Dès son annonce lors de la Photokina 2010, le Fujfilm X100 s'est fait remarquer. La marque n'a jamais particulièrement impressionné dans le monde du numérique : cette annonce surfant à la fois sur la vague rétro et sur la vague des appareils sans miroir était donc attendue au tournant.
Sur le papier, cet appareil au look rappelant les meilleurs télémétriques argentiques mais à la fiche technique plus que moderne peut rendre jaloux plus d'un fabricant. Qu'en est-il en réalité ? La réponse dans notre aperçu !
NB : cet article est un aperçu du X100 axé sur l'utilisation. Pour un test technique détaillé, DPReview reste la référence.
Un look, une ergonomie
L'alliance du métal et du (faux) cuir n'est pas sans rappeler les appareils que vous pouvez trouver dans le grenier de vos grands-parents — on adore ou on déteste. Le poids du X100 est bien réparti ce qui rend agréable sa prise en mains : il s'affranchit de la lourdeur des systèmes optiques d'un reflex, tout en en gardant le grand capteur, à la manière d'un Sony NEX-5 (lire : Test du Sony NEX-5).
Dans la continuité de l'esprit des argentiques traditionnels, chaque molette, bague ou bouton est dédié à une et une seule tâche, démultipliant ainsi les contrôles manuels. Une molette vitesse, une bague pour l'ouverture, un bouton pour le réglage de la sensibilité… Une fois pris en mains il est assez surprenant de voir tous les boutons apparaître sous vos doigts. Le bouton de changement de mise au point qui vient se placer sous le pouce gauche permet un basculement très rapide pour pallier un éventuel problème de focus.
De par son apparence qui pourrait le faire passer pour une antiquité inoffensive et par son grand silence (une fois les — trop — nombreux bips électroniques désactivés), on retrouve vraiment le plaisir de pouvoir photographier dans la rue presque incognito. Les passants font bien moins attention à un petit appareil silencieux qui disparaît presque dans les mains qu'à un gros reflex mitraillant à 15 images par seconde.
Un viseur hybride
Cette apparence rétro est en grande partie la conséquence de l'utilisation d'un viseur, une espèce que l'on croyait disparu dans les compacts, même experts. Fujifilm assure avoir créé un viseur du XXIe siècle : c'est un viseur hybride, optique et numérique.
Ce viseur contient en effet un système « classique » de visée optique (qui n'est techniquement pas un viseur télémétrique) et un système de visée numérique : on peut passer de l'un à l'autre par un petit loquet situé sous le majeur droit, sur la face avant.
En mode optique, on dispose d'un viseur standard avec une couche numérique, à la manière d'un viseur de reflex. L'ensemble affiche toutes les informations utiles à la prise de vue : exposition, valeur des réglages, horizon numérique… Toutefois, le cadrage peut parfois s'avérer assez technique : le viseur couvre un champ plus large que l'image et décalé par rapport au capteur, ce qui nécessite un temps d'adaptation. Le cadre « guide » ne se déplace pas en visée manuelle : il faut faire confiance à son œil et son expérience.
En mode numérique, on dispose d'un viseur entièrement numérique, à la manière de certains compacts et des bridges. La combinaison des deux systèmes, optique et numérique, est une belle prouesse technique, mais à l'intérêt limité : la visée numérique est peu pratique à l'utilisation, lente et assez peu fidèle. Le mode optique rapproche par contre le X100 d'un télémétrique : parce que le viseur couvre un champ plus large que l'image, on a le temps de voir entrer les éléments dans le cadre avant de déclencher, parfait pour la photo de rue.
Prise de vue et développement
Le Fujifilm X100 est un appareil atypique : unique en son genre, il comporte des spécificités qui ne conviendront pas à tout le monde. Il n'est donc pas forcément à même de remplacer votre reflex comme appareil principal — en tout cas pas chez tout le monde. Sa conception même génère des limites, comme la vitesse limitée selon l'ouverture ou le fonctionnement particulier du viseur.
L'autofocus se révèle particulièrement performant dans toutes les situations. L'objectif taillé sur mesure pour le X100 sait limiter les déformations optiques, même si un test poussé avec une mire permettra de détecter un léger effet de « moustache » typique des objectifs grand-angle. Le piqué est au rendez-vous quelle que soit l'ouverture, mais il faut passer f/4 pour qu'il soit excellent dans les coins (et au passage éliminer tout vignettage).
Le X100 est surprenant sur le terrain de la colorimétrie : la balance des blancs est performante, même en mode automatique. Le capteur ajoute à la fidélité du rendu des couleurs. Adapté aux besoins de Fujifilm, ce capteur offre un grand niveau de détails et gère parfaitement bien le bruit même dans les plus hautes valeurs — au point de tenir la comparaison avec certains reflexs de dernière génération comme le D7000. Les fichiers RAW (format .RAF gérés par Aperture et Lightroom) générés par le X100 sont donc tout à fait satisfaisants et permettent d'assez larges ajustements en cas de défaut à la prise de vue ou pour des besoins créatifs.
