Mozilla réaffirme son plein engagement dans Firefox, alors que le navigateur fait face à un « déclin alarmant », pour reprendre des termes utilisés en interne. La fondation s'est récemment fendue d'un billet de blog faisant le point sur les trois piliers soutenant le futur du navigateur. Un billet auquel Dave Camp, le directeur de l'ingénierie de Firefox, a apporté quelques précisions ensuite dans une liste de diffusion.
Pas de compromis sur la qualité
Le premier maître mot, c'est la qualité. Mozilla veut proposer « une expérience utilisateur sans compromis » en s'assurant que « Firefox respecte les standards les plus rigoureux de qualité et de performances. »
La fondation compte y parvenir en adoptant une politique du « Great or Dead » (« génial ou mort »). Si une fonction n'est pas « peaufinée, en bon état de marche et plaisante à utiliser », elle sera tout simplement abandonnée. Ça ne veut pas dire que le développement d'une nouvelle fonction sera abandonné au premier obstacle qui se présente, mais si les développeurs butent trop longtemps sur un problème, ils pourront décider de « trouver des services tiers ou des extensions qui font un meilleur travail [qu'ils ne le peuvent]. »
Outre Firefox iOS, Mozilla se concentre actuellement sur e10s, un projet au long cours qui doit se concrétiser d'ici la fin de l'année. e10s va permettre de séparer les processus de la version de bureau de Firefox : le contenu des onglets et l'interface vont être dissociés dans un premier temps, puis chaque onglet va avoir droit à son propre processus (comme Safari et Chrome). À la clé, un gain sensible de stabilité et de performances, mais aussi d'éventuels problèmes de compatibilité avec les extensions non adaptées.
Un autre gros chantier, qui en est seulement au stade des premiers remue-méninges, est l'abandon de XUL et XBL, les deux langages utilisés pour la création de l'interface de Firefox. Ceux-ci ont l'avantage d'être multiplateformes, mais ils sont très peu utilisés en dehors de la fondation. « Les problèmes de performances ne sont pas réglés et cela crée inutilement beaucoup de complexité au sein de Gecko (le moteur de rendu, ndr) », note Dave Camp. Par quoi remplacer XUL et XBL ? Une interface native pour chaque plateforme ou des technologies web modernes ? La question reste ouverte.
Le meilleur du web
Le deuxième pilier soutenant le futur de Firefox, c'est d'offrir « le meilleur du web ». Concrètement, il s'agit de nouer des partenariats avec des organisations pour renforcer la plateforme qu'est le web et apporter les innovations dans le navigateur.
Mozilla prend l'exemple de Hello, son service de chat vidéo intégré nativement qui est basé sur WebRTC et qui a été crée avec l'aide de l'opérateur Telefonica.
Il y a aussi le partenariat avec le service de lecture différé Pocket qui, lui, a fait grincer des dents. Des utilisateurs se sont plaints que Firefox intègre nativement un service propriétaire. Dave Camp dit avoir entendu les critiques et réfléchir à des intégrations plus respectueuses des services de partenaires vis-à-vis des utilisateurs (en donnant notamment la possibilité de supprimer facilement et entièrement le service).
Un Firefox unique
Enfin, Mozilla veut faire de Firefox un navigateur unique, qui se différencie des autres par ses performances, sa qualité et la confiance qu'il inspire. La fondation insiste sur le respect de la vie privée. Entre autres choses, le mode de navigation privée va être prochainement amélioré. Ce que Mozilla ne dit pas en revanche, c'est comment elle va concilier à moyen terme le respect de la vie privée et l'intégration de la publicité qui étend de plus en plus en son champ d'action (lire : Et maintenant de la pub basée sur l'historique de navigation dans Firefox).
image de une Mozilla in Europe CC BY