Quelque part, le MacBook Pro Retina était attendu depuis 2005 : les travaux autour de l'indépendance de résolution avaient fait plus que suggérer qu'un jour, les Mac seraient dotés d'écrans haute résolution. L'iPhone, l'iPad et le MacBook Air ont progressivement dessiné ce que seraient ces Mac du futur, des machines fines, puissantes et increvables, à la faveur d'une optimisation en forme de fermeture. Le MacBook Pro Retina correspond parfaitement à ce portrait-robot, et doit aujourd'hui répondre aux attentes qui se sont formées autour de lui. À la croisée du MacBook Pro, du MacBook Air et de l'iPad, hérite-t-il des forces combinées des trois ? La réponse dans notre test.
MacBook Pro + MacBook Air = MacBook Pro Retina
En tant que MacBook Pro, ce modèle Retina reprend les grandes lignes du design qui habille la gamme de portables « professionnels » d'Apple depuis 2008. Difficile donc d'être surpris par la coque monocorps en aluminium, le clavier « minitel » noir et l'écran cerclé de la même couleur. Il ne s'agit pourtant que d'un air de famille, tant la finesse de cette machine change totalement la perception de ce design. On a moins l'impression de faire face à un char d'assaut qu'à une Rolls-Royce : les deux sont encombrants, mais l'un est un tout petit peu plus pratique et luxueux que l'autre.
Le MacBook Pro Retina mesure 6 mm de moins d'épaisseur que le MacBook Pro 15" qu'il finira par remplacer : cela peut paraître peu, mais lorsque l'on se rend compte qu'il est à peine plus épais que le MacBook Air alors qu'il embarque un processeur quadricœur et une carte graphique à 1 Go de VRAM, on comprend l'importance du coup de rabot. Épais de 1,8 cm donc, le MacBook Pro Retina mesure 35,59 sur 24,71 cm : il est donc un petit peu moins large et profond que le MacBook Pro 15". Pesant 2,02 kg, il est plus léger que le MacBook Pro… 13".
Fin et léger, le MacBook Pro Retina a été conçu comme un MacBook Air 15". Bien qu'il ne reprenne pas le design effilé du MacBook Air et ne possède plus de lecteur optique, le MacBook Pro Retina dispose d'un espace interne réduit : Apple a donc repris les mêmes recettes, et ce nouveau MacBook Pro est une machine aux composants personnalisés rentrés au chausse-pied et pour la plupart inamovibles.
L'intégration — la fermeture diront certains — est le principal compromis à faire pour obtenir des machines plus radicales en matière de design et de conception. Les MacBook Pro, comme la plupart des ordinateurs portables, n'ont jamais été des machines faciles à ouvrir, réparer et faire évoluer ; le MacBook Pro Retina doit être considéré comme une machine fermée devant passer au SAV en cas de problème, à la manière de l'iPhone, de l'iPad… ou des voitures les plus récentes.
Apple a fait en sorte que l'on ne puisse que difficilement lui reprocher ce choix de l'intégration extrême. Certes, la mémoire RAM est désormais soudée — mais elle en fournit 8 Go au moins (en DDR3L à 1 600 MHz), 16 Go en option. Certes, le SSD est dans un format barrette mSATA non standard — mais le plus petit offre 256 Go de stockage, Apple propose une option 768 Go, et les fabricants ne devraient pas tarder à proposer des modèles de tierce partie. Et oui, la batterie est carrément collée à l'intérieur de la machine — mais quand il faudra la changer dans trois ans, cela sera fait dans la journée pour 199 €, soit 10 € de plus seulement que pour la batterie du MacBook Pro 17". Et vous hériterez sans doute d'un topcase tout neuf dans l'opération.
Certains déploreront cette approche « électroménager » de l'informatique, mais c'est la conclusion logique de l'approche d'Apple depuis 30 ans — et la firme de Cupertino fait tout pour minimiser les frictions. Certains déploreront aussi que cette machine qui se veut professionnelle fasse l'impasse sur l'Ethernet ou le FireWire : c'est vite oublier qu'elle dispose de deux ports Thunderbolt, de deux ports USB 3.0 et d'un port HDMI. Ces ports Thunderbolt pourront d'ailleurs servir de port Ethernet ou de port FireWire grâce à des adaptateurs fournis par Apple : c'est là-aussi 29 € de plus à dépenser et un objet de plus à avoir dans le sac à dos, mais au moins le cas est-il prévu.
L'adaptateur Ethernet / Thunderbolt requiert environ 20 à 50 % des ressources d'un cœur processeur lors d'un gros transfert de fichiers, soit 2,5 à 6,3 % des ressources de l'ordinateur, autant dire rien. Seuls ceux qui connaissent bien mal Apple seront étonnés qu'elle promeuve de façon si agressive de nouvelles technologies, et laisse au placard d'autres qui handicaperaient l'évolution de ses produits (ici au niveau de la finesse). Ceux qui connaissent bien Apple seront d'ailleurs les plus étonnés de la voir fournir des adaptateurs !
Certains éléments ont néanmoins été sacrifiés sur l'autel de la finesse et de l'intégration sans forcément qu'Apple ne propose de remplacement. On peut comprendre que l'entrée son intégrée disparaisse : elle a toujours été de mauvaise qualité, et ceux qui en ont réellement besoin ont une carte externe USB ou FireWire. Au moins la sortie son combine entrée analogique et numérique, contrairement à ce qu'Apple indique d'ailleurs.
La disparition de l'indicateur du niveau de la batterie ne devrait pas faire verser beaucoup de larmes : sur certains modèles, il était situé en dessous de la machine, et le MacBook Air n'en a jamais disposé sans qu'on entende beaucoup de monde s'en plaindre.
La suppression de l'indicateur de veille devrait faire un peu plus jaser : non seulement il était un symbole de l'attention d'Apple pour les détails, mais il était particulièrement utile pour savoir d'un coup d'œil l'état de sa machine. Certes, le passage au SSD rend moins important ce témoin (plus besoin d'attendre la mise en veille pour soulever l'ordinateur), mais ouvrir le capot du MacBook Pro Retina pour savoir s'il est seulement en veille ou bien éteint est incontestablement moins simple que d'appuyer sur le bouton d'accueil de l'iPhone ou de l'iPad.
On regrettera aussi la disparition du capteur infrarouge, paradoxalement plus important sur une machine portable que sur une machine fixe. Sur un Mac mini utilisé comme media-center par exemple, le capteur infrarouge est souvent offusqué, et on peut parfaitement utiliser un iPhone ou un iPad comme télécommande Wi-Fi. Comme avec le MacBook Air, on peut néanmoins être amené à utiliser le MacBook Pro Retina comme machine de présentation, dans des contextes où l'on ne peut pas forcément se connecter à un réseau, et ou une liaison directe avec la machine est donc nécessaire. Il faudra désormais penser à emporter une télécommande Bluetooth avec soi.
Enfin, on avait déjà abordé le cas de la nouvelle prise d'alimentation MagSafe 2 dont le dessin s'est effilé, rendant la prise incompatible avec les chargeurs que vous pourriez déjà avoir en votre possession (lire : Aperçu du MagSafe 2 et de l'adaptateur MagSafe vers MagSafe 2).
MacBook Pro Retina : la fiche technique d'un 17" dans le corps d'un 15"
Puisque l'on parle des évolutions internes, il est temps de mentionner les composants de ce MacBook Pro Retina. Le modèle que nous avons testé est celui d'entrée de gamme, construit autour d'une puce Intel Core i7-3615QM qui regroupe processeur, puce graphique, et contrôleur mémoire.
Ce système-sur-puce fait partie de la famille des Core iX de troisième génération, aussi connue sous le nom d'« Ivy Bridge » ; gravé en 22 nm, il est relativement économe avec un TDP de seulement 45 W. On le retrouve dans le MacBook Pro 15" d'entrée de gamme : vous pouvez donc, pour encore quelques mois, faire le choix entre les deux modèles à dotation équivalente. Notez cependant qu'à configuration équivalente (8 Go de RAM, 256 Go de SSD), le MacBook Pro 15" classique coûtera 200 € de plus que le MacBook Pro Retina, et disposera de deux fois moins de mémoire vidéo — on voit dans quel sens Apple compte pousser les clients…
La puce Core i7-3615QM est dotée d'un processeur quadricœur accompagné de 6 Mo de cache de troisième niveau. L'HyperThreading fait apparaître ces quatre cœurs physiques comme huit cœurs logiques. Le Turbo Boost, quant à lui, augmente la cadence des cœurs en cas de besoins : si une application utilise quatre cœurs physiques, ceux-ci sont utilisés à leur cadence de base, 2,3 GHz ; si trois cœurs sont utilisés, ceux-ci tournent à 3,1 GHz ; sur deux cœurs, la machine passera à 3,2 GHz ; enfin sur un seul cœur, c'est la fréquence maximale de 3,3 GHz qui sera utilisée. L'idée est qu'en toutes circonstances, le processeur puisse délivrer un maximum de puissance : beaucoup de cœurs à leur cadence nominale avec les applications multi-threadées, un seul cœur poussé dans ses derniers retranchements pour les applications qui n'ont pas été adaptées.
Les plateformes Core iX embarquent, c'est une habitude, une puce graphique, ici l'Intel Graphics HD 4000. Disposant d'une cadence de base de 650 MHz, elle peut atteindre 1,2 GHz en charge : elle est censée être utilisée pour la plupart des tâches de base, où elle est relativement économe, mais nous avons remarqué que c'était souvent l'autre carte graphique du MacBook Pro Retina qui était à l'œuvre.
Cette autre carte, c'est une Nvidia Geforce GT 650M avec 1 Go de VRAM, une puce récente située dans le haut du panier du segment milieu de gamme. Pour une fois, Apple s'en est tenue à l'implémentation de base et n'a pas castré la carte pour en diminuer la consommation : on retrouve les 384 cœurs du core GK107, l'horloge processeur à 900 MHz, et l'horloge mémoire à 1 254 MHz. Soit les spécifications « de base » de la GT 650M, telles que Nvidia les a conçues — on aura l'occasion de revenir sur ce point.
