En passant de WebCore à Blink, Google a allégé Chrome de quelque 4,5 millions de lignes de code. Alors que la firme de Mountain View veut améliorer les performances de Blink sur mobile, Eric Seidel propose d’abandonner la spécification CSS Regions — ce qui provoque l’ire de son créateur, Adobe.
Regions facilite la création de mises en page complexes et flexibles, un des talons d’Achille du langage CSS. Cette spécification permet notamment de répartir les contenus d’une page web au fil d’une série de conteneurs, à la manière des blocs de texte de Pages… ou d’InDesign. Elle est prise en charge par Safari sur OS X et iOS, Chrome et Opera donc, mais aussi Internet Explorer : ces quelques démonstrations développées par Adobe illustrent bien son intérêt.
Seidel, spécialiste des moteurs de rendu HTML passé par Apple avant de rejoindre Google, estime cependant qu’elle n’est pas seulement lourde en pratique, mais aussi structurellement trop complexe. Il est rejoint en cela par Håkon Wium Lie, à la fois créateur de CSS et directeur technique d’Opera. La société norvégienne utilise elle aussi Blink et a proposé CSS Multi-column, une spécification certes moins ambitieuse que celle d’Adobe, mais qui permet déjà de répartir du texte sur plusieurs colonnes.
Avec son concept de « fragmentation » (la manière dont des éléments peuvent être répartis sur plusieurs blocs, pages, écrans…), Regions est bien éloignée des préoccupations beaucoup plus prosaïques de Google. Sa remise en cause de certains acquis de l’approche responsive pose aussi problème à un moment d’optimisation des navigateurs mobiles. Péché suprême, elle représente 10 000 lignes de codes, alors que Blink comporte en tout 350 000 lignes de code C++.
Adobe compte travailler avec Google pour tenter de préserver Regions, mais la firme de Mountain View n’est pas loin d’avoir pris sa décision. Chrome a pris une telle importance aujourd’hui que son abandon de Regions pourrait tout simplement signifier l’arrêt de mort de cette spécification. Pour Google, la rapidité de chargement l’emporte sur la flexibilité de la mise en page.
Source : Via Cnet et Chris Coyier. Image de tête : Google.