Concurrence accrue, imbroglio comptable… Avid n’est pas au mieux de sa forme, mais refuse qu’on la considère pour autant au bord du gouffre. Pour en savoir plus sur la situation du spécialiste des solutions audio et vidéo professionnelles, nous avons posé quelques questions à John Frederick, son vice-président exécutif et directeur financier.
MacGeneration — Vous avez annoncé que vos résultats financiers seraient republiés d’ici à la mi-2014. Pourquoi devez-vous les revoir ? Aurez-vous fini à temps ? Croyez-vous que cette procédure répondra aux exigences du NASDAQ et permettra la reprise de la cotation de l’action Avid ?
John Frederick — Comme nous l’avons déjà expliqué, un problème technique de comptabilité a été identifié lors de la clôture de notre année fiscale 2012 et retarde depuis la publication de nos résultats. Ce problème comptable nous oblige à réviser nos comptes. Nous continuons à travailler dur pour corriger cette erreur qui concerne près de cinq millions de lignes de transactions sur une durée de huit ans et demi. Nous avons annoncé que nous comptons achever ce processus d’ici à la mi-2014.
Lorsque nous aurons mis à jour nos déclarations à la SEC, nous comptons solliciter un retour rapide sur le Nasdaq afin que notre action puisse être remise en vente sur ce marché aussi rapidement que possible, dès que nous respecterons à nouveau les critères de cotation.
L’analyse comptable que nous menons à ce sujet est un processus complexe et prenant beaucoup de temps, compte tenu du nombre d’années touchées. Nous travaillons minutieusement et employons toutes les ressources disponibles pour mener à bien cette tâche. Nous sommes persuadés que ce problème sera résolu.
L’action Avid a dévissé à la suite de la publication de l’avis de sortie de cotation, et n’a pas retrouvé son cours normal maintenant qu’elle s’échange de gré à gré. Est-ce cela vous inquiète ? Est-ce que cela limite votre capacité à financer votre activité ?
Au cours de ce processus, nous restons complètement et absolument concentrés sur l’exécution de nos stratégies d’innovation et de croissance. Après avoir terminé l’année 2013 avec 48 millions de dollars en réserve et zéro dette, nous pensons que sommes bien placés pour soutenir ces efforts. Les actions de la société se négocient, de gré à gré, à un prix similaire à celui précédant la sortie de cotation du Nasdaq, et à des volumes qui traduisent un intérêt constant du marché et une bonne liquidité.
Avid reste forte et concentrée sur sa croissance. Nous avons présenté notre vision d’un Avid « partout » pour le futur de l’industrie des médias, [que nous avons développé] lors de la réunion inaugurale de la nouvelle association des clients Avid (Avid Customer Association, ACA). Nous prévoyons d’annoncer de nombreuses nouveautés produit en 2014 et de continuer à profiter de la dynamique du marché. Nous sommes persuadés qu’Avid, qui continue à investir agressivement dans des produits innovants, demeure bien positionnée pour soutenir le succès renouvelé de ses clients.
Reste qu’Avid a été assez malmenée ces dernières années. Croyez-vous toujours être capable d’investir et d’innover aussi rapidement que vos concurrents ?
Absolument. Encore une fois, et en répétant ma précédente réponse, nous avons terminé l’année 2013 avec 48 millions de dollars en réserve et zéro dette, donc nous pensons que nous sommes bien placés par soutenir ces efforts. [NdR : John Frederick répète ensuite le deuxième paragraphe de sa précédente réponse.]
Comment vos clients de longue date ont-ils réagi à ces nouvelles ? Craignez-vous qu’ils perdent confiance en vous et se tournent vers les solutions de vos concurrents ? Si oui, comment regagner leur confiance ?
Nos clients comprennent que nous travaillons dur pour boucler la révision de nos résultats, et nous continuons à maintenir notre communauté informée de notre progression. En tant que société, nous tenons à rester complètement et absolument concentrés sur notre stratégie de croissance et à aider nos clients à relever leurs principaux défis stratégiques présents et futurs. Je sais que j’ai déjà mentionné l’ACA, mais c’est parce que c’est un excellent exemple du niveau d’implication de notre communauté.
[Du 4 au 6 avril], nous avons réuni des centaines de clients, partenaires et « influenceurs » lors de l’Avid Connect, l’événement inaugural de l’ACA. Cette association a été décrite [NdR : par ses membres] comme « un grand réseau englobant toute l’industrie des professionnels des médias » — un réseau formé par et pour nos clients, et administré par Avid. L’ACA doit assurer un leadership stratégique essentiel et améliorer la communication et les relations entre Avid et ses clients, partenaires et utilisateurs.
NDLR : cette interview a été menée en anglais, nous avons donc traduit les réponses de John Frederick (et adaptés certains points, signalés entre crochets, pour refléter la date de parution).
À l’occasion du NAB, Avid a présenté sa plateforme « MediaCentral », première réalisation de sa vision d’un Avid « partout ». Partout, c’est logiquement dans le nuage, que la société avait jusqu’ici largement ignoré : Pro Tools intègrera notamment un système de collaboration et d’archivage en ligne et une boutique où les utilisateurs pourront vendre leurs créations.
Avid a aussi complètement revu sa manière de présenter ses produits :
- l’Artist Suite comprend tous ses outils de création : Media Composer et les matériels associés, ProTools et les matériels associés, Sibelius, Avid Motion Graphics… ;
- la Media Suite comprend tous les outils de gestion et de distribution : iNews, InterPlay, Media Director/Distribute/Index ;
- et la Storage Suite, qui comprend notamment les systèmes de stockage ISIS, tous adaptés aux workflows 4K.
Enfin, elle propose désormais un système d’abonnement, qui coûte par exemple 49,99 $ par mois pour Media Composer. Ce système est facultatif, puisque Media Composer 8 sera aussi proposé à l’achat à 1 299 $. Mais au-delà de la première année, il faudra payer 299 $ par an pour bénéficier de l’assistance technique et des mises à jour perpétuelles. Et l’offre avec abonnement inclut un accès à Symphony, NewBlue Titler Pro 2, Sorenson Squeeze Lite et Boris Continuum Complete Lite, alors que l’achat ne comprend que NewBlue Titler Pro 1 et Sorenson Squeeze Lite.
Media Composer 8, d’ailleurs, ne contiendra aucune nouveauté renversante, Avid ayant décidé de se concentrer sur l’implémentation du système d’abonnement. Une fois celui-ci rodé, les nouveautés arriveront par le biais de mises à jour successives.