Enfin, la plateforme Ivy Bridge intègre un nouveau contrôleur Thunderbolt, nommé Cactus Ridge. Alors que la plupart des fabricants de PCs se sont rabattus sur la version d'entrée de gamme, Apple a choisi le modèle haut de gamme, le DSL3510 4C, qui prend en charge quatre canaux Thunderbolt, deux canaux et une entrée DisplayPort et quatre canaux PCI Express pour une consommation de 2,8 W. Ce sont les cartes graphiques qui limitent le nombre d'écrans externes que l'on peut relier au MacBook Pro Retina : quatre si l'on désactive l'écran interne, trois sinon. Dans tous les cas, c'est bien la présence de deux ports Thunderbolt et d'un port HDMI qui permet de placer le MacBook Pro Retina au centre d'une véritable station de travail polyvalente.
Ainsi, nous avons sans problème relié cette machine à un écran Thunderbolt 27", un iMac 27" en mode cible écran, et un téléviseur en HDMI, avec l'écran interne réglé en 1920x1080 : l'affichage de 11,5 millions de pixels n'a pas posé de grands problèmes à la carte Nvidia, tant que l'on s'en tenait à des choses simples comme la lecture de vidéos HD.
Au final, la configuration du MacBook Pro Retina est en tous points comparable à celle des autres modèles 15", et même à celles des iMac : placer tous ces composants dans une machine si fine est une petite prouesse d'ingénierie.
On a déjà évoqué l'impossibilité de la réaliser sans un grand degré d'intégration, ce qu'un coup d'œil sous le capot confirme : tous les éléments sont assemblés au dixième de millimètre près. La principale nouveauté est sans doute le système de ventilation, passablement renforcé : les puces Ivy Bridge ont un TDP bas, mais elles dégagent quand même. Traditionnellement, l'air nécessaire à la ventilation des Mac était aspiré au travers du clavier, puis rejeté sous la charnière. Le MacBook Pro Retina est le premier Mac portable à processeur Intel doté d'évents d'aération clairement visibles, ici sur le côté de la machine.
Ces évents, ainsi que la partie centrale sous la charnière, sont chargés d'alimenter la machine en air frais, mais jouent aussi le rôle d'éléments rigidificateurs grâce à de petites poutrelles. L'air, une fois aspiré, est conduit par le biais de deux rigoles vers les ventilateurs, la barrette de SSD étant d'ailleurs située sur le passage du côté droit du MacBook Pro Retina.
Les ventilateurs utilisent une nouvelle construction et sont dotés de pales asymétriques, espacées irrégulièrement d'environ 2,8 à 3,6 mm : lorsqu'ils tournent à fond, le volume n'est pas inférieur à celui des ventilateurs d'un MacBook Pro 15" classique, mais le son est différent. Plus sourd, plus diffus, il est incontestablement moins désagréable et moins dérangeant. Mais si l'on entend moins les ventilateurs, c'est d'abord et surtout parce qu'ils tournent moins souvent à fond : ils accélèrent beaucoup plus tard qu'avant, montent plus lentement en régime, et redescendent très rapidement à leur niveau normal une fois la charge terminée.
Ainsi, il faut que le processeur passe les 75° pour que les ventilateurs daignent dépasser leur vitesse normale de 2000 TPM : après 45 minutes de jeu avec les options graphiques maximales, ils tournent à 6000 TPM pour maintenir le processeur et la carte graphique à environ 70°. À la fin de la partie, ils repassent très rapidement à 2000 TPM (lire : Le MacBook Pro Retina n'est pas une poêle à frire).
En utilisation normale, la coque du MacBook Pro Retina ne dépasse pas les 30° : c'est froid, et les ventilateurs sont inaudibles. La lecture d'un film HD 1080p fait à peine broncher les composants : la coque peut atteindre les 40° et les ventilateurs sont toujours aussi silencieux — on commence néanmoins à remarquer que la chaleur est localisée près de la charnière, qui offre désormais un plus grand dégagement et contient les grilles d'aération. Jouer pendant quelques minutes ou exporter une vidéo pendant 15 minutes ne suffisent pas à pousser l'ordinateur dans ses retranchements : il faut jouer à des jeux exigeants ou exporter des vidéos lourdes pendant au moins une demi-heure pour commencer à le faire chauffer.
Cette fois, la coque peut atteindre 50 à 55° : la zone au-dessus du clavier devient si chaude qu'il est gênant d'y poser les doigts, et on localise parfaitement un point de chaleur sous les touches 7 et 8, à l'emplacement du processeur. On peut bien sûr avoir le portable sur les genoux à ce moment-là, mais on le déconseillera vu la chaleur de l'air expulsé. Au final donc, et malgré sa finesse, le MacBook Pro Retina maîtrise très bien ses éléments — inaudible et froid dans les opérations quotidiennes comme dans certaines tâches un peu plus lourdes, il ne prend un coup de chaud que dans les tâches les plus exigeantes. Les souvenirs des premiers MacBook Pro Intel Core Duo sont bien loin…
Écran Retina : 2880 x 1800 pixels… en théorie
Mais bien sûr, la star de ce MacBook Pro Retina, c'est précisément l'écran Retina. Pour bien comprendre comment il fonctionne, il faut remonter à 2005 et Mac OS X Tiger. À l'époque, les écrans n'ont quasiment pas évolué depuis vingt ans et toutes les applications sont adaptées à des écrans d'une résolution de 80 à 120 ppp. Mais alors que l'on commence à parler d'écrans de 200, voire 300 ppp, certains se posent des questions. En effet, à dimensions constantes, plus la résolution augmente, plus les pixels sont petits ; les interfaces étant le plus souvent construites de pixels, l'augmentation de la résolution signifie une réduction de leur taille, jusqu'à les rendre difficilement lisibles et manipulables. Il faut donc trouver un moyen de bénéficier des avantages de la montée en résolution (disparition progressive du crénelage à mesure que les pixels rapetissent) tout en évitant les inconvénients (diminution de la taille des éléments d'interface).
Comme d'autres, Apple imagine un système permettant aux applications d'adapter la taille de leurs ressources selon la taille de l'écran : c'est le principe de l'indépendance de résolution, qui utilise non des pixels pour les coordonnées de l'écran, mais des points, avec un ratio entre les pixels et les points.
Un élément de 10x10 pixels sur un écran de 100 ppp (ratio 1:1) doit être tracé en 15x15 pixels sur un écran de 150 ppp (ratio 1.5:1), et en 20x20 pixels sur un écran de 200 ppp (ratio 2:1) pour conserver la même taille : non seulement sa lisibilité ne sera pas réduite, mais elle augmentera même puisqu'une même surface en points sera tracée avec plus de pixels, diminuant ainsi le crénelage et augmentant la clarté. Mac OS X 10.4 Tiger inclut ainsi un nouveau débogueur Quartz qui facilite la tâche aux développeurs : ceux-ci peuvent simuler diverses résolutions d'écran et ainsi vérifier le comportement de leurs applications. La plupart des API système, notamment celle traçant le texte, s'adaptent automatiquement, seules les ressources bitmap posant problème.
En 2007, Coda gagne un Apple Design Award en partie parce qu'elle prend parfaitement en charge la mise à l'échelle et est donc indépendante de la résolution de l'écran — Mac OS X 10.5 Leopard intègre d'ailleurs un mode HiDPI. Deux ans plus tard, Mac OS X 10.6 Snow Leopard fait pourtant un pas en arrière : les coefficients libres de mise à l'échelle disparaissent — OS X Lion ne prend d'ailleurs en charge qu'un seul coefficient, le doublement dans chaque dimension.
Entretemps, iOS est passé par là. L'iPhone 4 a conservé la même taille d'écran que l'iPhone 3GS, mais sa résolution a doublé, passant de 163 ppp à 326 ppp. Cela signifie qu'il possède quatre fois plus de pixels : en théorie donc, il aurait pu afficher quatre fois plus d'éléments à l'écran, mais des éléments beaucoup plus petits. En pratique pourtant, les éléments des applications prennent exactement la même place sur l'écran : au lieu qu'un point soit constitué d'un pixel (1:1), il est constitué de deux pixels horizontaux et deux pixels verticaux (2:1 ou mode @2x). Les éléments semblent ainsi quatre fois plus définis.
Avec cette approche, Apple a privilégié la lisibilité au détriment de la « surface » utilisable. Elle facilite aussi le travail des développeurs : au lieu de leur demander de travailler à des interfaces vraiment indépendantes de la résolution via des éléments vectoriels et une mise à l'échelle avec des coefficients qui ne sont pas toujours entiers, elle leur a simplement demandé de doubler les dimensions de leurs ressources bitmap, le système prenant la charge du reste.
Apple a procédé de même avec le MacBook Pro Retina : en théorie, un écran 15" de 1920 x 1080 pixels aurait suffit pour répondre à la définition d'un écran Retina — mais le coefficient de mise à l'échelle aurait alors été de 4/3, qui n'est pas un nombre entier, mais un nombre rationnel, et aurait donc requis un travail complexe de mise à l'échelle. Le plus simple était donc de doubler la résolution, comme avec l'iPhone ou l'iPad, et d'utiliser les pixels supplémentaires pour tracer les éléments de manière plus fine.
Ainsi, l'écran du MacBook Pro Retina compte bien 5,2 millions de pixels avec une définition horizontale de 2880 pixels et une définition verticale de 1800 pixels. Mais vous aurez compris que sa définition utile n'est pas de 2880x1800 pixels, car tous les éléments auraient alors été bien trop petits — d'ailleurs, si cette option est activable, elle n'est pas accessible en interface graphique.
Non, sa définition utile et nominale est toujours de 1400x900, mais il s'agit ici en fait de points composés de quatre pixels. Tous les éléments sont désormais tracés avec quatre fois plus de pixels, comme sur iOS, et apparaissent donc beaucoup plus fins. Vous trouvez que cela est compliqué ? Ce n'est pas que la partie immergée de l'iceberg, et le fonctionnement de l'écran Retina est en fait encore plus subtil.