Le mode vidéo du X100 montre quant à lui beaucoup de lacunes. La mise au point fait apparaître un fort effet de pompe peu esthétique, et le phénomène de rolling shutter est très prononcé dans les déplacements latéraux. On peut certes filmer en HD 720p à 24 images par seconde (H.264 MOV), mais il faut utiliser la visée numérique, avec peu de contrôles manuels (aucun changement possible pendant le tournage) et un autofocus qui n'en fait qu'à sa tête (point automatique « intelligent » et continu). Ce mode vidéo est donc à ranger au rang de gadget d'appoint, comme s'il avait été ajouté à la dernière minute.
Pour en revenir à la photo et pour continuer dans les points plus faibles, on peut remarquer que les choses se compliquent pour le X100 à la tombée du jour. La gestion du bruit, on l'a dit, est excellente, mais le système de visée n'est pas toujours adapté au manque de luminosité ambiant. L'autofocus se fait logiquement moins précis, et le système de visée optique n'aide pas beaucoup : il devient compliqué de faire la mise au point manuelle ou même de cadrer de manière satisfaisante dès qu'il reçoit moins de lumière.
Enfin, il faut noter la lenteur proverbiale de l'enregistrement des photos, même avec une carte rapide. Point néfaste, le X100 montre très rapidement ses limites sur ce plan là et n'est pas conçu pour la prise en rafale.
Pour conclure
Le X100 de Fujifilm est une superbe prouesse technique, mais ne conviendra pas à tous — un but qu'il ne cherche d'ailleurs pas à atteindre. Entre une prise en mains particulière et quelques limitations techniques, il apporte son lot de spécificités qui lui donnent un certain caractère — de quoi lui conférer un certain charme, voire le parfum d'un « classique instantané ».
Passé ces quelques petits défauts, on retrouve un véritable bijou de technologie certes, mais aussi et surtout un appareil simple et discret, conçu à l'ancienne, permettant de prendre à nouveau du plaisir à photographier. Avec un minimum de menus et sous-menus et juste ce qu'il faut de boutons là où il faut, c'est l'appareil parfait pour celui qui veut… prendre des photos.
Appareil d'amateur éclairé, il permet de « ramener » des images dignes d'un reflex dans l'encombrement d'un compact. Une réussite incontestable.
Sur le papier, cet appareil au look rappelant les meilleurs télémétriques argentiques mais à la fiche technique plus que moderne peut rendre jaloux plus d'un fabricant. Qu'en est-il en réalité ? La réponse dans notre aperçu !
NB : cet article est un aperçu du X100 axé sur l'utilisation. Pour un test technique détaillé, DPReview reste la référence.
Un look, une ergonomie
L'alliance du métal et du (faux) cuir n'est pas sans rappeler les appareils que vous pouvez trouver dans le grenier de vos grands-parents — on adore ou on déteste. Le poids du X100 est bien réparti ce qui rend agréable sa prise en mains : il s'affranchit de la lourdeur des systèmes optiques d'un reflex, tout en en gardant le grand capteur, à la manière d'un Sony NEX-5 (lire : Test du Sony NEX-5).
Dans la continuité de l'esprit des argentiques traditionnels, chaque molette, bague ou bouton est dédié à une et une seule tâche, démultipliant ainsi les contrôles manuels. Une molette vitesse, une bague pour l'ouverture, un bouton pour le réglage de la sensibilité… Une fois pris en mains il est assez surprenant de voir tous les boutons apparaître sous vos doigts. Le bouton de changement de mise au point qui vient se placer sous le pouce gauche permet un basculement très rapide pour pallier un éventuel problème de focus.
De par son apparence qui pourrait le faire passer pour une antiquité inoffensive et par son grand silence (une fois les — trop — nombreux bips électroniques désactivés), on retrouve vraiment le plaisir de pouvoir photographier dans la rue presque incognito. Les passants font bien moins attention à un petit appareil silencieux qui disparaît presque dans les mains qu'à un gros reflex mitraillant à 15 images par seconde.
Un viseur hybride
Cette apparence rétro est en grande partie la conséquence de l'utilisation d'un viseur, une espèce que l'on croyait disparu dans les compacts, même experts. Fujifilm assure avoir créé un viseur du XXIe siècle : c'est un viseur hybride, optique et numérique.
Le système hybride.
Ce viseur contient en effet un système « classique » de visée optique (qui n'est techniquement pas un viseur télémétrique) et un système de visée numérique : on peut passer de l'un à l'autre par un petit loquet situé sous le majeur droit, sur la face avant.
