenêtre, mais c’est tout. Pas de notion de liste de lecture, pas de contrôle au clavier de la musique, nulle lecture aléatoire… Upthere a encore du travail pour atteindre le niveau d’iTunes.
L’interface du logiciel est volontairement minimale. On a une barre latérale sur le côté avec quatre sections par défaut : « Flow » qui affiche toutes les activités du compte, « Photos et Videos », « Music » et « Document ». En-dessous, on trouvera les partages, on y reviendra plus loin. Chaque section est adaptée en fonction du type de contenus, mais on retrouve toujours la même mise en avant d’une même fonction : la recherche.
La musique est triée par artistes, les photos, vidéos et documents sont filtrés par mois, mais c’est tout. Pour trouver quelque chose, Upthere rejette la métaphore habituelle des dossiers qui regroupent plusieurs fichiers. Pour trouver un élément, on utilise le moteur de recherche qui est toujours présent en haut de l’interface.
Disons-le, Upthere n’est pas prêt de remplacer Dropbox ou iCloud Drive sur Mac. L’absence totale d’intégration est un problème et on ne voit pas comment le logiciel pourra le régler simplement, il faudrait une remise en cause complète de son fonctionnement.
Upthere a été plutôt pensé pour le mobile
Ce principe du silo fermé est étrange et, pour le dire franchement, pas très bien vu sur Mac. En revanche, il est beaucoup plus naturel sur iOS où toutes les applications sont de toute manière fermées. De ce fait, Upthere Home (App Store US) est bien plus convaincant que la déclinaison OS X.
L’application est encore assez instable sous iOS 9, mais à ce stade, ce n’est pas choquant. Elle est aussi réservée aux iPhone et on espère qu’une version adaptée à l’iPad suivra rapidement. Comme la déclinaison pour ordinateurs de bureau, tout est rangé ici dans trois catégories : les photos, la musique et les documents. Upthere sert autant à consulter ses photos qu’à écouter sa musique, et là aussi, les fonctions sont encore très réduites.
Que ce soit sur iOS ou sur OS X, la recherche reste au cœur du service et elle est encore plus simple d’accès sur iPhone. Dans l’une des trois sections, on peut glisser l’interface vers le bas pour accéder au champ de recherche et trouver les documents, la musique ou les photos. Mais comme sur Mac, Upthere ne fait pas grand-chose et il faut dupliquer un fichier pour le modifier.
Cela aurait été normal il y a quelques années, mais iOS offre désormais des solutions aux concurrents d’iCloud Drive pour obtenir la même intégration dans toutes les applications. Malheureusement, Upthere n’en profite pas encore, et c’est bien dommage… en espérant que cela change d’ici la sortie de la version finale.
Sur l’App Store, Upthere n’a pas prévu qu’une seule, mais deux applications. L’autre se nomme Upthere Camera (App Store US) et elle sert uniquement aux photos. Elle permet aussi de mettre en ligne les images stockées sur le terminal, mais elle se distingue surtout par la possibilité de prendre des photos et de les publier automatiquement. Plus original, on peut créer des appareils partagés : dans ce cas, toutes les photos que l’on prend sont immédiatement envoyées à tous ceux qui ont accès au partage. Et eux-mêmes peuvent l’enrichir pour former un album global lié à un évènement.
Upthere mise beaucoup sur le partage
Le partage est en effet une fonction au cœur d’Upthere. Même si on peut utiliser le service seul, on peut aussi créer des « Loops » qui regroupent plusieurs éléments et qui peuvent être partagés avec n’importe qui. Chaque boucle peut contenir une ou plusieurs photos, mais aussi des morceaux de musique et des documents. Depuis le Mac ou l’iPhone, on peut choisir un élément et l’ajouter à un groupe de partage existant, ou en créer un nouveau.
Le partage se fait en privé, entre utilisateurs d’Upthere, ou bien en public. Dans ce dernier cas, le logiciel génère une URL que n’importe qui peut ouvrir pour afficher les différents fichiers et les télécharger (exemple). Cela fonctionne aussi avec de la musique… voilà qui ne devrait pas plaire aux ayants droits ! Quant au partage en interne, il fonctionne exactement comme les dossiers partagés de Dropbox : tout ce qui y est ajouté est accessible par tout le monde.
Cette fonction de partage est intéressante, mais Upthere n’invente rien et ses concurrents sont souvent bien plus avancés en la matière. C’est d’ailleurs le cas de manière générale : ce service avait de grandes ambitions, mais à l’arrivée, on a un Cloud légèrement revisité, mais pas fondamentalement transformé. L’accent porté exclusivement sur la recherche est original et assez bien vu sur un appareil iOS où l’on ne veut pas forcément d’un nouveau Finder, mais il est plus gênant sur Mac.
Sur les ordinateurs traditionnels, c’est surtout le concept de silo qui est un handicap. On peut difficilement intégrer Upthere à son workflow habituel et ce sera certainement un frein à son adoption. Ce nouveau venu néanmoins est suffisament novateur pour être intéressant, on apprécie en particulier l’intégration d’un lecteur audio, même s’il faudra l’améliorer pour qu’il soit vraiment utile.
On ne pourra pas non plus se faire vraiment d’idée sans connaître les conditions et les tarifs. La bêta ne semble pas avoir de limites d’espace de stockage et les concepteurs du service ont assuré vouloir casser les prix. Mais que faut-il réellement attendre sur ce point ? En attendant de le savoir, vous pouvez vous inscrire à la bêta en remplissant ce formulaire. Les applications mobiles nécessitent de disposer d’un compte App Store américain, en revanche le client OS X est disponible pour tout le monde.