Si vous ouvrez les préférences Moniteur du MacBook Pro Retina, vous constatez que par défaut, le mode Retina est activé : c'est le mode @2x ou ratio 2:1, ou échelle 2.0, selon le vocable employé. Dans ce mode, l'affichage est généré à une définition de 2880x1800 pixels, puis mis à l'échelle pour s'afficher sur l'écran à 1440x900 : le coefficient de mise à l'échelle et correspondance entre points et pixels étant un entier, le rendu est assez léger et permet cette grande finesse dans l'affichage.
Cette approche a des avantages : tous les éléments d'interface standards, les éléments vectoriels et les rendus graphiques et textuels utilisant les API d'OS X apparaissent ainsi à la « résolution Retina » et sont parfaitement nets. Elle a aussi des inconvénients : tous les éléments non-standard utilisant leur propre moteur de rendu doivent être adaptés, et apparaissent pour le moment sérieusement flous. Les ressources bitmap trop petites sont aussi upscalées avec une interpolation linéaire.
Les choses deviennent amusantes lorsqu'on se rend compte que la mise à l'échelle ne se fait pas au niveau de l'écran, mais élément par élément. Ainsi dans Aperture ou Final Cut Pro X, deux applications compatibles avec le mode Retina, l'interface est mise à l'échelle avec le coefficient 2:1, et apparaît parfaitement détaillée en 1440x900. Mais l'image et les vidéos, elles, ne sont pas mises à l'échelle et sont rendues avec un coefficient 1:1 : il n'y a donc pas d'interpolation, et vous affichez une vidéo en HD 1080p pixel par pixel en mode Retina, ou pouvez voir 3 ou 4 millions de pixels d'une image.
Dès lors, si vous passez Aperture en plein écran, vous ne voyez pas une zone de 1400x900 d'une image dont les pixels auraient été interpolés, mais bien 2880x1800 d'une image au pixel près. On obtient ainsi le meilleur des deux mondes : OS X utilise quatre pixels pour tracer un point d'interface afin qu'il soit le plus défini possible, mais un pixel extrêmement fin pour tracer un pixel d'image ou de vidéo afin qu'elles soient les plus définies possibles. De ce point de vue, la gestion logicielle de l'écran Retina est une réussite incontestable.
Si vous arrivez toujours à suivre à ce degré de subtilité, vous vous demanderez sans doute comment sont générées les autres définitions accessibles dans les Préférences système. Les définitions supérieures équivalent à des définitions de 1680x1050 (celle du MacBook Pro 15" avec option HD) et 1920x1200 (la définition horizontale du MacBook Pro 17" avec option HD). Elles sont en fait d'abord rendues à respectivement 3360x2100 et 3840x2400, mises à l'échelle avec un coefficient de 2:1, puis conformées à l'écran 2880x1800.
On obtient donc une définition utile de 1680x1050 ou 1920x1200, avec l'apparence d'un système à 1680x1050 ou 1920x1200, tout en gardant une grande définition des éléments d'interface puisque la mise à l'échelle reste limitée. Ces définitions sont un peu moins fines que le mode Retina natif, mais incomparablement plus fines que les définitions équivalentes sur un MacBook Pro 15" ou 17" avec l'option HD, les pixels de l'écran Retina étant bien plus petits.
Cerise sur le gâteau : dans ces modes, OS X sait toujours mettre à différentes échelles différents contenus. Ainsi, en 1920x1200, Aperture est tracé en 3360x2100 avec des éléments mis à l'échelle pour qu'ils ne soient pas miniatures. Mais l'image, elle, n'est pas mise à l'échelle : si vous passez en plein écran, vous pourrez utiliser les 5,1 millions de pixels de l'écran Retina, et si votre image est plus petite, elle devra être interpolée.
Dans Final Cut Pro X, vous mettrez ainsi à l'écran plusieurs vidéos en HD 1080p côte à côte, sans interpolation, avec un rendu au pixel. Là encore, le fonctionnement de l'écran Retina est tout simplement redoutable : le casse-tête de l'indépendance de résolution est aujourd'hui résolu, et d'une manière d'ailleurs plus complète et complexe que sur iOS — bref, d'une manière adaptée aux besoins d'OS X.
Écran Retina : le meilleur comme le pire
Ce fonctionnement assez particulier de l'écran Retina, on l'a dit, présente quelques inconvénients — mais les avantages sont francs. Ainsi, la plupart des jeux « voient » les définitions utiles et les définitions « Retina ». Starcraft II, pour n'en citer qu'un, liste ainsi toutes les définitions standards (1024x768, 1280x800, 1440x900, 1680x1050 et 1920x1200), mais si vous les choisissez, le jeu apparaîtra alors flou. Mais il liste aussi les cibles offscreen d'OS X, ces « écrans virtuels » utilisés pour le calcul avant mise à l'échelle : 2048x1280, 2560x1600 et 2880x1800.
En choisissant ces définitions, vous utiliserez en fait le mode Retina avec un jeu en 1024x640, 1280x800, et 1440x900. À part quelques éléments comme la console qui apparaitront miniatures, car ils ne sont pas mis à l'échelle, tous les autres seront bien plus définis, un régal lorsque l'on pousse un peu les graphismes, ce que permet la carte Nvidia Geforce GT 650M. Sans le moindre patch donc, la plupart des jeux bénéficient déjà des avantages du Retina ; une petite mise à jour permettra de mettre à l'échelle les quelques éléments qui échappent encore aux mécanismes d'OS X.
Les applications parfaitement compatibles avec le MacBook Pro Retina sont encore rares : il s'agit des applications fournies avec OS X, ainsi que de quelques logiciels n'utilisant que des éléments d'interface parfaitement standard. Safari est sans doute le meilleur exemple de l'impact du Retina.
Ces captures ont été réalisées avec une nouvelle option permettant de lancer les applications en basse résolution (Cmd + I sur l'icône de l'application). Cette option est cochée par défaut sur la plupart des applications qui ne sont pas adaptées, mais sur les applications de la suite iWork par exemple, la décocher permet d'obtenir un texte un peu moins flou, même s'il reste peu défini.
Le plus gros problème vient des applications utilisant assez peu voire pas du tout les API standard d'OS X. Ainsi, Google Chrome utilise le rendu textuel d'OS X, mais passe par un tampon externe : le texte des pages web est flou, alors qu'il est net sur Safari. Une version bêta prend néanmoins en charge les écrans Retina. Photoshop souffre du même problème : bien que beaucoup d'éléments d'interface soient vectoriels, il faudra attendre une mise à jour pour que le mode Retina soit parfaitement pris en compte.
Le plus gros problème viendra néanmoins du web : certes, le texte est rendu par le système et est donc toujours net, mais la plupart des images ne supportent pas l'interpolation et apparaissent particulièrement peu définies. On connaît ce problème avec l'iPad et dans une moindre mesure l'iPhone, mais l'écran bien plus grand du MacBook Pro Retina ne fait que l'accentuer.
Si l'on peut espérer que la plupart des applications seront bientôt adaptées, c'est peine perdue que d'attendre que le web se conforme aux écrans d'Apple. Ce sera sans doute le cas des logos, de quelques éléments des chartes graphiques (les sites dont le thème est du pur CSS étant déjà parfaitement rendus), mais ce ne sera sans doute pas le cas du reste des images avant de longues années, le temps que les écrans de plus de 200 ppp deviennent la norme. Le Retina Display est donc une éclatante réussite technique et logicielle, mais il va falloir encore un peu de temps pour l'exploiter à son plein potentiel.
Écran Retina : quelques chiffres pour conclure
Pour être parfaitement complet sur l'écran Retina, parce qu'il est nouveau, il reste encore à mentionner quelques détails qui ont leur importance. Nous avons mesuré sur banc son contraste à 800:1, un taux élevé dû à la profondeur de ses noirs (0,4 cd/m2) — le rendu est infiniment plus flatteur que ses prédécesseurs, ce qui participe à l'impression de grande finesse de l'écran. La luminosité a été mesurée à 300 cd/m2, et on doit concéder qu'à son maximum, elle est un peu trop forte (nous avons constamment travaillé à moins de la moitié de la luminosité).
Au-delà du nombre de pixels de cette dalle, il faut noter sa construction d'un genre nouveau pour Apple : la dalle de verre qui surmontait tous les écrans des MacBook Pro monocorps a disparu, et c'est désormais la couche supérieure de l'écran qui fait office de cadre. Ce changement est moins anodin qu'il n'y paraît : il nécessite de couper la dernière couche à une dimension différente des autres, afin qu'elle recouvre l'électronique embarquée. De plus, le capot de l'ordinateur est désormais une partie intégrante du châssis de l'écran : c'est la condition sine qua non pour que l'ensemble soit à la fois fin (3 mm) et résistant.
Conséquence bienheureuse de la suppression de la glace, l'écran est bien moins brillant — Apple annonce une réduction de 75 % des reflets. Les reflets sont toujours présents, et cet écran est loin d'être mat. Lorsqu'on est en face de l'écran néanmoins, les sources lumineuses doivent avoir un angle d'incidence élevé et une grande puissance pour générer des reflets : Apple a semble-t-il particulièrement travaillé sur les filtres polarisants. Dès que l'on passe sur les côtés, les reflets sont plus présents : l'écran du MacBook Pro Retina rappelle alors celui des MacBook Air, qui brille un peu, mais beaucoup moins que ceux recouverts d'une couche de verre.
Sur les côtés, d'ailleurs, les couleurs ne virent plus : le MacBook Pro Retina est le premier Mac portable à disposer d'un écran IPS. Les angles de vision atteignent désormais 178°, ce qui est particulièrement pratique lorsque l'on veut regarder un film ou lorsque l'on travaille dans des conditions peu idéales (dans le train par exemple, où l'on surplombe l'écran). L'arrivée de l'IPS est une excellente nouvelle, et elle explique en grande partie l'augmentation drastique de la qualité de cette dalle. Apple a fait un véritable effort de ce côté, et le MacBook Pro Retina est sans doute le premier Mac portable depuis les premiers PowerBook à disposer d'une dalle réellement à la hauteur des prétentions de la firme de Cupertino.