En mode optique, on dispose d'un viseur standard avec une couche numérique, à la manière d'un viseur de reflex. L'ensemble affiche toutes les informations utiles à la prise de vue : exposition, valeur des réglages, horizon numérique… Toutefois, le cadrage peut parfois s'avérer assez technique : le viseur couvre un champ plus large que l'image et décalé par rapport au capteur, ce qui nécessite un temps d'adaptation. Le cadre « guide » ne se déplace pas en visée manuelle : il faut faire confiance à son œil et son expérience.
Le viseur en mode optique : une grille d'informations s'affiche par-dessus. On remarque le champ couvert est plus large que l'image, ce qui permet de prévoir le cadrage… de voir le bout de l'objectif. (© DPR)
En mode numérique, on dispose d'un viseur entièrement numérique, à la manière de certains compacts et des bridges. La combinaison des deux systèmes, optique et numérique, est une belle prouesse technique, mais à l'intérêt limité : la visée numérique est peu pratique à l'utilisation, lente et assez peu fidèle. Le mode optique rapproche par contre le X100 d'un télémétrique : parce que le viseur couvre un champ plus large que l'image, on a le temps de voir entrer les éléments dans le cadre avant de déclencher, parfait pour la photo de rue.
Le même en mode numérique.
Prise de vue et développement
Le Fujifilm X100 est un appareil atypique : unique en son genre, il comporte des spécificités qui ne conviendront pas à tout le monde. Il n'est donc pas forcément à même de remplacer votre reflex comme appareil principal — en tout cas pas chez tout le monde. Sa conception même génère des limites, comme la vitesse limitée selon l'ouverture ou le fonctionnement particulier du viseur.
L'autofocus se révèle particulièrement performant dans toutes les situations. L'objectif taillé sur mesure pour le X100 sait limiter les déformations optiques, même si un test poussé avec une mire permettra de détecter un léger effet de « moustache » typique des objectifs grand-angle. Le piqué est au rendez-vous quelle que soit l'ouverture, mais il faut passer f/4 pour qu'il soit excellent dans les coins (et au passage éliminer tout vignettage).
Ça tord un peu, mais c'est piqué et fidèle.
Le X100 est surprenant sur le terrain de la colorimétrie : la balance des blancs est performante, même en mode automatique. Le capteur ajoute à la fidélité du rendu des couleurs. Adapté aux besoins de Fujifilm, ce capteur offre un grand niveau de détails et gère parfaitement bien le bruit même dans les plus hautes valeurs — au point de tenir la comparaison avec certains reflexs de dernière génération comme le D7000. Les fichiers RAW (format .RAF gérés par Aperture et Lightroom) générés par le X100 sont donc tout à fait satisfaisants et permettent d'assez larges ajustements en cas de défaut à la prise de vue ou pour des besoins créatifs.
Le mode vidéo du X100 montre quant à lui beaucoup de lacunes. La mise au point fait apparaître un fort effet de pompe peu esthétique, et le phénomène de rolling shutter est très prononcé dans les déplacements latéraux. On peut certes filmer en HD 720p à 24 images par seconde (H.264 MOV), mais il faut utiliser la visée numérique, avec peu de contrôles manuels (aucun changement possible pendant le tournage) et un autofocus qui n'en fait qu'à sa tête (point automatique « intelligent » et continu). Ce mode vidéo est donc à ranger au rang de gadget d'appoint, comme s'il avait été ajouté à la dernière minute.
Pour en revenir à la photo et pour continuer dans les points plus faibles, on peut remarquer que les choses se compliquent pour le X100 à la tombée du jour. La gestion du bruit, on l'a dit, est excellente, mais le système de visée n'est pas toujours adapté au manque de luminosité ambiant. L'autofocus se fait logiquement moins précis, et le système de visée optique n'aide pas beaucoup : il devient compliqué de faire la mise au point manuelle ou même de cadrer de manière satisfaisante dès qu'il reçoit moins de lumière.
Enfin, il faut noter la lenteur proverbiale de l'enregistrement des photos, même avec une carte rapide. Point néfaste, le X100 montre très rapidement ses limites sur ce plan là et n'est pas conçu pour la prise en rafale.
Pour conclure
Le X100 de Fujifilm est une superbe prouesse technique, mais ne conviendra pas à tous — un but qu'il ne cherche d'ailleurs pas à atteindre. Entre une prise en mains particulière et quelques limitations techniques, il apporte son lot de spécificités qui lui donnent un certain caractère — de quoi lui conférer un certain charme, voire le parfum d'un « classique instantané ».
Passé ces quelques petits défauts, on retrouve un véritable bijou de technologie certes, mais aussi et surtout un appareil simple et discret, conçu à l'ancienne, permettant de prendre à nouveau du plaisir à photographier. Avec un minimum de menus et sous-menus et juste ce qu'il faut de boutons là où il faut, c'est l'appareil parfait pour celui qui veut… prendre des photos.
Appareil d'amateur éclairé, il permet de « ramener » des images dignes d'un reflex dans l'encombrement d'un compact. Une réussite incontestable.