Ce déluge de compliments doit néanmoins être tempéré : oui, l'écran Retina est un écran de qualité, oui, sa gestion par OS X est particulièrement subtile et intelligente, mais au-delà des problèmes de contenus non adaptés, on remarque aussi, parfois, des problèmes de performance. Dans sa plus haute définition, le MacBook Pro Retina calcule un affichage de 3360x2100 — c'est la limite de ce que prend en charge la carte Nvidia Geforce GT 650M. Apple n'a pas modifié cette carte pour une bonne raison : elle a besoin de toute sa puissance pour gérer le Retina Display, et parfois ce n'est tout simplement pas suffisant. Même en 1440x900 Retina, le défilement dans Safari ou dans le Finder semble parfois manquer de fluidité : lorsque Craig Federighi expliquait que Safari 6 dans Mountain Lion utiliserait Core Animation, il expliquait en fait qu'avec Mountain Lion, le MacBook Pro Retina serait plus facile à gérer…
De ce point de vue, le MacBook Pro Retina semble être une machine légèrement en avance sur son temps, et Apple attend sans doute avec impatience la prochaine génération de processeurs Intel et de puces graphiques AMD ou Nvidia. Certes, le logiciel peut encore s'améliorer, et il le fera, mais le matériel est d'ores et déjà largement exploité. Le MacBook Pro Retina est une Rev. A solide, mais une Rev. A tout de même, un élément à garder à l'esprit lorsqu'il s'agira de l'acheter.
Performances : le MacBook Pro le plus puissant de l'histoire
Si néanmoins vous avez besoin d'une machine portable et puissante, vous n'hésiterez sans doute pas une seconde à acheter le MacBook Pro Retina : c'est un des portables parmi les plus puissants que nous ayons eu à tester. Geekbench est un test brut qui met à l'épreuve plusieurs cœurs de processeur et la mémoire. Sans surprise, le MacBook Pro Retina survole les débats, surclassant le MacBook Pro 17" qu'il remplace de facto et se permettant même d'enfoncer un iMac quadricœur de milieu de gamme.
Cinebench confirme que le MacBook Pro Retina n'a rien à envier dans le domaine de la puissance du processeur : il peut parvenir au niveau d'un iMac 27" haut de gamme gonflé. Les performances graphiques brutes offrent néanmoins une conclusion différente, et le MacBook Pro Retina peine à dépasser feu le MacBook Pro 17" et les iMac. On sent ici l'impact de l'écran Retina : la carte graphique Nvidia est puissante, mais le gain de puissance est absorbé par la définition quadruplée. Au moins ne recule-t-on pas.
Au delà de ces tests bruts, nous avons aussi mené notre batterie habituelle de tests d'applications : elle permet de mieux juger des performances réelles du MacBook Pro Retina dans des tâches quotidiennes. C'est la première fois qu'un MacBook Pro n'est pas battu à plate couture par un MacBook Air dans les tâches faisant appel au disque : le SSD fait son effet et permet à toutes les opérations d'être extrêmement fluides. Ajoutez-y une configuration moins étriquée, et vous obtenez d'excellents scores.
À propos du SSD, on rappellera qu'il est désormais relié en SATA III : il peut donc s'exprimer à son plein potentiel. Apple se fournit, pour le MacBook Air comme pour le MacBook Pro Retina, chez Samsung et chez Toshiba. Alors que notre MacBook Air était doté d'un SSD Toshiba, notre MacBook Pro Retina était équipé en Samsung. Peu importe, les résultats sont similaires : on dépasse allègrement les 350 MB/s. en lecture comme en écriture, et l'on peut atteindre les 400 MB/s.
Le MacBook Pro combine le double avantage du SSD et de la grosse configuration matérielle : il l'emporte donc dans tous les tests ou presque, et on aurait pu glisser un Mac Pro dans le lot, que cela n'aurait pas changé grand-chose. De manière générale, cette machine est à l'aise dans tous les domaines, sa puce quadricœur lui permettant d'affronter les exportations d'image, les compressions vidéo et les rendus 3D. Dans des applications 3D ou de calcul très optimisées, le Mac Pro restera évidemment un grand cran au-dessus grâce à son nombre de cœurs, et il s'agit d'une machine bien différente. Mais il n'y a plus aujourd'hui le fossé qu'il y avait entre les machines portables et les machines de bureau : on peut aujourd'hui dire sans hésiter et sans travestir la réalité que le MacBook Pro est un iMac à emporter.
Le test de Starcraft II a été mené avec des définitions Retina : on remarquera donc la belle performance de la Nvidia GT 650M en 2880x1800, où elle affiche 10 à 20 FPS de plus que l'AMD Radeon HD 6750M du MacBook Pro 17" ou de l'iMac à des définitions inférieures. Ce qui semble être une contre-performance en 1280 est en fait un nouvel exemple de l'exigence du fonctionnement de l'écran Retina : au lieu de 1280x800, c'est en fait en 2560x1600 que l'on joue, toujours avec des réglages plutôt poussées. Cette contre-performance est en fait une preuve de la puissance de la puce Nvidia choisie par Apple, mais aussi de sa nécessité dans le MacBook Pro Retina.
Autonomie : l'excellente surprise
Après ce déluge de performances et de pixels, on peut évidemment se demander si le MacBook Pro Retina a conservé l'autonomie remarquable de ses prédécesseurs. La réponse est globalement positive : le MacBook Pro Retina est un peu moins indépendant du secteur que le MacBook Pro 17", la faute à une batterie plus petite et de moindre capacité ; malgré son écran et son surplus de puissance, il possède néanmoins une meilleure autonomie que les MacBook Pro 15" de précédente génération, sans doute grâce à Ivy Bridge.
Dans notre traditionnel test de lecture de film HD (HD 1080p H.264 MKV avec VLC, luminosité à 80 % et son à 50 %) avec Mail ouvert et réglé pour des relèves toutes les minutes, le MacBook Pro Retina a rendu l'âme après 4h44. Ce n'est pas le record absolu, mais pas loin, et c'est en tout cas un excellent score — surtout si l'on considère que ce test aurait en théorie dû montrer la consommation de l'écran dense et lumineux du MacBook Pro Retina.
Dans le test « web en musique », où le film est remplacé par iTunes jouant de la musique en boucle et Safari rafraîchissant notre page d'accueil toutes les 30 secondes avec Flash installé, on atteint 6h40. Ce test est assez comparable à celui d'Apple, qui annonce 7h d'autonomie : on est un peu en dessous, pour un score qui n'est pas particulièrement éblouissant, mais n'est pas mauvais non plus, et est en tout cas à la hauteur du MacBook Pro 17".
Notre test plus empirique a quant à lui été une véritable surprise. Il consiste à utiliser la machine comme on l'utiliserait pendant une journée normale chez MacG, ici avec iA Writer, Numbers, iCal, Mail, le client Twitter Osfoora, Safari, et Dropbox, l'écran à 80 % et le son à 50 %. Et lorsqu'on dit journée, on ne ment pas : le MacBook Pro Retina a tenu 8h 45. Un deuxième test un peu plus exigeant, avec une partie de 35 minutes de Starcraft II et pas mal de lecture vidéo, notamment en Flash, a donné tout juste 6h d'autonomie. Bref, on pourra sans peine oublier le chargeur MagSafe à la maison et travailler avec le MacBook Pro Retina toute la journée.
Pour conclure
Le MacBook Pro Retina est sans conteste une franche réussite : il est fin, mais puissant, avec un écran de qualité, mais une excellente autonomie.
Cela ne veut pas dire qu'il est sans défauts. Il signe la fin programmée de l'intervention de l'utilisateur dans les entrailles de sa machine, alors que les portables d'Apple étaient déjà parmi les moins évolutifs du marché. Difficile néanmoins de prendre en compte ce point, qui tient plus de la réflexion au long cours sur l'évolution de la société et de l'informatique qu'autre chose. S'il fallait au contraire le prendre en compte du point de vue de l'utilisateur moyen, qui ne mettait de toute manière que très exceptionnellement les mains dans sa machine, on dirait que c'est une bonne chose : le plus grand degré d'intégration permet l'existence même de cette machine, et la disparition des pièces mobiles minimise le risque de pannes. Apple fait d'ailleurs tout ce qu'elle peut, du remplacement de la batterie aux adaptateurs, pour répondre préventivement aux critiques. On ne peut au final regretter que la disparition de quelques témoins qui étaient fort utiles.
L'écran Retina est un accomplissement à la fois matériel et logiciel. Pour la première fois, un MacBook Pro dispose non seulement d'un écran à la hauteur de la facture, mais même d'un écran bien meilleur que ce que propose la concurrence au même prix. Cette dalle IPS disposant d'un excellent contraste et de beaux noirs est d'une finesse remarquable, et le traitement logiciel est d'une subtilité qui ne peut que faire sourire d'admiration. En mode Retina comme en mode à l'échelle, Apple a fait en sorte de faire disparaître tous les inconvénients de la montée en résolution, et de magnifier les avantages avec son mécanisme ingénieux de mise à l'échelle selon le contenu. Néanmoins, cet écran est exigeant, et il ne laisse passer aucun défaut des dits contenus — et ils sont pour le moment nombreux — et ne ménage pas le processeur et la carte graphique.
Pour une première génération d'une toute nouvelle gamme chez Apple et d'un tout nouveau segment dans l'informatique générale, ce MacBook Pro Retina est sans conteste une excellente machine à laquelle on peut reprocher bien peu. Si vous n'en avez néanmoins pas absolument besoin, on ne saurait trop vous conseiller… que d'attendre la prochaine génération.
MacBook Pro + MacBook Air = MacBook Pro Retina
En tant que MacBook Pro, ce modèle Retina reprend les grandes lignes du design qui habille la gamme de portables « professionnels » d'Apple depuis 2008. Difficile donc d'être surpris par la coque monocorps en aluminium, le clavier « minitel » noir et l'écran cerclé de la même couleur. Il ne s'agit pourtant que d'un air de famille, tant la finesse de cette machine change totalement la perception de ce design. On a moins l'impression de faire face à un char d'assaut qu'à une Rolls-Royce : les deux sont encombrants, mais l'un est un tout petit peu plus pratique et luxueux que l'autre.
Le MacBook Pro Retina mesure 6 mm de moins d'épaisseur que le MacBook Pro 15" qu'il finira par remplacer : cela peut paraître peu, mais lorsque l'on se rend compte qu'il est à peine plus épais que le MacBook Air alors qu'il embarque un processeur quadricœur et une carte graphique à 1 Go de VRAM, on comprend l'importance du coup de rabot. Épais de 1,8 cm donc, le MacBook Pro Retina mesure 35,59 sur 24,71 cm : il est donc un petit peu moins large et profond que le MacBook Pro 15". Pesant 2,02 kg, il est plus léger que le MacBook Pro… 13".
Le MacBook Pro Retina (à gauche) face au MacBook Pro 15" (image de gauche) et au MacBook Air (image de droite).
Fin et léger, le MacBook Pro Retina a été conçu comme un MacBook Air 15". Bien qu'il ne reprenne pas le design effilé du MacBook Air et ne possède plus de lecteur optique, le MacBook Pro Retina dispose d'un espace interne réduit : Apple a donc repris les mêmes recettes, et ce nouveau MacBook Pro est une machine aux composants personnalisés rentrés au chausse-pied et pour la plupart inamovibles.
L'intégration — la fermeture diront certains — est le principal compromis à faire pour obtenir des machines plus radicales en matière de design et de conception. Les MacBook Pro, comme la plupart des ordinateurs portables, n'ont jamais été des machines faciles à ouvrir, réparer et faire évoluer ; le MacBook Pro Retina doit être considéré comme une machine fermée devant passer au SAV en cas de problème, à la manière de l'iPhone, de l'iPad… ou des voitures les plus récentes.
Image (cc) iFixit.
Apple a fait en sorte que l'on ne puisse que difficilement lui reprocher ce choix de l'intégration extrême. Certes, la mémoire RAM est désormais soudée — mais elle en fournit 8 Go au moins (en DDR3L à 1 600 MHz), 16 Go en option. Certes, le SSD est dans un format barrette mSATA non standard — mais le plus petit offre 256 Go de stockage, Apple propose une option 768 Go, et les fabricants ne devraient pas tarder à proposer des modèles de tierce partie. Et oui, la batterie est carrément collée à l'intérieur de la machine — mais quand il faudra la changer dans trois ans, cela sera fait dans la journée pour 199 €, soit 10 € de plus seulement que pour la batterie du MacBook Pro 17". Et vous hériterez sans doute d'un topcase tout neuf dans l'opération.
Certains déploreront cette approche « électroménager » de l'informatique, mais c'est la conclusion logique de l'approche d'Apple depuis 30 ans — et la firme de Cupertino fait tout pour minimiser les frictions. Certains déploreront aussi que cette machine qui se veut professionnelle fasse l'impasse sur l'Ethernet ou le FireWire : c'est vite oublier qu'elle dispose de deux ports Thunderbolt, de deux ports USB 3.0 et d'un port HDMI. Ces ports Thunderbolt pourront d'ailleurs servir de port Ethernet ou de port FireWire grâce à des adaptateurs fournis par Apple : c'est là-aussi 29 € de plus à dépenser et un objet de plus à avoir dans le sac à dos, mais au moins le cas est-il prévu.
Plus de FireWire natif certes, mais un lecteur de carte SD sérieusement plus rapide.
L'adaptateur Ethernet / Thunderbolt requiert environ 20 à 50 % des ressources d'un cœur processeur lors d'un gros transfert de fichiers, soit 2,5 à 6,3 % des ressources de l'ordinateur, autant dire rien. Seuls ceux qui connaissent bien mal Apple seront étonnés qu'elle promeuve de façon si agressive de nouvelles technologies, et laisse au placard d'autres qui handicaperaient l'évolution de ses produits (ici au niveau de la finesse). Ceux qui connaissent bien Apple seront d'ailleurs les plus étonnés de la voir fournir des adaptateurs !
Certains éléments ont néanmoins été sacrifiés sur l'autel de la finesse et de l'intégration sans forcément qu'Apple ne propose de remplacement. On peut comprendre que l'entrée son intégrée disparaisse : elle a toujours été de mauvaise qualité, et ceux qui en ont réellement besoin ont une carte externe USB ou FireWire. Au moins la sortie son combine entrée analogique et numérique, contrairement à ce qu'Apple indique d'ailleurs.
La disparition de l'indicateur du niveau de la batterie ne devrait pas faire verser beaucoup de larmes : sur certains modèles, il était situé en dessous de la machine, et le MacBook Air n'en a jamais disposé sans qu'on entende beaucoup de monde s'en plaindre.
La suppression de l'indicateur de veille devrait faire un peu plus jaser : non seulement il était un symbole de l'attention d'Apple pour les détails, mais il était particulièrement utile pour savoir d'un coup d'œil l'état de sa machine. Certes, le passage au SSD rend moins important ce témoin (plus besoin d'attendre la mise en veille pour soulever l'ordinateur), mais ouvrir le capot du MacBook Pro Retina pour savoir s'il est seulement en veille ou bien éteint est incontestablement moins simple que d'appuyer sur le bouton d'accueil de l'iPhone ou de l'iPad.
On regrettera aussi la disparition du capteur infrarouge, paradoxalement plus important sur une machine portable que sur une machine fixe. Sur un Mac mini utilisé comme media-center par exemple, le capteur infrarouge est souvent offusqué, et on peut parfaitement utiliser un iPhone ou un iPad comme télécommande Wi-Fi. Comme avec le MacBook Air, on peut néanmoins être amené à utiliser le MacBook Pro Retina comme machine de présentation, dans des contextes où l'on ne peut pas forcément se connecter à un réseau, et ou une liaison directe avec la machine est donc nécessaire. Il faudra désormais penser à emporter une télécommande Bluetooth avec soi.
Enfin, on avait déjà abordé le cas de la nouvelle prise d'alimentation MagSafe 2 dont le dessin s'est effilé, rendant la prise incompatible avec les chargeurs que vous pourriez déjà avoir en votre possession (lire : Aperçu du MagSafe 2 et de l'adaptateur MagSafe vers MagSafe 2).
MacBook Pro Retina : la fiche technique d'un 17" dans le corps d'un 15"
Puisque l'on parle des évolutions internes, il est temps de mentionner les composants de ce MacBook Pro Retina. Le modèle que nous avons testé est celui d'entrée de gamme, construit autour d'une puce Intel Core i7-3615QM qui regroupe processeur, puce graphique, et contrôleur mémoire.
Ce système-sur-puce fait partie de la famille des Core iX de troisième génération, aussi connue sous le nom d'« Ivy Bridge » ; gravé en 22 nm, il est relativement économe avec un TDP de seulement 45 W. On le retrouve dans le MacBook Pro 15" d'entrée de gamme : vous pouvez donc, pour encore quelques mois, faire le choix entre les deux modèles à dotation équivalente. Notez cependant qu'à configuration équivalente (8 Go de RAM, 256 Go de SSD), le MacBook Pro 15" classique coûtera 200 € de plus que le MacBook Pro Retina, et disposera de deux fois moins de mémoire vidéo — on voit dans quel sens Apple compte pousser les clients…
La puce Core i7-3615QM est dotée d'un processeur quadricœur accompagné de 6 Mo de cache de troisième niveau. L'HyperThreading fait apparaître ces quatre cœurs physiques comme huit cœurs logiques. Le Turbo Boost, quant à lui, augmente la cadence des cœurs en cas de besoins : si une application utilise quatre cœurs physiques, ceux-ci sont utilisés à leur cadence de base, 2,3 GHz ; si trois cœurs sont utilisés, ceux-ci tournent à 3,1 GHz ; sur deux cœurs, la machine passera à 3,2 GHz ; enfin sur un seul cœur, c'est la fréquence maximale de 3,3 GHz qui sera utilisée. L'idée est qu'en toutes circonstances, le processeur puisse délivrer un maximum de puissance : beaucoup de cœurs à leur cadence nominale avec les applications multi-threadées, un seul cœur poussé dans ses derniers retranchements pour les applications qui n'ont pas été adaptées.
La face pile de la carte-mère du MacBook Pro Retina. En orange, l'Intel Core i7-3715QM intégrant le processeur et la puce graphique Intel Graphics HD 4000. En rouge, la puce Nvidia Geforce GT 650M. En jaune, le PCH et en bleu, le contrôleur Thunderbolt. Enfin en vert, la RAM soudée.
Les plateformes Core iX embarquent, c'est une habitude, une puce graphique, ici l'Intel Graphics HD 4000. Disposant d'une cadence de base de 650 MHz, elle peut atteindre 1,2 GHz en charge : elle est censée être utilisée pour la plupart des tâches de base, où elle est relativement économe, mais nous avons remarqué que c'était souvent l'autre carte graphique du MacBook Pro Retina qui était à l'œuvre.
Cette autre carte, c'est une Nvidia Geforce GT 650M avec 1 Go de VRAM, une puce récente située dans le haut du panier du segment milieu de gamme. Pour une fois, Apple s'en est tenue à l'implémentation de base et n'a pas castré la carte pour en diminuer la consommation : on retrouve les 384 cœurs du core GK107, l'horloge processeur à 900 MHz, et l'horloge mémoire à 1 254 MHz. Soit les spécifications « de base » de la GT 650M, telles que Nvidia les a conçues — on aura l'occasion de revenir sur ce point.
Enfin, la plateforme Ivy Bridge intègre un nouveau contrôleur Thunderbolt, nommé Cactus Ridge. Alors que la plupart des fabricants de PCs se sont rabattus sur la version d'entrée de gamme, Apple a choisi le modèle haut de gamme, le DSL3510 4C, qui prend en charge quatre canaux Thunderbolt, deux canaux et une entrée DisplayPort et quatre canaux PCI Express pour une consommation de 2,8 W. Ce sont les cartes graphiques qui limitent le nombre d'écrans externes que l'on peut relier au MacBook Pro Retina : quatre si l'on désactive l'écran interne, trois sinon. Dans tous les cas, c'est bien la présence de deux ports Thunderbolt et d'un port HDMI qui permet de placer le MacBook Pro Retina au centre d'une véritable station de travail polyvalente.
Ainsi, nous avons sans problème relié cette machine à un écran Thunderbolt 27", un iMac 27" en mode cible écran, et un téléviseur en HDMI, avec l'écran interne réglé en 1920x1080 : l'affichage de 11,5 millions de pixels n'a pas posé de grands problèmes à la carte Nvidia, tant que l'on s'en tenait à des choses simples comme la lecture de vidéos HD.
Sur cette vidéo, nous avons relié un MacBook Pro Retina à trois écrans externes, et joué quatre vidéos HD 720p. On peut brancher un quatrième écran externe en mettant un écran en bout de chaîne Thunderbolt, mais l'écran interne s'éteint alors.
Au final, la configuration du MacBook Pro Retina est en tous points comparable à celle des autres modèles 15", et même à celles des iMac : placer tous ces composants dans une machine si fine est une petite prouesse d'ingénierie.
On a déjà évoqué l'impossibilité de la réaliser sans un grand degré d'intégration, ce qu'un coup d'œil sous le capot confirme : tous les éléments sont assemblés au dixième de millimètre près. La principale nouveauté est sans doute le système de ventilation, passablement renforcé : les puces Ivy Bridge ont un TDP bas, mais elles dégagent quand même. Traditionnellement, l'air nécessaire à la ventilation des Mac était aspiré au travers du clavier, puis rejeté sous la charnière. Le MacBook Pro Retina est le premier Mac portable à processeur Intel doté d'évents d'aération clairement visibles, ici sur le côté de la machine.
Ces évents, ainsi que la partie centrale sous la charnière, sont chargés d'alimenter la machine en air frais, mais jouent aussi le rôle d'éléments rigidificateurs grâce à de petites poutrelles. L'air, une fois aspiré, est conduit par le biais de deux rigoles vers les ventilateurs, la barrette de SSD étant d'ailleurs située sur le passage du côté droit du MacBook Pro Retina.
Les ventilateurs utilisent une nouvelle construction et sont dotés de pales asymétriques, espacées irrégulièrement d'environ 2,8 à 3,6 mm : lorsqu'ils tournent à fond, le volume n'est pas inférieur à celui des ventilateurs d'un MacBook Pro 15" classique, mais le son est différent. Plus sourd, plus diffus, il est incontestablement moins désagréable et moins dérangeant. Mais si l'on entend moins les ventilateurs, c'est d'abord et surtout parce qu'ils tournent moins souvent à fond : ils accélèrent beaucoup plus tard qu'avant, montent plus lentement en régime, et redescendent très rapidement à leur niveau normal une fois la charge terminée.
Ainsi, il faut que le processeur passe les 75° pour que les ventilateurs daignent dépasser leur vitesse normale de 2000 TPM : après 45 minutes de jeu avec les options graphiques maximales, ils tournent à 6000 TPM pour maintenir le processeur et la carte graphique à environ 70°. À la fin de la partie, ils repassent très rapidement à 2000 TPM (lire : Le MacBook Pro Retina n'est pas une poêle à frire).
Après 45 minutes de Starcraft II.
En utilisation normale, la coque du MacBook Pro Retina ne dépasse pas les 30° : c'est froid, et les ventilateurs sont inaudibles. La lecture d'un film HD 1080p fait à peine broncher les composants : la coque peut atteindre les 40° et les ventilateurs sont toujours aussi silencieux — on commence néanmoins à remarquer que la chaleur est localisée près de la charnière, qui offre désormais un plus grand dégagement et contient les grilles d'aération. Jouer pendant quelques minutes ou exporter une vidéo pendant 15 minutes ne suffisent pas à pousser l'ordinateur dans ses retranchements : il faut jouer à des jeux exigeants ou exporter des vidéos lourdes pendant au moins une demi-heure pour commencer à le faire chauffer.
Cette fois, la coque peut atteindre 50 à 55° : la zone au-dessus du clavier devient si chaude qu'il est gênant d'y poser les doigts, et on localise parfaitement un point de chaleur sous les touches 7 et 8, à l'emplacement du processeur. On peut bien sûr avoir le portable sur les genoux à ce moment-là, mais on le déconseillera vu la chaleur de l'air expulsé. Au final donc, et malgré sa finesse, le MacBook Pro Retina maîtrise très bien ses éléments — inaudible et froid dans les opérations quotidiennes comme dans certaines tâches un peu plus lourdes, il ne prend un coup de chaud que dans les tâches les plus exigeantes. Les souvenirs des premiers MacBook Pro Intel Core Duo sont bien loin…
Écran Retina : 2880 x 1800 pixels… en théorie
Mais bien sûr, la star de ce MacBook Pro Retina, c'est précisément l'écran Retina. Pour bien comprendre comment il fonctionne, il faut remonter à 2005 et Mac OS X Tiger. À l'époque, les écrans n'ont quasiment pas évolué depuis vingt ans et toutes les applications sont adaptées à des écrans d'une résolution de 80 à 120 ppp. Mais alors que l'on commence à parler d'écrans de 200, voire 300 ppp, certains se posent des questions. En effet, à dimensions constantes, plus la résolution augmente, plus les pixels sont petits ; les interfaces étant le plus souvent construites de pixels, l'augmentation de la résolution signifie une réduction de leur taille, jusqu'à les rendre difficilement lisibles et manipulables. Il faut donc trouver un moyen de bénéficier des avantages de la montée en résolution (disparition progressive du crénelage à mesure que les pixels rapetissent) tout en évitant les inconvénients (diminution de la taille des éléments d'interface).
Comme d'autres, Apple imagine un système permettant aux applications d'adapter la taille de leurs ressources selon la taille de l'écran : c'est le principe de l'indépendance de résolution, qui utilise non des pixels pour les coordonnées de l'écran, mais des points, avec un ratio entre les pixels et les points.
Un élément de 10x10 pixels sur un écran de 100 ppp (ratio 1:1) doit être tracé en 15x15 pixels sur un écran de 150 ppp (ratio 1.5:1), et en 20x20 pixels sur un écran de 200 ppp (ratio 2:1) pour conserver la même taille : non seulement sa lisibilité ne sera pas réduite, mais elle augmentera même puisqu'une même surface en points sera tracée avec plus de pixels, diminuant ainsi le crénelage et augmentant la clarté. Mac OS X 10.4 Tiger inclut ainsi un nouveau débogueur Quartz qui facilite la tâche aux développeurs : ceux-ci peuvent simuler diverses résolutions d'écran et ainsi vérifier le comportement de leurs applications. La plupart des API système, notamment celle traçant le texte, s'adaptent automatiquement, seules les ressources bitmap posant problème.
En 2007, Coda gagne un Apple Design Award en partie parce qu'elle prend parfaitement en charge la mise à l'échelle et est donc indépendante de la résolution de l'écran — Mac OS X 10.5 Leopard intègre d'ailleurs un mode HiDPI. Deux ans plus tard, Mac OS X 10.6 Snow Leopard fait pourtant un pas en arrière : les coefficients libres de mise à l'échelle disparaissent — OS X Lion ne prend d'ailleurs en charge qu'un seul coefficient, le doublement dans chaque dimension.
Entretemps, iOS est passé par là. L'iPhone 4 a conservé la même taille d'écran que l'iPhone 3GS, mais sa résolution a doublé, passant de 163 ppp à 326 ppp. Cela signifie qu'il possède quatre fois plus de pixels : en théorie donc, il aurait pu afficher quatre fois plus d'éléments à l'écran, mais des éléments beaucoup plus petits. En pratique pourtant, les éléments des applications prennent exactement la même place sur l'écran : au lieu qu'un point soit constitué d'un pixel (1:1), il est constitué de deux pixels horizontaux et deux pixels verticaux (2:1 ou mode @2x). Les éléments semblent ainsi quatre fois plus définis.
Avec le Retina (à droite), les éléments sont tracés avec quatre fois plus de pixels en mode @2x. Dans notre exemple, les coins arrondis sont ainsi moins crénelés.
Avec cette approche, Apple a privilégié la lisibilité au détriment de la « surface » utilisable. Elle facilite aussi le travail des développeurs : au lieu de leur demander de travailler à des interfaces vraiment indépendantes de la résolution via des éléments vectoriels et une mise à l'échelle avec des coefficients qui ne sont pas toujours entiers, elle leur a simplement demandé de doubler les dimensions de leurs ressources bitmap, le système prenant la charge du reste.
Apple a procédé de même avec le MacBook Pro Retina : en théorie, un écran 15" de 1920 x 1080 pixels aurait suffit pour répondre à la définition d'un écran Retina — mais le coefficient de mise à l'échelle aurait alors été de 4/3, qui n'est pas un nombre entier, mais un nombre rationnel, et aurait donc requis un travail complexe de mise à l'échelle. Le plus simple était donc de doubler la résolution, comme avec l'iPhone ou l'iPad, et d'utiliser les pixels supplémentaires pour tracer les éléments de manière plus fine.
Ainsi, l'écran du MacBook Pro Retina compte bien 5,2 millions de pixels avec une définition horizontale de 2880 pixels et une définition verticale de 1800 pixels. Mais vous aurez compris que sa définition utile n'est pas de 2880x1800 pixels, car tous les éléments auraient alors été bien trop petits — d'ailleurs, si cette option est activable, elle n'est pas accessible en interface graphique.
Non, sa définition utile et nominale est toujours de 1400x900, mais il s'agit ici en fait de points composés de quatre pixels. Tous les éléments sont désormais tracés avec quatre fois plus de pixels, comme sur iOS, et apparaissent donc beaucoup plus fins. Vous trouvez que cela est compliqué ? Ce n'est pas que la partie immergée de l'iceberg, et le fonctionnement de l'écran Retina est en fait encore plus subtil.
Si vous ouvrez les préférences Moniteur du MacBook Pro Retina, vous constatez que par défaut, le mode Retina est activé : c'est le mode @2x ou ratio 2:1, ou échelle 2.0, selon le vocable employé. Dans ce mode, l'affichage est généré à une définition de 2880x1800 pixels, puis mis à l'échelle pour s'afficher sur l'écran à 1440x900 : le coefficient de mise à l'échelle et correspondance entre points et pixels étant un entier, le rendu est assez léger et permet cette grande finesse dans l'affichage.
Cette approche a des avantages : tous les éléments d'interface standards, les éléments vectoriels et les rendus graphiques et textuels utilisant les API d'OS X apparaissent ainsi à la « résolution Retina » et sont parfaitement nets. Elle a aussi des inconvénients : tous les éléments non-standard utilisant leur propre moteur de rendu doivent être adaptés, et apparaissent pour le moment sérieusement flous. Les ressources bitmap trop petites sont aussi upscalées avec une interpolation linéaire.
À l'avant-plan, Safari, qui rend le texte en mode Retina. À l'arrière-plan, Chrome, qui n'est pas encore adapté. La comparaison est cruelle.
Les choses deviennent amusantes lorsqu'on se rend compte que la mise à l'échelle ne se fait pas au niveau de l'écran, mais élément par élément. Ainsi dans Aperture ou Final Cut Pro X, deux applications compatibles avec le mode Retina, l'interface est mise à l'échelle avec le coefficient 2:1, et apparaît parfaitement détaillée en 1440x900. Mais l'image et les vidéos, elles, ne sont pas mises à l'échelle et sont rendues avec un coefficient 1:1 : il n'y a donc pas d'interpolation, et vous affichez une vidéo en HD 1080p pixel par pixel en mode Retina, ou pouvez voir 3 ou 4 millions de pixels d'une image.
Dès lors, si vous passez Aperture en plein écran, vous ne voyez pas une zone de 1400x900 d'une image dont les pixels auraient été interpolés, mais bien 2880x1800 d'une image au pixel près. On obtient ainsi le meilleur des deux mondes : OS X utilise quatre pixels pour tracer un point d'interface afin qu'il soit le plus défini possible, mais un pixel extrêmement fin pour tracer un pixel d'image ou de vidéo afin qu'elles soient les plus définies possibles. De ce point de vue, la gestion logicielle de l'écran Retina est une réussite incontestable.
L'interface d'Aperture est rendue en 2:1 (quatre pixels pour tracer un point), l'image est rendue en 1:1 (un pixel pour tracer un pixel). Les pixels de l'écran Retina étant très fins, le rendu de l'image est superbe.
Si vous arrivez toujours à suivre à ce degré de subtilité, vous vous demanderez sans doute comment sont générées les autres définitions accessibles dans les Préférences système. Les définitions supérieures équivalent à des définitions de 1680x1050 (celle du MacBook Pro 15" avec option HD) et 1920x1200 (la définition horizontale du MacBook Pro 17" avec option HD). Elles sont en fait d'abord rendues à respectivement 3360x2100 et 3840x2400, mises à l'échelle avec un coefficient de 2:1, puis conformées à l'écran 2880x1800.
On obtient donc une définition utile de 1680x1050 ou 1920x1200, avec l'apparence d'un système à 1680x1050 ou 1920x1200, tout en gardant une grande définition des éléments d'interface puisque la mise à l'échelle reste limitée. Ces définitions sont un peu moins fines que le mode Retina natif, mais incomparablement plus fines que les définitions équivalentes sur un MacBook Pro 15" ou 17" avec l'option HD, les pixels de l'écran Retina étant bien plus petits.
Le bureau en 1440 (cliquez pour agrandir).
Le même en 1680 (cliquez pour agrandir). C'est le mode dans lequel nous avons passé le plus de temps : il est extrêmement clair, mais offre un peu plus d'espace que le mode natif. Il correspond à la définition d'un MacBook Pro 15" HD, avec l'avantage de la résolution en plus.
Puis en 1920 (cliquez pour agrandir).
Enfin en 2880. Ce mode ne peut pas être activé avec l'interface graphique, mais peut l'être avec la ligne de commande. Une manière simple de le faire est d'utiliser l'utilitaire SetRes.
Cerise sur le gâteau : dans ces modes, OS X sait toujours mettre à différentes échelles différents contenus. Ainsi, en 1920x1200, Aperture est tracé en 3360x2100 avec des éléments mis à l'échelle pour qu'ils ne soient pas miniatures. Mais l'image, elle, n'est pas mise à l'échelle : si vous passez en plein écran, vous pourrez utiliser les 5,1 millions de pixels de l'écran Retina, et si votre image est plus petite, elle devra être interpolée.
Dans Final Cut Pro X, vous mettrez ainsi à l'écran plusieurs vidéos en HD 1080p côte à côte, sans interpolation, avec un rendu au pixel. Là encore, le fonctionnement de l'écran Retina est tout simplement redoutable : le casse-tête de l'indépendance de résolution est aujourd'hui résolu, et d'une manière d'ailleurs plus complète et complexe que sur iOS — bref, d'une manière adaptée aux besoins d'OS X.
Écran Retina : le meilleur comme le pire
Ce fonctionnement assez particulier de l'écran Retina, on l'a dit, présente quelques inconvénients — mais les avantages sont francs. Ainsi, la plupart des jeux « voient » les définitions utiles et les définitions « Retina ». Starcraft II, pour n'en citer qu'un, liste ainsi toutes les définitions standards (1024x768, 1280x800, 1440x900, 1680x1050 et 1920x1200), mais si vous les choisissez, le jeu apparaîtra alors flou. Mais il liste aussi les cibles offscreen d'OS X, ces « écrans virtuels » utilisés pour le calcul avant mise à l'échelle : 2048x1280, 2560x1600 et 2880x1800.
En choisissant ces définitions, vous utiliserez en fait le mode Retina avec un jeu en 1024x640, 1280x800, et 1440x900. À part quelques éléments comme la console qui apparaitront miniatures, car ils ne sont pas mis à l'échelle, tous les autres seront bien plus définis, un régal lorsque l'on pousse un peu les graphismes, ce que permet la carte Nvidia Geforce GT 650M. Sans le moindre patch donc, la plupart des jeux bénéficient déjà des avantages du Retina ; une petite mise à jour permettra de mettre à l'échelle les quelques éléments qui échappent encore aux mécanismes d'OS X.
Starcraft II en 2560x1600.
Les applications parfaitement compatibles avec le MacBook Pro Retina sont encore rares : il s'agit des applications fournies avec OS X, ainsi que de quelques logiciels n'utilisant que des éléments d'interface parfaitement standard. Safari est sans doute le meilleur exemple de l'impact du Retina.
À gauche en Retina, à droite sans. Cliquez pour agrandir.
Ces captures ont été réalisées avec une nouvelle option permettant de lancer les applications en basse résolution (Cmd + I sur l'icône de l'application). Cette option est cochée par défaut sur la plupart des applications qui ne sont pas adaptées, mais sur les applications de la suite iWork par exemple, la décocher permet d'obtenir un texte un peu moins flou, même s'il reste peu défini.
Le plus gros problème vient des applications utilisant assez peu voire pas du tout les API standard d'OS X. Ainsi, Google Chrome utilise le rendu textuel d'OS X, mais passe par un tampon externe : le texte des pages web est flou, alors qu'il est net sur Safari. Une version bêta prend néanmoins en charge les écrans Retina. Photoshop souffre du même problème : bien que beaucoup d'éléments d'interface soient vectoriels, il faudra attendre une mise à jour pour que le mode Retina soit parfaitement pris en compte.
Le plus gros problème viendra néanmoins du web : certes, le texte est rendu par le système et est donc toujours net, mais la plupart des images ne supportent pas l'interpolation et apparaissent particulièrement peu définies. On connaît ce problème avec l'iPad et dans une moindre mesure l'iPhone, mais l'écran bien plus grand du MacBook Pro Retina ne fait que l'accentuer.
Si l'on peut espérer que la plupart des applications seront bientôt adaptées, c'est peine perdue que d'attendre que le web se conforme aux écrans d'Apple. Ce sera sans doute le cas des logos, de quelques éléments des chartes graphiques (les sites dont le thème est du pur CSS étant déjà parfaitement rendus), mais ce ne sera sans doute pas le cas du reste des images avant de longues années, le temps que les écrans de plus de 200 ppp deviennent la norme. Le Retina Display est donc une éclatante réussite technique et logicielle, mais il va falloir encore un peu de temps pour l'exploiter à son plein potentiel.
Écran Retina : quelques chiffres pour conclure
Pour être parfaitement complet sur l'écran Retina, parce qu'il est nouveau, il reste encore à mentionner quelques détails qui ont leur importance. Nous avons mesuré sur banc son contraste à 800:1, un taux élevé dû à la profondeur de ses noirs (0,4 cd/m2) — le rendu est infiniment plus flatteur que ses prédécesseurs, ce qui participe à l'impression de grande finesse de l'écran. La luminosité a été mesurée à 300 cd/m2, et on doit concéder qu'à son maximum, elle est un peu trop forte (nous avons constamment travaillé à moins de la moitié de la luminosité).
Au-delà du nombre de pixels de cette dalle, il faut noter sa construction d'un genre nouveau pour Apple : la dalle de verre qui surmontait tous les écrans des MacBook Pro monocorps a disparu, et c'est désormais la couche supérieure de l'écran qui fait office de cadre. Ce changement est moins anodin qu'il n'y paraît : il nécessite de couper la dernière couche à une dimension différente des autres, afin qu'elle recouvre l'électronique embarquée. De plus, le capot de l'ordinateur est désormais une partie intégrante du châssis de l'écran : c'est la condition sine qua non pour que l'ensemble soit à la fois fin (3 mm) et résistant.
Conséquence bienheureuse de la suppression de la glace, l'écran est bien moins brillant — Apple annonce une réduction de 75 % des reflets. Les reflets sont toujours présents, et cet écran est loin d'être mat. Lorsqu'on est en face de l'écran néanmoins, les sources lumineuses doivent avoir un angle d'incidence élevé et une grande puissance pour générer des reflets : Apple a semble-t-il particulièrement travaillé sur les filtres polarisants. Dès que l'on passe sur les côtés, les reflets sont plus présents : l'écran du MacBook Pro Retina rappelle alors celui des MacBook Air, qui brille un peu, mais beaucoup moins que ceux recouverts d'une couche de verre.
Sur les côtés, d'ailleurs, les couleurs ne virent plus : le MacBook Pro Retina est le premier Mac portable à disposer d'un écran IPS. Les angles de vision atteignent désormais 178°, ce qui est particulièrement pratique lorsque l'on veut regarder un film ou lorsque l'on travaille dans des conditions peu idéales (dans le train par exemple, où l'on surplombe l'écran). L'arrivée de l'IPS est une excellente nouvelle, et elle explique en grande partie l'augmentation drastique de la qualité de cette dalle. Apple a fait un véritable effort de ce côté, et le MacBook Pro Retina est sans doute le premier Mac portable depuis les premiers PowerBook à disposer d'une dalle réellement à la hauteur des prétentions de la firme de Cupertino.
Ce déluge de compliments doit néanmoins être tempéré : oui, l'écran Retina est un écran de qualité, oui, sa gestion par OS X est particulièrement subtile et intelligente, mais au-delà des problèmes de contenus non adaptés, on remarque aussi, parfois, des problèmes de performance. Dans sa plus haute définition, le MacBook Pro Retina calcule un affichage de 3360x2100 — c'est la limite de ce que prend en charge la carte Nvidia Geforce GT 650M. Apple n'a pas modifié cette carte pour une bonne raison : elle a besoin de toute sa puissance pour gérer le Retina Display, et parfois ce n'est tout simplement pas suffisant. Même en 1440x900 Retina, le défilement dans Safari ou dans le Finder semble parfois manquer de fluidité : lorsque Craig Federighi expliquait que Safari 6 dans Mountain Lion utiliserait Core Animation, il expliquait en fait qu'avec Mountain Lion, le MacBook Pro Retina serait plus facile à gérer…
De ce point de vue, le MacBook Pro Retina semble être une machine légèrement en avance sur son temps, et Apple attend sans doute avec impatience la prochaine génération de processeurs Intel et de puces graphiques AMD ou Nvidia. Certes, le logiciel peut encore s'améliorer, et il le fera, mais le matériel est d'ores et déjà largement exploité. Le MacBook Pro Retina est une Rev. A solide, mais une Rev. A tout de même, un élément à garder à l'esprit lorsqu'il s'agira de l'acheter.
Performances : le MacBook Pro le plus puissant de l'histoire
Si néanmoins vous avez besoin d'une machine portable et puissante, vous n'hésiterez sans doute pas une seconde à acheter le MacBook Pro Retina : c'est un des portables parmi les plus puissants que nous ayons eu à tester. Geekbench est un test brut qui met à l'épreuve plusieurs cœurs de processeur et la mémoire. Sans surprise, le MacBook Pro Retina survole les débats, surclassant le MacBook Pro 17" qu'il remplace de facto et se permettant même d'enfoncer un iMac quadricœur de milieu de gamme.
Cinebench confirme que le MacBook Pro Retina n'a rien à envier dans le domaine de la puissance du processeur : il peut parvenir au niveau d'un iMac 27" haut de gamme gonflé. Les performances graphiques brutes offrent néanmoins une conclusion différente, et le MacBook Pro Retina peine à dépasser feu le MacBook Pro 17" et les iMac. On sent ici l'impact de l'écran Retina : la carte graphique Nvidia est puissante, mais le gain de puissance est absorbé par la définition quadruplée. Au moins ne recule-t-on pas.
Au delà de ces tests bruts, nous avons aussi mené notre batterie habituelle de tests d'applications : elle permet de mieux juger des performances réelles du MacBook Pro Retina dans des tâches quotidiennes. C'est la première fois qu'un MacBook Pro n'est pas battu à plate couture par un MacBook Air dans les tâches faisant appel au disque : le SSD fait son effet et permet à toutes les opérations d'être extrêmement fluides. Ajoutez-y une configuration moins étriquée, et vous obtenez d'excellents scores.
À propos du SSD, on rappellera qu'il est désormais relié en SATA III : il peut donc s'exprimer à son plein potentiel. Apple se fournit, pour le MacBook Air comme pour le MacBook Pro Retina, chez Samsung et chez Toshiba. Alors que notre MacBook Air était doté d'un SSD Toshiba, notre MacBook Pro Retina était équipé en Samsung. Peu importe, les résultats sont similaires : on dépasse allègrement les 350 MB/s. en lecture comme en écriture, et l'on peut atteindre les 400 MB/s.
Le MacBook Pro combine le double avantage du SSD et de la grosse configuration matérielle : il l'emporte donc dans tous les tests ou presque, et on aurait pu glisser un Mac Pro dans le lot, que cela n'aurait pas changé grand-chose. De manière générale, cette machine est à l'aise dans tous les domaines, sa puce quadricœur lui permettant d'affronter les exportations d'image, les compressions vidéo et les rendus 3D. Dans des applications 3D ou de calcul très optimisées, le Mac Pro restera évidemment un grand cran au-dessus grâce à son nombre de cœurs, et il s'agit d'une machine bien différente. Mais il n'y a plus aujourd'hui le fossé qu'il y avait entre les machines portables et les machines de bureau : on peut aujourd'hui dire sans hésiter et sans travestir la réalité que le MacBook Pro est un iMac à emporter.
Huit cœurs saturés après 30 minutes de rendu vidéo, et la température du processeur reste sous les 60°. Les ventilateurs tournent alors à 4000 TPM et sont audibles certes, mais plutôt discrets.
Le test de Starcraft II a été mené avec des définitions Retina : on remarquera donc la belle performance de la Nvidia GT 650M en 2880x1800, où elle affiche 10 à 20 FPS de plus que l'AMD Radeon HD 6750M du MacBook Pro 17" ou de l'iMac à des définitions inférieures. Ce qui semble être une contre-performance en 1280 est en fait un nouvel exemple de l'exigence du fonctionnement de l'écran Retina : au lieu de 1280x800, c'est en fait en 2560x1600 que l'on joue, toujours avec des réglages plutôt poussées. Cette contre-performance est en fait une preuve de la puissance de la puce Nvidia choisie par Apple, mais aussi de sa nécessité dans le MacBook Pro Retina.
Autonomie : l'excellente surprise
Après ce déluge de performances et de pixels, on peut évidemment se demander si le MacBook Pro Retina a conservé l'autonomie remarquable de ses prédécesseurs. La réponse est globalement positive : le MacBook Pro Retina est un peu moins indépendant du secteur que le MacBook Pro 17", la faute à une batterie plus petite et de moindre capacité ; malgré son écran et son surplus de puissance, il possède néanmoins une meilleure autonomie que les MacBook Pro 15" de précédente génération, sans doute grâce à Ivy Bridge.
Dans notre traditionnel test de lecture de film HD (HD 1080p H.264 MKV avec VLC, luminosité à 80 % et son à 50 %) avec Mail ouvert et réglé pour des relèves toutes les minutes, le MacBook Pro Retina a rendu l'âme après 4h44. Ce n'est pas le record absolu, mais pas loin, et c'est en tout cas un excellent score — surtout si l'on considère que ce test aurait en théorie dû montrer la consommation de l'écran dense et lumineux du MacBook Pro Retina.
Dans le test « web en musique », où le film est remplacé par iTunes jouant de la musique en boucle et Safari rafraîchissant notre page d'accueil toutes les 30 secondes avec Flash installé, on atteint 6h40. Ce test est assez comparable à celui d'Apple, qui annonce 7h d'autonomie : on est un peu en dessous, pour un score qui n'est pas particulièrement éblouissant, mais n'est pas mauvais non plus, et est en tout cas à la hauteur du MacBook Pro 17".
Notre test plus empirique a quant à lui été une véritable surprise. Il consiste à utiliser la machine comme on l'utiliserait pendant une journée normale chez MacG, ici avec iA Writer, Numbers, iCal, Mail, le client Twitter Osfoora, Safari, et Dropbox, l'écran à 80 % et le son à 50 %. Et lorsqu'on dit journée, on ne ment pas : le MacBook Pro Retina a tenu 8h 45. Un deuxième test un peu plus exigeant, avec une partie de 35 minutes de Starcraft II et pas mal de lecture vidéo, notamment en Flash, a donné tout juste 6h d'autonomie. Bref, on pourra sans peine oublier le chargeur MagSafe à la maison et travailler avec le MacBook Pro Retina toute la journée.
Pour conclure
Le MacBook Pro Retina est sans conteste une franche réussite : il est fin, mais puissant, avec un écran de qualité, mais une excellente autonomie.
Cela ne veut pas dire qu'il est sans défauts. Il signe la fin programmée de l'intervention de l'utilisateur dans les entrailles de sa machine, alors que les portables d'Apple étaient déjà parmi les moins évolutifs du marché. Difficile néanmoins de prendre en compte ce point, qui tient plus de la réflexion au long cours sur l'évolution de la société et de l'informatique qu'autre chose. S'il fallait au contraire le prendre en compte du point de vue de l'utilisateur moyen, qui ne mettait de toute manière que très exceptionnellement les mains dans sa machine, on dirait que c'est une bonne chose : le plus grand degré d'intégration permet l'existence même de cette machine, et la disparition des pièces mobiles minimise le risque de pannes. Apple fait d'ailleurs tout ce qu'elle peut, du remplacement de la batterie aux adaptateurs, pour répondre préventivement aux critiques. On ne peut au final regretter que la disparition de quelques témoins qui étaient fort utiles.
L'écran Retina est un accomplissement à la fois matériel et logiciel. Pour la première fois, un MacBook Pro dispose non seulement d'un écran à la hauteur de la facture, mais même d'un écran bien meilleur que ce que propose la concurrence au même prix. Cette dalle IPS disposant d'un excellent contraste et de beaux noirs est d'une finesse remarquable, et le traitement logiciel est d'une subtilité qui ne peut que faire sourire d'admiration. En mode Retina comme en mode à l'échelle, Apple a fait en sorte de faire disparaître tous les inconvénients de la montée en résolution, et de magnifier les avantages avec son mécanisme ingénieux de mise à l'échelle selon le contenu. Néanmoins, cet écran est exigeant, et il ne laisse passer aucun défaut des dits contenus — et ils sont pour le moment nombreux — et ne ménage pas le processeur et la carte graphique.
Pour une première génération d'une toute nouvelle gamme chez Apple et d'un tout nouveau segment dans l'informatique générale, ce MacBook Pro Retina est sans conteste une excellente machine à laquelle on peut reprocher bien peu. Si vous n'en avez néanmoins pas absolument besoin, on ne saurait trop vous conseiller… que d'attendre la prochaine génération.